L'incontournable du football africain

L’honneur de l’Afrique de Ben Barek à Lekdjaâ

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L’Afrique est à nouveau à l’honneur en cette fin de saison. Nombre de ses enfants, qui exercent comme footballeurs professionnels en Europe, ont connu la gloire en clubs. Localement, à l’échelle européenne et mondiale.

Mercredi soir, le marocain Yassine Bounou et son compatriote Youssef En-Nesyri ont soulevé le trophée de l’Europa League et dans quelques jours un autre africain, soit l’Algérien Riyad Mahrez ou le Camerounais André Onana, va s’offrir la coupe aux grandes oreilles.

Dans les grands championnats européens, pas un seul club sacré n’a pu le faire sans le concours de joueurs du continent noir. Le Bayern avec le Camerounais Eric-Maxim Choupo-Moting le Marocain Noussair Mazraoui et les Sénégalais Sadio Mané et Bouna Sarr en Bundesliga, le PSG avec le Marocain Achraf Hakimi en Ligue UberEats, ManCity de Mahrez en Premier League, Franck Kessié sous les couleurs du Barça en Liga et j’en passe. Pour la plupart de ces footballeurs, il s’agit de vraies têtes d’affiche. Les autres africains, titrés mais moins connus, ont également fait honneur à leurs origines en mettant à contribution des qualités intrinsèques qu’eux seuls peuvent apporter à ces écuries à grande réputation. Ce conte n’est pas nouveau. Jadis, d’autres noms, le Ghanéen Abedi Pelé, l’Algérien Rabah Madjer, les Ivoiriens Drogba et les frères Touré, le Sud-africain Benni McCarthy, le camerounais Samuel Eto’o Fils, l’Egyptien Hanni Ramzy, le gardien Zimbabwéen Bruce Grobbelaar et celui du Maroc Badou Zaki sont restés dans la légende tout comme l’étaient l’Algérien Rachid Makhloufi, le Tunisien Lahzami Temmim, le Marocain Abdallah Ben Barek ou l’Ivoirien Laurent Pokou durant les années 60.

Collectivement des sélections africaines ont ruiné bien des réputations établies à chaque fois qu’elles étaient invitées à prendre part à une Coupe du Monde, toutes catégories confondues, et des JO. Sans quelques « défauts », l’Afrique aurait fêté plus qu’un Champion chez les U17 ou U20.

Mercredi, le Nigéria a fait tomber les Argentins dans leur jardin alors que la Gambie, autre équipe africaine à atteindre les huitièmes de finale du CM des U20, a craqué jeudi soir face à l’Uruguay. La Tunisie qui a surpris en parvenant à cette phase a buté sur plus fort, le Brésil servi par un arbitrage favorable qui a privé les Aiglons de Carthage d’un but valable.
Seuls les Flying Eagles verront donc les quarts, où ils croiseront dimanche les sud-coréens, avec l’ambition avouée d’aller encore plus loin.

Le Maroc, demi-finaliste au Qatar, et avant lui, le Cameroun quart de finaliste en Italie et le Sénégal également quart de finaliste en Corée du Sud-Japon, n’avaient pas moins présenté un football de charme et efficace que l’Argentine(2022), l’Allemagne(1990) ou le Brésil(2002).

Une telle réputation n’aurait pas été marquante si des footballeurs d’un autre genre n’avaient pas forcé les barrières, le destin aussi. Le racisme, peu apparent puisque peu dénoncé par les médias et organisations des droits de l’homme, mais qui était une réalité, n’a pas été des plus faciles à supporter. De grands sorciers sur herbe ou tuf ont subi ce vil matraquage sans que les clubs ou les fédérations ne trouvent à redire.

Aujourd’hui, les temps ont certes changé, les associations et institutions sont plus présentes dans le combat contre ces inégalités, mais le traitement diffère selon que l’on soit noir africain ou d’autres continents. On peut être noir, en effet, mais on n’a pas les mêmes égards. L’épisode de l’attaquant Brésilien du Real Madrid Vinicius Jr renseigne à ce titre la magnanimité des médias et des décideurs à soutenir les uns, pas les autres. La campagne faite autour de l’épisode du Madrilène Jr au Mestalla de Valence n’a d’égale que l’ignorance et le mépris affichés envers le Sénégalais Idrissa Gueye alors « star » parmi les vedettes du PSG.

D’autres footballeurs de confession musulmane se sont vu interdire de pratiquer le jeûne pendant que d’autres ont été virés par leurs clubs du simple fait qu’ils aient opté pour la sélection de leur pays d’origine. Il n’est donc pas question simplement de couleur ou de religion.

Cette « justice » à deux vitesses n’a pas ameuté, même pas ému, les « chefs de guerre » en Afrique si prompts à répliquer au moindre mouvement involontaire du voisin. Des guerres ont éclaté dans les territoires du continent pour des faits mineurs. Par contre, point de réactions quand un quidam noir africain ou arabe est massacré, invectivé ou humilié. Les grandes questions sont, il est vrai, laissées à l’appréciation de l’ex-colonisateur plus que jamais présent dans les « palais » des nouveaux Bokassa.

Infantino ou l’instinct du dominateur

Toute proportion gardée, et sans pousser jusqu’à faire dans l’imaginaire, l’Afrique se cherche des raisons pour se démocratiser. A coups de putschs, des sergents et caporaux relaient la bonne parole pour exprimer leur reniement aux forces du mal. Celles qu’on nous soupçonne pas. Revenons au football pour mieux comprendre…

Il faudrait se rendre à l’évidence que si l’Afrique a enfanté de grands footballeurs, de supers champions toutes disciplines sportives comprises, elle a été « stérile » en matière d’hommes d’Etats, de maitres d’œuvre, de dirigeants en sport etc. La fécondité n’étant pas en cause, piochons les bonnes raisons pour se donner une meilleure idée de ceux qui commandent le sport et les sportifs.

Une telle mission est certes assurée par des africains de souche. Néanmoins, ceux-ci ne font qu’appliquer les ordres de leurs « gourous » d’ailleurs. L’Etat étant impuissant de contrôler des instances qu’il finance intégralement. Les organes dirigeants internationaux invoquant à chaque fois l’ingérence des gouvernements empêchent tout changement des hommes qu’eux-mêmes parachutent. Et l’affaire est encore plus corsée quand il faut demander de l’aide à une fédération mondiale dirigée par un africain.

Ils sont rares ces dirigeants du continent à avoir trôné sur les fédérations internationales. On peut même les compter sur les doigts d’une main. L’Algérien Mustapha Larfaoui(FINA), le Sénégalais Lamine Diack (IAAF) et l’Egyptien Hassan Moustafa(IHF) me semblent les plus réputés parmi le personnel africain qui a été porté aux affaires d’associations mondiales de renom. Le reste, ce sont des « hommes de main », des valets en fait, qui siègent dans les bureaux exécutif et autres Conseils mais ne décident de rien. Ils occupent, en effet, des strapontins et leur grande préoccupation, leurs intérêts certainement, s’arrête dans ses privilèges en tout genre que ces fonctions peuvent leur apporter. Défendre la cause du sport et des sportifs africains n’a jamais constitué leur priorité. Prenons l’exemple du football pour mieux illustrer cette gabegie.

Le Sud-africain Patrice Motsepe est bien un des vice-présidents de Gianni Infantino au sein de la Fifa. De par son rang de président d’une Confédération continentale, le billionaire de Pretoria a intégré le gouvernement du football mondial. Qu’a-t-il fait pour le football depuis qu’il siège à Zurich ? Rien, sinon alourdir son ardoise. Les finances de la CAF sont au rouge depuis 2021. Malgré un rapport saignant de la Commission des finances présidée par le Marocain Fouzi Lekdjaâ, la Confédération africaine attend sa bouée d’oxygène. Le mois dernier, Patrice Motsepe a même appuyé la candidature de l’Arabie Saoudite au Mondial-2030 pour obtenir quelques broutilles. L’accord porte sur cinq ans. Les deux parties qui ont convenu d’un partenariat win-win n’ont pas affiché les chiffres mais le projet d’une Super League africaine a bénéficié d’un matelas financier plus conséquent. Au lieu des 100 millions promis par Motsepe, la dotation est doublée grâce à cet accord qui doit également prendre en charge d’autres projets de développement initiés par la CAF.

L’accord a fait mal au…Maroc dont le représentant au sein de la Confédération africaine, Fouzi Lekdjaâ, a promptement réagi à la face de Motsepe lors d’une récente réunion du Comex tenue par vidéoconférence. Les deux responsables de la Confédération se seraient même échangés des vulgarités selon des témoins oculaires. Des membres de l’exécutif de la CAF ont confirmé l’échange peu amène entre les deux hommes mais se sont abstenus à donner des détails sur les raisons de ces salamalecs d’une autre époque.

Lekdjaâ en a senti l’obligation de saisir son mentor de la Fifa, Gianni Infantino, à qui il a fait part des «projets » de Motsepe qui iraient à l’encontre des directives du patron de l’instance faitière du football international. Bien entendu, l’Italo-suisse est au courant de toutes les entreprises du sud-africain qui l’informe au jour le jour par le biais de son conseilleur particulier, Jacques Anouma. Ce dernier est la courroie de transmission, le bureau d’ordre, à travers laquelle Motsepe communique avec Infantino. Lekdjaâ qui se sent probablement largué, pas impliqué dans les grandes manœuvres des deux dirigeants de la Fifa et de la CAF, semble plus jamais désemparé. A telle enseigne qu’il confectionne, comme à ses habitudes, des scenarii où il est question de mettre Motsepe « hors service ». Des médias internationaux évoquent depuis quelque temps la possibilité de voir deux anciennes légendes du football africain, George Weah et Samuel Eto’o, comme potentiels successeurs de Motsepe. Le camerounais étant un acteur entendu et respecté en Afrique noire serait intéressé par une telle offre. Sauf que, contrairement à Ahmad Ahmad et Motsepe, il ne veut pas d’une cooptation. En plus clair, l’ex-vedette du Barça veut se lancer en ayant la certitude de n’appartenir à aucun clan, et ne bénéficiant d’aucun parrainage. Eto’o, héritier d’Issa Hayatou qu’il considère comme un père, sera-t-il vraiment libre ? Infantino qui ne sait pas fait prier en évinçant le Prince de Garoua saura-t-il tolérer un « trouble-fête » qui a bonnes attaches avec l’UEFA dont l’actuel président, Aleksander Ceferin continue d’exercer son marquage sur l’Italo-suisse qu’il cible vertement comme étant à l’origine du mal qui ronge le football mondial. Ceci pendant que des présidents de grands clubs européens, Agnelli président démissionnaire de la Juventus en premier, ainsi que Michel Platini, président déchu de l’UEFA, surveillent de prés les mouvements de ces deux dirigeants, Ceferin et Infantino, accusés d’être à la solde des pétrodollars.

Quant à la piste Weah, il semble bien qu’il s’agit d’un pétard mouillé. Le président du Libéria ayant d’autres chats à fouetter, certainement pas un football qu’il ne peut même pas relancer dans son pays.

Pendant ce temps, l’Afrique observe et attend sa part de gâteau. Motsepe, l’homme d’affaires accompli, est visé. Il se cache jusqu’au mois de juillet, date prévue pour la tenue d’un Congrès qu’on dit « houleux » à Cotonou. L’Afrique qui attend son heure depuis des lustres peut bien patienter pendant 45 jours…

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