Douze ans après son voisin le Qatar, l’Arabie Saoudite aura également l’honneur d’accueillir la Coupe du Monde 2034. Seul candidat en lice pour l’organisation de l’évènement planétaire, le Royaume fait face à un gros scandale lié aux droits de l’homme suite à la publication d’un rapport d’Amnesty International. Celui-ci vient accabler la candidature saoudienne.
Alors que l’officialisation de la tenue de la Coupe du Monde 2034 en Arabie Saoudite n’est qu’une question de temps, des organisations de défense de droit de l’homme ont appelé à ce que le processus soit suspendu et que l’organisation soit attribuée à un autre pays qui “respecte les droits de l’homme”. Un rapport d’Amnesty International, approuvé par dix autres ONG du consortium Sport & Rights Alliance (SRA), estime que la FIFA risque d’être épinglée pour homicide involontaire si elle n’arrête pas immédiatement le processus en question.
Un rapport d’Amnesty International qui accable l’Arabie Saoudite
Alors que la FIFA s’apprête à officialiser l’attribution de l’édition 2034 à l’Arabie Saoudite, le 11 décembre prochain, lors d’un « congrès virtuel extraordinaire », un rapport publié le 11 novembre par Amnesty International semble déjouer les plans de l’Arabie Saoudite qui n’a fait « aucune réforme » pour préserver les droits de l’homme. « Le dossier de candidature de l’Arabie saoudite pour la Coupe du monde de 2034 prévoit de construire ou rénover 11 stades, plus de 185 000 chambres d’hôtel supplémentaires et de grands projets d’infrastructure allant des liaisons de transport à la création de nouvelles villes. L’Arabie saoudite aura besoin d’un très grand nombre de travailleurs et travailleuses migrants pour réaliser ses ambitions. Or, le royaume n’a toujours pas pris d’engagement pour réformer le système de parrainage (kafala) qui exploite les travailleurs dans le pays, pour fixer un salaire minimum pour les non-citoyens, et les autoriser à adhérer à des syndicats ou adopter de nouvelles mesures visant à prévenir les décès au travail », peut-on lire dans le rapport de l’organisation internationale qui promeut la défense des droits de l’Homme.
« Malgré les énormes projets d’infrastructure prévus, la stratégie en matière de droits humains n’expose pas davantage de nouvelle mesure visant à protéger ou indemniser les victimes d’expulsions forcées. Elle ne s’attaque pas non plus à la discrimination à l’égard des femmes et à la criminalisation des relations extraconjugales et homosexuelles, et ne prévoit pas de mesure ni d’engagement à même de protéger les supporters et les résidents LGBTI contre les violations ou les arrestations », ajoute l’organisation.
Une situation déjà désastreuse dans les chantiers du Royaume
Le rapport publié par les journaux britanniques The Guardian et Daily Mail révèle que plusieurs travailleurs sont décédés depuis le lancement du programme « Vision 2030 » en 2016 en Arabie Saoudite. 21 000 travailleurs népalais, bangladais et indien auraient trouvé la mort dans les chantiers de construction des infrastructures, etc. Beaucoup de ces individus ont été coincés sous les dettes, incapables de changer d’emploi et trop effrayés pour se plaindre. Des ouvriers qui travaillent plus de 10 heures par jour sous une chaleur incroyable, qui atteignait souvent 45 degrés, selon la même source.
« La FIFA sait que les travailleurs risquent de mourir si elle confie la Coupe du monde à l’Arabie saoudite sans mettre en place les protections adéquates. Ils ne pourront jamais dire qu’ils n’ont pas été prévenus, ni qu’ils n’ont pas eu la possibilité de l’empêcher. Alors que les demandes de justice et de responsabilité vont inévitablement en augmentant, peut-être qu’un jour ce fait deviendra important. Étant donné l’ampleur des projets de l’Arabie saoudite pour la Coupe du monde… il est clair que le tournoi de 2034 sera très probablement terni par l’exploitation, la discrimination et la répression », a indiqué Stephen Cockburn d’Amnesty International.
Plus de 100 étrangers exécutés en 2024 en Arabie Saoudite
Un autre bilan révélé par l’Agence France-Presse basé sur les annonces officielles des autorités compétentes du Royaume annonce qu’il y a eu environ 300 exécutions pendant l’année courant dont plus de 100 étrangers. Un record selon un groupe de défense des droits de la personne. Le ressortissant yéménite, Moussa Saleh, avait été exécuté à Najran pour trafic de drogue, portant le nombre à 101 depuis janvier dernier. Le pays de la péninsule arabique est celui qui a exécuté le plus de prisonniers au monde en 2023 après la Chine et l’Iran.
La FIFA se retrouve dans des mauvais draps après le rapport d’Amnesty International qui ne joue pas en faveur de l’Arabie Saoudite. Celle-ci est d’ailleurs accusée de tout faire pour « blanchir son image » afin de « donner l’illusion d’un pays transformé » et « détourner le regard d’un bilan calamiteux en matière de droits humains ». En effet, il est tout à fait logique de se poser des questions sur l’attribution de l’organisation d’un événement d’aussi grande envergure à un pays qui ne respecte pas les droits de l’homme, sensé accueillir des gens de différentes nationalités, races, religions, etc. On se demande si la FIFA va faire marche arrière ou rester sur sa position quant à la candidature de l’Arabie Saoudite après ce scandale qui touche le Royaume. Réponse dans trois semaines.