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CAN 2025 : Un sursis pour Aliou Cissé et Walid Regragui

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Les rideaux sont tombés sur la Coupe d’Afrique des Nations 2023. A l’issue d’une compétition palpitante, la Côte d’Ivoire a été sacrée championne du tournoi qu’elle a organisé. Durant la grande messe du football africain, certains favoris comme l’Algérie, le Sénégal ou encore le Maroc n’ont pas tenu leurs rangs. Ce qui a occasionné le limogeage ou la démission de plusieurs sélectionneurs.

On pourrait citer Djamel Belmadi, Rigobert Song, Jalel Kadri, mais la liste n’est pas exhaustive. A ce moment précis, seuls Aliou Cissé et Walid Regragui, parmi les entraîneurs les plus attendus, sont toujours maintenus à la tête de leurs sélections. Mais vraisemblablement, la CAN 2025 devrait être pour eux la dernière opportunité de se racheter.

11 sélectionneurs sur 24 ont quitté leurs postes depuis la CAN 2023

La phase de groupe de la CAN 2023 à peine terminée, que certains sélectionneurs ont dû quitter leurs postes. Tout a commencé par Jean-Louis Gasset, autrefois chargé de l’équipe nationale de Côte d’Ivoire. Le technicien français a rendu sa démission à l’issue de la déculottée (4-0) contre la Guinée Equatoriale. Jalel Kadri de la Tunisie, Tom Saintfiet de la Gambie, Adel Amrouche de la Tanzanie ou encore José Peseiro du Nigéria, ont également déposé le tablier. Mais pas qu’eux. Certains sélectionneurs ont été priés de prendre la porte. C’est le cas de Djamel Belmadi de l’Algérie, Chris Hughton du Ghana, Rui Vitoria d’Egypte, Rigobert Song du Cameroun, Hubert Velud du Burkina Faso. Baciro Candé de la Guinée Bissau a été aussi remercié.

Au total, 11 sélectionneurs sur 24 présents en Côte d’Ivoire ne sont plus en poste. Mais dans le lot, la présence de certains sélectionneurs retient l’attention. C’est le cas de Djamel Belmadi, Jalel Kadri et Rigobert Song, qui avec Aliou Cissé et Walid Regragui, écrivent depuis un moment l’histoire avec leurs équipes nationales. Ils sont considérés comme la nouvelle génération des entraîneurs émergents africains. Mais la CAN 2023 a remis en cause cette confiance placée en eux par leurs nations. Il est clair que l’on exige beaucoup plus d’eux, et les performances réalisées par le passé ne sont plus gage de l’inamovibilité. Ainsi, les deux seuls sélectionneurs de cette bande encore en poste, n’ont plus que la CAN 2025 pour regagner la confiance des leurs, où ils devront partir…

Belmadi, Kadri, Song… le passé ne suffit plus

Djamel Belmadi est certainement le précurseur de la nouvelle génération de talents locaux au poste de sélectionneur des équipes nationales africaines. Bien qu’il y ait eu des entraîneurs avant lui à la tête des sélections africaines, la dynamique qu’il a insufflée aux Fennecs d’Algérie est certainement le facteur X. Arrivé à la tête de la sélection nationale en 2018, il a très vite hissé son pays sur le toit du continent. Un an seulement après son arrivée, il parvient à décrocher une deuxième étoile pour l’Algérie, battant le Sénégal 1-0 à la finale de la CAN 2019. Il a également avec cette équipe, la plus grande série d’invincibilité. L’ancien joueur du PSG a fait 35 matchs sans défaite avec la bande à Riyad Mahrez. L’équipe algérienne est sortie au premier tour des CAN 2021 et 2023. L’élimination en Côte d’Ivoire est certainement ce qui a coûté le limogeage de Belmadi.

Mais d’un point de vue global, l’ex sélectionneur des Fennecs a un bilan acceptable à la tête de l’équipe. En six années, il a offert un trophée majeur à son pays. Ses statistiques sont également acceptables. 42 victoires, 16 matchs nuls et 6 défaites en 64 matchs, ce sont ses chiffres avec l’équipe. Avec lui, l’Algérie a marqué 134 buts pour 47 encaissés. Il a pris 142 points avec un ratio de 2,22 points par match. L’élimination de l’Algérie à la course pour le Mondial 2022 et les piètres performances aux deux dernières éditions de la CAN sont les seules erreurs de Belmadi.

Jalel Kadri, anciennement sélectionneur de la Tunisie, se retrouve également sans emploi à ce jour. Lui qui a pris les rênes de l’équipe nationale en janvier 2022, peu après l’élimination de l’équipe tunisienne en quarts de finale de la CAN 2022. Mais avant, il a gagné la confiance du peuple tunisien, en dirigeant l’équipe en huitième de finale de la compétition susmentionnée. Adjoint de Mondher Kebaier, il remplace ce dernier, à l’époque touché par la Covid-19. Le reste de l’aventure sera plus ou moins une réussite. Il réussit à qualifier la Tunisie pour la Coupe du Monde 2022. Au Qatar, les Aigles ne parviennent pas à se qualifier pour la phase à élimination directe, mais quittent la compétition avec une victoire de rang contre la France et quatre points obtenus. Une nouvelle fois, Jalel Kadri assure la qualification de son équipe à la CAN 2023, mais la suite est une triste histoire.

La Tunisie se loupe complètement dans la poule E, pourtant à sa portée. Elle termine dernière avec 2 points derrière le Mali, l’Afrique du Sud et la Namibie. Une élimination mal vue dans le pays des Aigles, et qui vaut le limogeage du fils du pays. Ceci, après 28 matchs. Il aura compté 15 victoires, 7 nuls et 6 défaites. En tout, c’est 35 buts marqués pour 17 encaissés. Le bilan n’est pas exécrable, mais la sortie par la petite porte de la Tunisie, considérée comme favorite du tournoi en terre ivoirienne, est certainement la pilule qui passe mal. Tout comme le tunisien ou l’aglérien plus haut, Rigobert Song n’a également pas comblé les attentes. Il est remercié également quelques jours après la plus grande compétition de football en Afrique.

Soutenu par son ancien coéquipier et président de la Fédération camerounaise de Football Samuel Eto’o, Rigobert Song accède à la barre technique de l’équipe nationale du Cameroun en 2022. Sa première mission, qualifier son pays pour la Coupe du Monde 2022. Il démarre mal en perdant 0-1 contre l’Algérie à domicile dans le cadre du match aller des barrages. Mais au match retour quelques jours plus tard, le joueur le plus capé des Lions Indomptables bat les Fennecs 1-2 et qualifie son équipe pour le Mondial au Qatar. Lors de la compétition, il parvient à battre le Brésil 1-0, mais ne se qualifie pas pour le second tour. Le Cameroun engrange quatre points, mais insuffisant pour poursuivre l’aventure.

La prochaine grande mission de Rigobert Song est de qualifier son équipe pour la CAN 2023. Une mission qu’il réussit assez difficilement. Entre-temps, pendant les matchs amicaux, le Cameroun parvient difficilement à convaincre, enchaînant des matchs nuls ou des défaites. A la CAN 2023 en Côte d’Ivoire, le Cameroun démarre timidement par un nul contre la Guinée, enchaîne une défaite contre le Sénégal avant de finir par une victoire contre la Gambie à la dernière journée. Suffisant pour passer au second tour, avant de se faire éliminer en huitième de finale par le Nigéria. Song à la tête de la sélection, c’est 23 matchs, 6 de gagnés, 9 perdus et 8 matchs nuls. L’équipe a marqué sous son règne 26 buts et encaissé 28. Il a pris 26 points avec un ratio de 1,13 points par match. Des chiffres pas très impressionnant pour lui renouveler son bail qui s’est expiré en Février 2024. Walid Regragui et Aliou Cissé quant à eux, ont échappé pour l’heure au limogeage et obtiennent une dernière chance pour la CAN 2025.

Walid Regragui et Aliou Cissé, une dernière chance pour la CAN 2025

Contrairement à Djamel Belmadi et compagnie, Aliou Cissé et Walid Regragui ont conservé leurs fauteuils. Ceci, malgré les performances en dessous de la moyenne de leurs équipes. Le sénégalais a pris les rênes de l’équipe nationale du Sénégal en mars 2015, succédant à Alain Giresse. Le technicien sénégalais qualifie son équipe pour la CAN 2017. Cette compétition était le premier grand défi pour le nouvel entraîneur. Il réussit à atteindre les quarts de finale, sorti par le Cameroun, futur champion. En 2019 en Egypte, le Sénégal fait encore mieux. Cette fois, toujours sous la houlette d’Aliou Cissé, l’équipe atteint la finale de la compétition, une nouvelle fois après 2002. L’équipe perd malheureusement contre l’Algérie, mais cela n’émousse pas l’ardeur de l’ancien capitaine de l’équipe nationale.

En 2021 au Cameroun, c’était le bon moment. Aliou Cissé et son équipe hissent le Sénégal sur le toit de l’Afrique. Arrivés en Côte d’Ivoire avec ce statut de champion d’Afrique, les Lions de la Teranga n’ont pas réussi à vaincre la  »Malédiction du Champion ». Le Sénégal ne parviendra pas à remporter le trophée une deuxième fois d’affilée. Jusqu’en 2021, le sélectionneur national était en ascension progressive avec cette équipe. La qualification à la Coupe du Monde 2018 et 2022 confortent Cissé comme l’homme de la situation. Bilan positif dans l’ensemble. Mais l’élimination en huitièmes de finale de la CAN 2023 est certainement la pire performance de l’homme à la tête de cette équipe. Malgré cela, il reste le sélectionneur des Lions de la Teranga jusqu’à la CAN 2025. Il compte pour l’heure 60 victoires, 21 nuls et 13 défaites en 94 matchs. Il a engrangé 201 points avec un ratio de 2,14 points par match. L’équipe a marqué 161 buts sous les ordres d’Aliou Cissé contre 68 encaissés.

Walid Regragui quant à lui, a pris les rênes de la sélection marocaine en 2022, en remplacement de Vahid Halilhodžić. Il démarre en septembre de la même année par une victoire 2-0 en amical contre le Chili. Mais c’est à la Coupe du Monde 2022 que le technicien marocain fait forte sensation. Les Lions de l’Atlas arrivent premiers du groupe F en battant la Belgique et le Canada et en faisant nul contre la Croatie. En huitièmes de finale, le Maroc sort l’Espagne 3-0 aux tirs au but, après un nul 0-0. La sensation continue en quart de finale face au Portugal de Cristiano Ronaldo. Le Maroc de Regragui gagne 1-0, suffisant pour rejoindre la France en demi-finale. Les Lions de l’Atlas sont malheureusement battus et perdent également le match de classement contre la Croatie.

Une belle performance, une première pour une équipe africaine. Walid Regragui entre dans l’histoire, et par la même occasion dans le cercle très restreint des sélectionneurs émergents sur le continent africain. La victoire contre le Brésil 2-1 en amical après la Coupe du Monde confirme la bonne forme de l’équipe et de son entraîneur. Mais pour le premier défi continental, Walid Regragui et ses hommes se loupent. Grand favori de la CAN 2023, le Maroc, après une phase de groupe moyenne, sort en huitièmes de finale. Ceci, après une défaite 2-0 contre l’Afrique du Sud. Une déception pour le public marocain qui s’attendait certainement au limogeage de l’ancien joueur de Toulouse. Ceci, après seulement 22 matchs pour 12 victoires, 6 nuls et 4 défaites. Ce dernier a même pensé à rendre sa démission, mais la Fédération Royale Marocaine de Football en a décidé autrement.

Pour Aliou Cissé et Walid Regragui, il y a un sursis. Peu après l’élimination précoce des Lions de la Teranga, des voix se sont élevées pour réclamer la démission d’El tactico. L’ancien joueur du PSG, décrié depuis fort longtemps dans son pays, a donné une opportunité à ses détracteurs pour l’enterrer. Mais à la Fédération sénégalaise de football, la confiance placée en Cissé reste intacte. Du moins, le champion d’Afrique 2021 aura l’opportunité de bien faire les choses une nouvelle fois. Il est donc garder à son poste de sélectionneur du Sénégal jusqu’à la CAN 2025. Ce n’est qu’après cela que le débat sur sa succession ou non reviendra sur le tapis.

Concernant Walid Regragui, il a certainement compris que la démission était la meilleure chose après le revers en Côte d’Ivoire. Mais les autorités sportives marocaines en ont décidé autrement. L’homme de 48 ans aura une opportunité de se racheter. Ce sera à l’occasion de la CAN 2025 que le Maroc accueille justement. Le Royaume Chérifien est la grande favorite de sa propre compétition. Aucun faux pas ne sera toléré. Walid Regragui a ainsi le temps qu’il faut pour corriger les lacunes, et constituer l’équipe la plus compétitive possible pour mieux aborder le tournoi. Si du grand lot des entraîneurs africains émergents, il est aisé d’affirmer que la grande gloire de ces derniers a déjà atteint son apogée.

Déjà la fin de l’ère des entraîneurs locaux émergents ?

Depuis le sacre de Belmadi en 2019 avec l’Algérie, plusieurs nations africaines ont placé la destinée des équipes dans les mains de talents locaux. Aliou Cissé, vainqueur de la CAN 2021, a assis cette confiance faite aux entraîneurs locaux. Le Maroc, la Guinée, le Burkina Faso, le Mali, la Guinée-Bissau, le Cap-Vert et plusieurs autres équipes ont décidé de se tourner vers des natifs pour diriger les équipes. Sur le plan continental, certains grands clubs qui avaient souvent recours à des entraîneurs expatriés, ont décidé de miser sur des talents africains. Les exemples les plus connus sont Pitso Mosimane avec Al-Ahly ou encore Florent Ibenge avec la Renaissance Sportive de Berkane ou encore Al Hilal du Soudan.

Mais cet environnement du  »Consommons local », n’aura duré que quelques années. La CAN 2023 a redistribué les cartes. Plusieurs entraîneurs ont perdu leurs fauteuils. Si la plupart ont déçu, certains, autrefois inconnus ou peu connus au bataillon, émergent. C’est le cas de l’actuel sélectionneur de Côte d’Ivoire, Emerse Faé, qui a conduit son équipe au sacre. En dehors de ce dernier, on peut citer Collin Benjamin qui a qualifié la Namibie pour les huitièmes de finale pour une première historique. Bubista, sélectionneur du Cap-Vert, a réussi à amener son équipe en quart de finale de la CAN 2023. Autant d’exemples qui montrent que les entraîneurs locaux méritent toujours cette confiance, et surtout du temps pour construire un projet sérieux.

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