L’homme de 78 ans qui s’est éteint ce jeudi 8 août 2024 à Paris des suites de maladie, aura marqué l’histoire du football mondial et singulièrement de l’Afrique, au terme d’un parcours aux allures héroïques.
C’est un géant du football mondial qui s’en est allé ce jour. Issa Hayatou, 78 ans, a marqué d’une empreinte indélébile, le football mondial. Le camerounais est passé par toutes les strates supérieures, de la gouvernance du football. De la FECAFOOT à la FIFA passant par la CAF, Hayatou a exercé les fonctions les plus importantes du football mondial. Il n’est cependant pas venu de nulle part.
Avant cette carrière de dirigeant, il a d’abord été un athlète de haut niveau, pratiquant à la fois l’athlétisme et le Basketball. Il est champion du Cameroun du 400 et du 800 mètres entre 1964 et 1971 puis sélectionné dans l’équipe nationale d’athlétisme du Cameroun, disputant les Jeux africains de 1965 à Brazzaville. Membre de l’équipe du Cameroun de basket-ball et dans l’équipe de football universitaire, il devient parallèlement professeur d’éducation physique et sportive, obtenant un Certificat d’aptitude au professorat d’éducation physique et sportive (CAPEPS) à l’université de Yaoundé en 1973. C’est ainsi qu’il se révèle en lui quelques années plus tard, des qualités de dirigeants qui vont très vite le conduire à la tête de l’instance faîtière du Football Camerounais, au terme d’une ascension bien cohérente.
La FECAFOOT – Hayatou : aux âmes bien nées !
C’est là que commence véritablement la carrière de dirigeant d’Issa Hayatou. Alors qu’il n’a que 28 ans en 1974, il devient Secrétaire général de la FECAFOOT. Il va y passer 9 années avant d’être promu directeur des sports au ministère de la Jeunesse et des Sports du Cameroun jusqu’en 1986. Cette année-là, il revient à la FECAFOOT entant que président de l’instance, mais son bail ne durera que deux ans (jusqu’en 1988). Ce poste lui confère automatiquement le statut de membre du comité exécutif de la CAF. C’est ainsi qu’à la faveur du décès de l’Éthiopien Ydnekatchew Tessema, Hayatou devient, en août 1987, le cinquième président de la Confédération africaine de football.
CAF – Hayatou : le bâtisseur !
Une fois à la tête de la Confédération Africaine de Football, il va se battre corps et âmes pour y passer le plus grand nombre d’années possible, battant à plate couture ses adversaires aux différentes élections. L’une des principales victoires de son règne à la CAF, c’est l’obtention de cinq places (au lieu de deux) pour les pays de sa confédération au tournoi final de la Coupe du monde de football. Toujours à son actif, la Coupe d’Afrique des nations de football a pris de l’ampleur en passant de huit à douze équipes en 1992 puis à seize équipes quatre ans plus tard lors de l’édition sud-africaine en 1996.
Les compétitions africaines interclubs ont aussi connu un ressort prodigieux sous Hayatou. C’est aussi sous l’influence du camerounais que le continent africain a accueilli son unique Coupe du monde de football, c’était en 2010 en terre sud-africaine. Il va passer au total 29 ans à la tête de la CAF, jusqu’à sa défaite lors de l’élection de 2017 face au malgache Ahmad Ahmad. Durant son passage à la CAF il aura par la même occasion par la même occasion eu le temps de s’insérer dans les couloirs de la FIFA depuis 1992, occupant notamment la plus haute fonction de l’instance par un concours de circonstances.
Hayatou au sommet de la FIFA !
Depuis 1992, Hayatou était déjà Vice-président de la FIFA, du fait de son statut de président de la CAF. Il exercera cette fonction jusqu’en 2015 où il devient président de la FIFA par intérim. En effet, le Suisse Sepp Blatter suspendu (…), Hayatou est promu comme intérimaire à la tête de la FIFA le 8 octobre 2015. Il restera à ce poste jusqu’au 26 février 2016, date à laquelle il organise le congrès extraordinaire de l’organisation qui aboutira à l’élection de Gianni Infantino.
78 années sur terre dont plus de la moitié consacrée au football, Issa Hayatou laisse derrière lui un football africain qu’il a contribué à structurer et stabiliser, mais qui aujourd’hui, croule sous les incessantes ingérences et influences de la FIFA. L’homme fort dans tous les sens du terme, a succombé ce jeudi sous le poids de la maladie. Son parcours élogieux, ses différentes réalisations et son amour pour son continent, font de lui à ce jour encore, l’homme qui aura le plus influencé l’histoire du football africain. Le seul bémol peut-être, pourrait être son caractère taiseux, qui ne lui aura pas permis de partager suffisamment son expérience à la postérité. C’est donc une partie du football africain qui s’en est ainsi allée.
