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Olympique de Marseille – Faris Moumbagna : Le héros contesté, le sauveur vilipendé !

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Sauveur marseillais sur les deux dernières rencontres, Faris Moumbagna est curieusement la cible des critiques d’une rare aiguïté: comment en est-on arrivé là ? Ces critiques sont-elles justifiées ? Moumbagna est-il victime d’un acharnement gratuit ? Est-il OM compatible ? Autopsie d’une union saine aux allures précoces.

Pourtant loin d’être ridicule : héroïque !

Si l’Olympique de Marseille a connu un semblant de sérénité ces derniers jours, c’est en grande partie grâce à Faris Moumbagna. Alors que le club était sur une triste série de cinq défaites consécutives, l’attaquant camerounais s’est mué en sauveur pour stopper la saignée. C’est lui qui brise cette spirale négative en offrant une première victoire 1-0 à l’OM face au Benfica Lisbonne en quart de finale retour de Ligue Europa. Moumbagna va enchaîner trois jours plus tard en championnat, arrachant le point du nul dans les derniers instants face à Toulouse (2-2), sur un retourné acrobatique. L’attaquant camerounais permettait ainsi à l’OM de s’inscrire dans une nouvelle dynamique, cette fois positive. Depuis le banc de touche, il est à chaque fois de façon héroïque, venu sauver une équipe marseillaise quasiment résignée. Moumbagna est donc incontestablement le héros marseillais du mois d’Avril 2024, mais curieusement, cet héroïsme ne lui a pas attiré que des amitiés.

Au cœur du paradoxe : les critiques !

Au moment où l’on s’attendait à voir la presse saluer à l’unisson les exploits du camerounais, on a plutôt assisté à des vagues de critiques, les unes plus acerbes que les autres, remettant parfois en cause son statut de professionnel, quand il ne s’agissait pas de son niveau. Et c’est l’ancien international français, Christophe Dugarry qui a allumé la première mèche: sur le plateau de RMC Sports où il officie comme consultant, il a carrément lâché son venin sur Moumbagna: « Il a montré de telles limites techniques que c’est presque étonnant de voir qu’il puisse jouer en Ligue 1 (…) On a vu des choses quand même, ça pique les yeux. Il y a des mecs qui n’ont jamais joué en pro et qui doivent se demander comment il fait. Tu peux avoir des pieds moyens mais là, le déficit technique est tellement important. Il faut voir les conduites de balle, les contrôles. C’est une faiblesse des bases du football (…) Le football, ce n’est pas être costaud et faire des déviations de la tête, même si ça peut aider.» a lancé le français, au sujet d’un joueur qui venait d’inscrire deux buts décisifs pour son club qui restait sur cinq défaites d’affilée.

Alors que l’on se croyait face à de simples déclarations excessives pour Dugarry qui en a la réputation dans le but de susciter des réactions sur la toile, Jean-Louis Gasset, entraîneur de Moumbagna à l’OM est venu à son tour corroborer les propos déjà excessifs de Dugarry « C’est un jeune joueur ! Il faut le faire travailler techniquement. Il faut le faire travailler dans les déplacements, parce que c’est un garçon qui va vite, et on ne s’en rend pas toujours compte, parce qu’il se positionne très mal pour les transitions. Il faudrait avoir du temps pour travailler avec lui. » rajoute Gasset, donnant l’impression que Moumbagna, meilleur buteur du championnat Norvégien la saison dernière etait un débutant en apprentissage du football.

Et c’est l’ancien international camerounais Sebastien Bassong qui a bouclé la boucle, avec des propos simplement lunaires : « J’étais très surpris qu’il ait un contrat à l’OM. Mais des fois il y a des choses qui sont incompréhensibles dans le football. Techniquement on voit qu’il manque beaucoup de QI football, il n’a pas fini sa formation… Je pense qu’il a des qualités, mais qui au haut niveau sont très (…) C’est pourquoi je pense qu’il est bien utilisé quand il rentre au cours de la rencontre. A partir du moment où les gens sont fatigués physiquement et psychologiquement, et que tu rentres avec beaucoup de force, tu vas avoir des contre-favorables, tu vas tenter des gestes que tu n’aurais pas tenté en début de rencontre, et ça peut payer. » renchérit Bassong.

Critiques logiques ou simple acharnement ?

Moumbagna n’est certainement pas un artiste, ou un as de la technique en matière de football. Son style, très atypique et même peu esthétique avec parfois très peu de coordination dans le toucher et les conduites de balle, rappelle d’autres attaquants qui ont pourtant réussi sur la durée à gagner l’estime du public et le respect des analystes. Le brésilien Brandao en est l’illustration parfaite. Mais au delà de ne pas être un brillant technicien, Moumbagna est tout de même doté de qualités qu’il a toujours mises au service de son équipe. Sa puissance physique, son sens du but, et sa générosité dans les efforts en sont quelques unes. « Il a le don de savoir transformer une demie occasion en but » disait Mathieu Grégoire, un confrère français de quotidien L’Equipe. Les critiques soulevées contre l’attaquant de 23 ans ne sont donc pas complètement dénuées de sens, mais suggèrent tout de même un brin de curiosité du fait d’un timing incompréhensible.

En effet, si l’on part du principe selon lequel une communication quelle qu’elle soit, s’inscrit dans une logique contextuelle précise, il est difficile de saisir les mobiles qui sous-tendent de tels propos sur un joueur qui sur les deux dernières rencontres de son club, est le sauveur. Le timing de ces critiques est donc simplement incompréhensible, il s’agit d’un anachronisme absolu. Pour avoir réalisé la semaine qu’il a réalisée, Moumbagna méritait plus de considération et de circonstances atténuantes. Grâce à ses deux buts, Marseille s’est donné une chance de disputer une nouvelle finale de Ligue Europa, mais aussi un bol d’air en championnat. La résignation du public marseillais, grâce à Moumbagna, a vite cédé la place à un regain d’espoir et de vitalité. Moumbagna est incontestablement le héros de l’Olympique de Marseille sur ce mois d’Avril, et mérité bien plus de respect.

Moumbagna et OM : bon ou mauvais mariage ?

Avec 24 buts et 6 passes décisives la saison dernière avec Bodø/glimt en Norvège (meilleur buteur du championnat), Faris Moumbagna a logiquement frappé aux yeux de nombreux clubs, parmi lesquels l’OM. C’est ainsi que pendant la dernière CAN en Côte d’Ivoire, les dirigeants olympiens ont décidé de l’enrôler pour secourir une ligne attaque sur laquelle Vithiña s’était montré défaillant. Moumbagna n’arrive donc pas à l’OM dans la peau d’un titulaire dans l’esprit des dirigeants marseillais. À l’heure des comptes aujourd’hui, il en est à 4 buts, 1 passe décisive en 15 apparitions avec l’OM cette saison. Pour un remplaçant qui découvre la Ligue1 et singulièrement l’OM, ce sont des statistiques loin d’être ridicules, mais plutôt encourageantes. Après l’on peut simplement regretter le non passage par un club transitoire avant d’atterrir à l’OM. Car partir de Bodø/glimt en Norvège pour l’OM, club à forte pression et à haut niveau d’exigence en France, paraît quand même lourd pour un jeune de 23 ans. Cela suggère donc la conclusion selon laquelle le mariage entre Moumbagna et l’OM dans l’absolu n’a rien de mauvais, mais semble juste précoce du fait de la forte exigence qu’implique le club phocéen même pour ses remplaçants, et surtout au poste d’attaquant.


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