Le transfert inédit du bolivien Adalid Terrazas à l’USM Alger a enflammé le mercato en Algérie. Il suscite, en tout cas, de nombreux commentaires et curiosités pour le commun des observateurs du championnat d’Algérie habituellement ouvert aux footballeurs subsahariens, les « africains » comme on se plaît à les appeler dans les fiefs des clubs algériens. Cette saison 2024-2025 promet d’être un florilège de « styles ».
Si du côté des entraîneurs, le made in semble banni, seuls les français Patrice Beaumelle(MCA) et Corentin Martins(CRB) et les tunisiens Radhi Jaidi(PAC) et Hatem Al- Missaoui (USMK) ont trouvé grâce aux yeux des dirigeants des clubs Algériens, côté joueurs étrangers, c’est le grand flux. Et ils arrivent de partout. Un exode qui ne fait, apparemment, que commencer. Ceci sachant que le mercato en Algérie ne s’achève que le 10 septembre prochain. La FAF ayant accordé, sous conditions, le droit à chaque club de disposer de 5 licences, chacun s’y met en jetant l’œil sur sa bourse. Ce qui n’est pas le cas de tout le monde puisque des clubs comme le NC Magra, les néo-promus de l’ES Mostaganem et de l’O. Akbou, n’y semblent pas capables de faire des folies à ce niveau de la concurrence imposée par quelques grosses cylindrées bien encadrées financièrement par les entreprises publiques. Jusqu’à l’heure de la rédaction de cet article, c’est déjà une trentaine de footballeurs étrangers. De la filière ivoirienne à la première sud-africaine .Bien entendu, le marché algérien n’est pas attractif à l’instar des championnats d’Egypte, de Tunisie, du Maroc, de la Tanzanie ou de l’Afrique du Sud.
C’est juste si ce n’est que des joueurs en devenir s’y aventurent en misant sur l’effet tremplin pour rejoindre l’Europe, pensent-ils. Si qualitativement, ils sont nombreux à faire sensation depuis que l’Algérie a ouvert les portes de son championnat aux étrangers, sur le plan quantitatif le nombre a repris une courbe ascendante après une légère accalmie lors des saisons dernières marquées par les dossiers portés par de nombreux joueurs et entraîneurs devant les juridictions d’arbitrage(TRASL, TAS et FIFA). En tout, ils sont une vingtaine pour le moment.
Et leur majorité est de nationalité ivoirienne. S’il est difficile de comprendre le pourquoi de cette « destination », que certains attribuent au fait que contrairement aux footballeurs sénégalais qui ont des partenaires européens qui pompent tous les bons produits, les ivoiriens sont libres de suite (l’Académie JMG, entre autres, n’a plus d’autorité sur l’ASEC Mimosas), la proximité qu’ont certains éléments avec le coach du club algérien semble être derrière cet intérêt. C’est le cas des ivoiriens du champion d’Algérie sortant, le MCA, avec 4 ivoiriens (Mohamed Zougrana, Romaric Ouattara, Kipré Junior et Serge Badjo) qui ont été recrutés sur conseils de l’ancien sélectionneur des Eléphants de la Côte d’Ivoire. Pour leurs compatriotes Sery Gnobela et Mohamed Sylla (MCO), Arafat Doumbia (CRB) et Gbaï Moïse (USMK), il faut chercher la raison dans la perspective que se donnent ses éléments à leur carrière professionnelle.
L’Afrique de l’ouest bien représentée
Traditionnellement, cette présence massive de joueurs étrangers d’un même pays dans un même club Algérien est rare. Il faudrait remonter au début des années 1990 pour retrouver traces d’un trio burkinabé évoluant à l’USM Ain Beida (Issouf Traoré, Moussa Dagno et Moussa Touré). Un autre trio était recruté en 2004 par le MCA (déjà). Il s’agit des maliens Moussa Coulibaly, Drissa Diakité et Rafan Sidibé. Sinon, la plupart des recrues dans un club algérien venaient de pays différents.
Ce qui générait certaines « tensions » au sein du groupe. Pour le prochain exercice, les recruteurs algériens ont résolument choisi la diversification des origines. Il y’a 3 congolais de Kinshasa (Mondeko et Glody Likonza -USMA- et Walter Bwalya-JSK-), 2 nigériens(Wale Musa Alli –USMA- et Najeeb Yakubu, ASO Chlef), 2 sénégalais (Babacar Sarr -JSK- et Sékou Gassama –USMA-), 1 camerounais (Jacques Mbé, CRB),1 congolais de Brazzaville (Prince Ibara, USMK), 1 Malien (Sadio Kanouté, JSK), 1 togolais (Agbagno Evra, ASO Chlef), 1 botswanais( Mohutsiwa Edwin, ASO Chlef), 1 nigérian(Augustin Oladapo, ESS), 1 ghanéen(Maxwell Bakooh du MCO), 1 burkinabé (Jibril Ouattara, JSK), 1 nigérian(Tosin Omoyele, CSC), 1 sud-africain (Khanyisa Mayo, CRB) et 1 béninois (Glélé Togbedji, USMK).
4 internationaux A seulement
Au-delà d’une quantité appelée à se développer d’ici la fin du mercato (10 septembre), il y a lieu de noter que ces joueurs qui rejoignent le championnat algérien ne sont pas tous des internationaux A. C’est-à-dire que leur recrutement a obéit certes, à une des conditions exigées par le législateur algérien (statut d’international) mais pas de la catégorie A. hormis le bolivien Adalid Terrazas, le sud-africain Khanyisa Mayo, le botswanais Mohutsiwa Edwin et le togolais Agbagno Evra qui sont régulièrement convoqués par leur sélection A, le reste faisait partie de sélections des locaux, les U23, U20 ou U19. Ce qui répondait à l’un des critères d’éligibilité fixés par la FAF.
Pour les primes de transfert, ça change tout. A titre d’exemple, l’international des Bafana Bafana, Mayo, a coûté à la trésorerie du CR Belouizdad un peu plus d’un million d’euros. Ce qui est un «record » dans les transferts d’étrangers dans le championnat de ligue 1 Mobilis. Un effort financier justifié par la quête d’une meilleure représentation sur le plan africain. Ce qui a provoqué un véritable tollé en Algérie où l’on estime que le club du Holding Madar dilapide de l’argent public en achetant des footballeurs étrangers dont la valeur est nettement gonflée par les managers.
Or, mathématiquement parlant, le prix payé pour Mayo ne représente rien comparativement aux transferts effectués par des clubs égyptiens, marocains ou tunisiens qui ne sont même pas concernés par une compétition internationale.
