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Après le Qatar, l’Arabie Saoudite à l’épreuve de la stratégie de « sport power »

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Le football européen fait actuellement face à une razzia imposée par l’Arabie Saoudite sur ses nombreuses stars. De Cristiano Ronaldo à Neymar, en passant par Riyad Mahrez et Sadio Mané, cette péninsule arabique rafle la mise pour rendre attractif son football. Une stratégie loin d’être nouvelle et qui vise notamment à s’imposer et imposer son influence. Ce « sport power », déjà utilisé par le Qatar, a montré ses limites sur lesquelles l’Arabie Saoudite devra s’appuyer pour ne pas commettre les mêmes erreurs.

Dans une géopolitique mondiale dominée par les puissances militaires, les petits Etats mais grands de par leurs richesses, s’offrent un moyen d’exister. Des pays du Golfe, dont notamment le Qatar et l’Arabie Saoudite, jettent leur dévolu sur le sport et plus précisément le football. Une parade trouvée pour s’offrir une influence mondiale. Ce que le Qatar semble avoir réussi ces dernières années jusqu’à l’organisation de la Coupe du Monde 2022, avec un grand succès. Mais le lendemain de ce succès n’est pas forcément des plus prometteurs pour le football local. De quoi pousser l’Arabie Saoudite à faire mieux, comme ce qui s’était déjà dessiné à la dernière Coupe du Monde.

Des pétrodollars pour attirer des stars

Du Qatar à l’Arabie Saoudite, la stratégie est identique. Investir intensément dans le développement des clubs à travers des fonds pour attirer les stars du football mondial. Le Qatar a connu sa période d’invasion du football européen en attirant notamment de grands joueurs en fin de carrière. L’idée est de leur offrir des ponts d’or tout en réhaussant l’image du pays et du football local. Mais à l’inverse du Qatar, l’Arabie Saoudite n’attire pas que des joueurs jugés finis pour le football européen. Des joueurs comme Seko Fofana, Allan Saint Maximin et Ruben Névés, encore dans la fleur de l’âge sportif, ont rejoint la Saudi Pro League.



A eux s’ajoutent Sadio Mané, Riyad Mahrez, Kalidou Koulibaly, Edouard Mendy, Karim Benzema, Ngolo Kanté ou encore Cristiano Ronaldo et récemment Neymar. Ce sont des millions d’euros désormais injectés par an pour attirer des noms ronflants du football mondial. Le plus grand exportateur de pétrole au monde y parvient grâce au fonds souverain saoudien (PIF), un des plus riches au monde, qui est à la manœuvre pour attirer les stars du ballon rond. Ce PIF, illimité, détient désormais à 75% Al-Nassr, Al-Hilal, Al-Ahli et Al-Ittihad.

S’offrir de la crédibilité par du « sport washing »

Dans sa stratégie, l’Arabie Saoudite a les idées bien assez claires avec les moyens qui vont avec. Sadio Mané devrait ainsi toucher 40 millions d’euros à Al Nassr alors que Riyad Mahrez devrait être à 50 millions d’euros à Al Ahli. Quant à Franck Kessié, on parle de 20 millions d’euros à Al Ahli tandis que Seko Fofana doit gagner 15 millions d’euros à Al Nassr. Autant de stars qu’il a fallu convaincre de signer dans un championnat a priori anonyme et dénué de véritable intérêt sportif.

« Faire venir ces grands athlètes, c’est s’acheter une image, une crédibilité, une réputation. Cela peut permettre d’attirer des investisseurs et d’améliorer les relations géopolitiques avec d’autres États », explique Lukas Aubin, directeur de recherches à l’IRIS, chargé du programme sport et géopolitique, dans une interview à Europe 1. Critiquée pour son manque de respect des droits de l’homme, l’Arabie Saoudite se donne ainsi les moyens de se faire une nouvelle réputation d’un pays ouvert.

Un investissement à long terme

La stratégie saoudienne n’est pas une vision à court terme. Il est vrai que ce pays désertique cherche à gommer une forme d’impopularité sur la scène internationale. Mais ce n’est qu’une partie du projet ambitieux mis en place par l’Arabie Saoudite. Un investissement à long terme pour attirer de grands joueurs au sein de son championnat local et qui participe au projet Vision 2030 présenté par le prince héritier Mohammed Ben Salmane en novembre dernier. La finalité de ce grand projet est de permettre à l’Arabie Saoudite de diversifier son économie et de sortir progressivement de la dépendance au gaz et au pétrole dont les ressources finiront par se tarir. Ce réveil saoudien a une source : le Qatar et son succès à l’organisation de la Coupe du Monde 2022.

Les Coupes du Monde 2030 et 2034 en ligne de mire

Avec le succès éclatant qu’a connu l’organisation de la Coupe du Monde 2022 au Qatar, l’Arabie Saoudite commence à rêver encore plus grand. Ils ont compris qu’à travers le sport et en particulier le football, il y a moyen de se refaire une très bonne image à l’international. Et ce d’autant plus que les deux pays sont dans une rivalité politique. « L’Arabie Saoudite ne peut pas être en reste. Elle a vu l’impact positif sur le pays malgré les critiques, malgré les appels au boycott. Le tourisme a doublé », expliquait Sébastien Boussois, docteur en sciences politiques, spécialiste du Moyen-Orient, dans une interview.

La vision 2030 coïncide avec les éditions de la Coupe du Monde 2030 et 2034. Partie pour une organisation commune avec la Grèce et l’Egypte, la péninsule arabique a finalement renoncé à la Coupe du Monde 2030. La faute au retard difficile à rattraper sur le dossier du trio Espagne – Portugal – Maroc. Mais ceci ne signifie pas que le rêve d’une Coupe du Monde est perdu pour l’Arabie Saoudite. Le petit royaume préfère en effet reculer pour mieux peaufiner ses plans, quitte à attendre 4 ans supplémentaires. Le jeu est donc clair.

Réussir là où le Qatar a échoué

S’ils se basent tous sur la même stratégie, le « sport washing », l’Arabie Saoudite donne une orientation plus concrète et plus prometteuse à son projet. Le Qatar a par exemple fait l’option d’acheter des clubs et de développer des médias sportifs à l’image de BeIN Sports. Ce que font aussi les Saoudiens en achetant par exemple Newcastle, mais en allant bien au-delà. Ils veulent en effet créer une ligue saoudienne qui soit crédible sportivement. L’objectif c’est de de créer quelque chose de valorisant en terme de fierté nationale pour les Saoudiens. La monarchie pétrolière a déjà obtenu l’organisation des Jeux asiatiques d’hiver en 2029. Elle a des envies d’une organisation d’une Coupe du Monde d’ici 2034 sans oublier les Jeux Olympiques dans le viseur.

Si le Qatar a connu un échec cuisant avec son équipe, malgré sa politique sportive, son voisin n’a pas envie de connaitre les mêmes réalités. Ils rêvent de faire de meilleurs résultats s’ils venaient à organiser la Coupe du Monde. Ils avaient déjà montré ce dont ils sont capables en étant d’ailleurs la seule équipe victorieuse de l’Argentine au Mondial 2022 au Qatar. Il faut donc au pays une vraie culture sportive tout en suscitant la pratique chez les Saoudiens.


Eviter de tomber dans l’anonymat après le succès

Contrairement au Qatar, l’intérêt des Saoudiens et de l’Arabie Saoudite pour le football ne date pas d’hier. Dès les années 90, l’équipe nationale d’Arabie Saoudite s’est faite remarquer au niveau mondial. En 1994, lors de la Coupe du monde aux Etats-Unis, l’équipe saoudienne s’était qualifiée pour les huitièmes de finale. Au Qatar, près de 20 ans après, l’Arabie Saoudite a été la seule équipe nationale à battre l’Argentine (1-2), future championne du monde. Des faits d’arme qui donnent plus crédibilité au projet d’un pays où il y a un grand engouement autour des matchs. Cependant, il y a lieu de rester éveillé.

Aux alentours de 2018, le championnat chinois est devenu l’Eldorado des stars du football. Pourtant, la destination n’est plus du tout prisée des joueurs. Le Qatar l’a fait récemment et depuis la dernière Coupe du Monde qu’il a organisé, son football semble retomber un peu dans l’anonymat. Aujourd’hui, l’Arabie Saoudite est en train de faire de l’ombre à l’UEFA et son football frappé de plein fouet par l’invasion saoudienne. Mais il faudra surfer sur ce réveil pour construire le football local pour de meilleurs résultats à l’horizon 2030.

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