L'incontournable du football africain
L'incontournable du football africain

Maroc contre l’Afrique, acte I !

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Elle court, court, court la rumeur ! La CAN 2025 pas encore officiellement attribuée pourrait être décalée à début 2026 et, mieux, sera qualificative pour le Mondial qu’accueilleront la même année les Etats-Unis, Canada et le Mexique. La « nouvelle » est produite par des gazettes marocaines…

Le projet ne date pas d’hier. Mais son initiateur (instigateur) est le même puisque l’on soupçonne le Maroc comme étant le « fondateur » de cette formule inédite.

Une Coupe d’Afrique qualificative pour un Mondial, voire des JO, c’est généralement dans les Sports Co où l’on recense les exemples. Jamais une phase finale d’une CAN de football n’aura décidé du nom des représentants africains à l’issue d’une phase finale continentale et ce, depuis la première fois que l’Afrique a acquis le droit de participer à une Coupe du monde.

Le plus souvent, les équipes des associations affiliées à la CAF passent l’examen suite à de longs préliminaires continentaux. A savoir un 1er tour, un second puis un troisième et parfois par des matches de barrage comme ce fut le cas en novembre 2013 et en mars 2022 pour ce qui des qualifications à la CM du Brésil(2014) et du Qatar(2022).

Par deux fois (2006 et 2010), les équipes africaines ont du passer par des qualifications jumelées CAN-Coupe du Monde. Et par deux fois, les Lions de l’Atlas n’y avaient pas échappé à l’élimination.

Pour atteindre le nombre de six participations en Coupe du monde, le Maroc a trouvé beaucoup de largesses.

Pour sa première qualification à une phase finale d’une Coupe du monde (1970 au Mexique), le Maroc a du souffrir au premier tour face au Sénégal, match joué en trois actes à savoir aller à Casablanca (victoire 1-0) et retour à Dakar(défaite 1-2) ainsi qu’un match d’appui joué à Las Palmas (Espagne) remporté par le Maroc 2-0. C’est avec le même procédé que les marocains passeront l’écueil de la Tunisie lors du 2è tour. En l’occurrence un nul 0-0 à Tunis puis un second sur le score de 1 partout à Casablanca ensuite un 2-2(après prolongation) à Marseille(France), en match d’appui. Le Maroc se qualifiera grâce à la pièce, un tirage au sort. Lors du tour final, les marocains termineront premiers de la poule unique devant le Nigéria et le Soudan. Le Maroc qui avait battu chez lui le Nigéria (2-1) ont fait la différence en accrochant le Soudan à Khartoum (0-0) avant de le corriger à Casablanca (3-0). Lors du match retour face au Nigéria à Ibadan, les Lions de l’Atlas ont été battus 0-2. Les Green Eagles avaient manqué leur qualification après avoir été tenus en échec par le Soudan à Ibadan(2-2) puis à Khartoum (3-3). C’est dire…

Pour revisiter le Mexique, en 1986, le Maroc a du écarter de son chemin la Sierra Leone (0-0 à Freetown et 4-1 à Casablanca), le Malawi (2-0 à Casablanca et 0-0 à Blantyre), l’Egypte (0-0 au Caire et victoire 2-0 à Casablanca) et enfin la Libye (victoire 3-0 à Casablanca et défaite 0-1 à Benghazi). Soit deux sélections à leur portée et deux autres dans des derbies qu’ils ont tout le temps su négocier face à ces deux pays.

Pour sa troisième participation à une phase finale du Mondial, en 1994 aux Etats-Unis, le Maroc passera par deux étapes éliminatoires. Une première sous forme de mini-championnat durant lequel il a passé l’écueil du Bénin, l’Ethiopie et la Tunisie. Pas de quoi sortir le grand jeu sinon lors du derby contre les Aigles de Carthage.

Victorieux en aller et retour face au Bénin (0-1 et 5-0) et l’Ethiopie (5-0 et 0-1), les camarades de Nourredine Naybet ont été incapables à prendre la mesure des Aigles de Carthage auteurs d’un nul chez eux (1-1) puis d’un second partage de points à Casablanca (0-0). C’est donc sur un petit point que la qualification s’est jouée en faveur du Maroc, les deux équipes s’étant révélées euphoriques face aux deux sélections du groupe (13 buts marqués par le Maroc et 14 par la Tunisie qui ont encaissé 2 buts alors que le Maroc n’avait concédé qu’un seul).

Quatre ans plus tard, le Maroc décroche sa quatrième qualification à un tournoi du Mondial en alignant un sans-faute lors du second tour ; le premier tour l’équipe dirigée alors par le français Henri Michel ne l’a pas disputé puisque exempte.

En six matches de poule, les coéquipiers de Mustapha Hadji ont aligné cinq succès devant respectivement la Sierra Leone(4-0 à Casablanca et 0-1 à Freetown), le Gabon(0-4 à Libreville et 2-0 à Casablanca) et le Ghana(1-0 à Casablanca) et concédé un nul face au Ghana à Accra(2-2). Là encore, il faut bien souligner la qualité des adversaires proposés aux Lions de l’Atlas.

La preuve, depuis France1998 le Maroc n’a pas connu le bonheur de faire partie du gotha mondial en quatre éditions consécutives ( 2002, 2006, 2010 et 2014).

Il fallait attendre 20 ans pour revoir les Lions de l’Atlas aller en Coupe du Monde. C’est en 2018, en Russie, que le Maroc célébrera sa cinquième participation. Une qualification obtenue miraculeusement, doit-on préciser. Face au Mali, le Gabon et la Côte d’Ivoire, ses concurrents du groupe C, le Maroc a réalisé trois victoires dont celle décisive obtenue à Abidjan.

A domicile, l’équipe marocaine a dynamité le Mali (6-0) puis le Gabon(3-0) mais a du faire des concessions contre les Eléphants fraichement sacrés en CAN(0-0 à Rabat). C’est à Abidjan et contre toute attente, que les marocains boucleront leur parcours et obtiendront le fameux sésame pour la Russie.

Lors du tour préliminaire, ils avaient écarté difficilement la Guinée Equatoriale (victoire 2-0 à Agadir et défaite 0-1 à Bata). Une qualification qui n’a pas sauvé la tête de l’entraineur Zaki, limogé par la FRMF qui a confié la sélection à Hervé Renard.

Durant la campagne de Qatar-2022, les Lions de l’Atlas avaient l’opportunité de disputer l’ensemble de leurs matches de poule au Maroc. Face au Soudan, la Guinée et la Guinée-Bissau, la sélection de Vahid Halilhodzic réalisera le score parfait (6 matches, six victoires, 20 buts marqués et 1 encaissé). Mieux, lors du match de barrage face à la RD Congo, elle échappera à une correction à Kinshasa (1-1) puis corrigera de pâles Léopards à Casablanca quatre jours plus tard (4-1).

La phobie Algérie !

Comme on le constate, sur les six participations arrachées par le Maroc en phase finale d’une Coupe du monde, quatre ont été « entachées » par le jeu du sort et probablement des coulisses. Et c’est justement avec cette façon de faire que les marocains comptent imposer à la CAF une formule saugrenue dont le seul objectif est de priver…l’Algérie d’un retour sur la scène mondiale. Comment est-ce possible, me diriez-vous ?

Par l’absurde, certainement ! En remportant le droit d’organiser le tournoi panafricain de 2025, le Maroc espère voir l’Algérie, autre candidat pour l’abriter, opter pour le boycott sinon à ne pas figurer parmi les 9 pays africains qualifiés d’office au Mondial nord-américain de 2026. Comme l’éventualité d’un boycott par l’Algérie de toute compétition africaine ou internationale se tenant sur le sol du royaume chérifien n’est pas envisageable, contrairement au Maroc qui trouve des prétextes pour ne pas venir en Algérie prendre part au CHAN puis à la CAN-U17 qui s’ouvre dans deux semaines, Lekjaâ et ses sbires font le forcing pour que la CAF accepte la résolution portant changement du système des qualifications au Mondial-2026 lors du prochain congrès de Cotonou, en juillet.

Passer par l’épreuve de la CAN pour décrocher les 10 premières places, neuf qualificatives directement et une dixième sujette à un barrage intercontinental, signifie que l’Algérie doit franchir le premier tour et les huitièmes de finale. Avec 24 participants en phase finale, cela donne seize pays qui franchiront le premier tour(les deux premiers de chacun des six groupes en sus des deux meilleurs troisièmes des six poules) et 8 pour les quarts de finale. Ces derniers seraient donc qualifiés directement en Coupe du monde. Le neuvième pays sera cette équipe éliminé sur le score le plus serré en huitième tandis que l’éventuel dixième représentant africain, sera la seconde équipe ayant été éliminée de la même manière que le neuvième qualifié, mais qui aura à passer par un barrage intercontinental. C’est ce schéma diabolique que le Maroc veut mettre en place pour empêcher les Verts à ne pas réaliser leur rêve d’une cinquième participation à un Mondial. Les marocains imaginent déjà la sélection algérienne souffrir, comme ce fut le cas au Cameroun, lors du premier tour ou à défaut tomber sur un gros morceau à l’occasion des huitièmes de finale. La difficulté n’étant pas seulement une affaire de terrain, les marocains mettront les ingrédients nécessaires pour barrer la route du Mondial à Belmadi et ses hommes.

Un « rêve » maladif qui confirme l’hostilité du pays de sa majesté à son voisin de l’Est déjà victime de la main marocaine dans l’élimination face au Cameroun signée Bakary Gassama.

Mais pour qu’une telle œuvre soit adoptée, les marocains doivent compter sur la complicité de la Confédération de Patrice Motsepe et de nombreuses fédérations alliées à travers la CAF, certainement de la Fifa de Gianni Infantino.

Faouzi Lekdjaâ, le ministre délégué au budget, vomi par les marocains mais appuyé par le Makhzen, multiplie les initiatives pour amener le maximum de fédérations africaines à rallier sa cause.

Pour ce faire, il a promis aux dirigeants de ces fédérations nationales d’appuyer leurs sélections pendant la CAN-2025 qui se tiendrait au Maroc.

C’est fort logiquement que Lekdjaâ misera sur les pays dont les équipes figurent dans le top 10 africain moins l’Algérie. Le dernier classement Fifa publié le 6 avril accorde, à ce propos, la primauté au Maroc, le Sénégal, la Tunisie, l’Egypte, le Nigéria, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, Burkina Faso, le Mali et le Ghana. Il ne devrait pas trop changer d’ici-là.

Lekdjaâ fera en sorte que ces équipes se qualifient d’abord en phase finale de la CAN. Puis envisage de les intégrer dans le package africain qui se rendra en Amérique du Nord pendant l’été 2026. Un plan macabre qui « punit » l’Algérie mais également beaucoup d’autres pays du continent. Les principales fédérations étant celles de l’Afrique du sud, la RD Congo, la Guinée, le Cap-Vert, le Gabon, la Zambie, l’Ouganda, le Bénin, la Guinée Equatoriale ou encore la Mauritanie d’Ahmed Yahya, vice-président de la CAF.

Il ne faut pas non plus négliger le « poids » de la Libye d’Abdelhakim Shalmani, membre du Comex qui remettra son mandat de membre du bureau exécutif pour la Zone UNAF lors du congrès de juillet (le mandat tunisien Wadii Jarri, le second représentant de la zone nord-africaine, s’achevant quant à lui dans deux ans). Shalmani fera tout pour que l’Algérie ne soit pas de la fête. La candidature exprimée par le président de la FAF Djahid Zefizef pour le remplacer au Comité exécutif de la Confédération est mal perçue par l’actuel président de l’UNAF. Pour les initiés, Shalmani est une vraie énigme dans le jeu malsain de Lekdjaâ dans sa quête d’affaiblir le dossier algérien à l’organisation de la CAN-2025.

Le libyen qui a une voix à exprimer lors du scrutin pour l’attribution de la 35è édition prévu avant septembre et probablement celle de 2027 s’il est encore conservé au Comex accomplirait bien son rôle de « connecteur » au service de Lekdjaâ.

L’UNAF divisée, Motsepe dépassé

Il est donc loisible de comprendre le pourquoi du renvoi de la décision d’attribuer la CAN-2025 à l’avant septembre 2023 et de l’annonce le jour même du pays organisateur de l’édition suivante(2027). Cela milite pour une manœuvre diabolique qui pourrait priver l’Algérie et de l’organisation du tournoi de 2025 et de celui d’après. La CAF ayant précisé que les candidatures pour la 36è édition sont ouvertes dès le 6 avril dernier sans préciser si le Maroc et l’Algérie sont concernés par une éventuelle nouvelle candidature. Cette décision a été prise lors d’un congrès tenu par visioconférence durant lequel la CAF a annoncé officiellement son soutien à la candidature du Maroc à l’organisation du Mondial-2030 aux côtés de l’Espagne et du Portugal.

Le communiqué de la Confédération, s’il ne mentionne pas pourquoi l’annonce de l’attribution de la CAN-2025 est renvoyée sine die à l’avant septembre, assure que sa décision d’ « ouvrir la candidature pour l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations 2027 fait suite à des demandes de nombreuses associations membres de la CAF et de leurs gouvernements pour accueillir la compétition».

Comme on peut se rendre à l’évidence, ni l’Algérie ni le Maroc n’ont exprimé le vœu d’accueillir le rendez-vous de 2027 se contentant de miser sur celui de 2025 que la CAF a visiblement concédé au Maroc.

Nul besoin, par conséquent, de tirer la conclusion que si l’Algérie n’aura pas l’organisation de la CAN-2025, elle ne sera pas non plus concernée par la course pour accueillir celle de 2027. Mais l’action du Maroc est encore plus dangereuse qu’on peut imaginer.

S’il s’agissait seulement et simplement de tordre le cou à l’Algérie, le Maroc n’aurait en définitive été que dans sa propre logique. En cherchant à transformer fondamentalement la formule de qualification, qui n’existe nulle part ailleurs faut-il le préciser, l’un des derniers royaumes en Afrique (avec l’Eswatini et le Lesotho) provoque quelque part de nombreuses nations africaines où le football est une seconde religion à l’instar de l’Afrique du Sud de Patrice Motsepe, la RD Congo, le Togo ou encore l’Angola. Des sélections qui ont déjà une histoire avec l’épreuve dédiée à ses débuts à Jules Rimet et qui nourrissent toujours de revenir sur la scène internationale à travers cette compétition d’envergure. Les écarter du Mondial juste parce qu’ils n’ont pas brillé lors d’un tournoi de la CAN ne serait qu’injustice pour ces pays qui s’investissent énormément dans le développement du football. Le pays arc-en-ciel à lui seul dispose d’un véritable championnat professionnel avec des rencontres qui se jouent dans des stades modernes et des clubs économiquement fiables comme le sont les Mamelodi Sundowns, Kaizer Chiefs, Orlando Pirates ou encore les Marumo Gallants. La RD Congo est assez représentative en clubs grâce au TP Mazembe, Vita Club et Motema Pembe alors que les Petro Atletico de Luanda et Primeiro Agosto sont les dignes représentants du football angolais sur la scène continentale. D’ailleurs, il est paradoxal de savoir que la CAF retienne des clubs de ces pays pour la première édition de la Super League Africaine mais qui n’offre pas assez de crédit aux sélections de ces pays.

Alors, il faudrait chercher une autre raison plus convaincante pour expliquer une telle proposition qui provoquerait à coup sûr une véritable fracture au sein de la famille du football africain si elle venait à être adoptée lors du prochain congrès de la CAF.

Diviser pour mieux régner serait cette nouvelle forme d’expansionnisme que le Maroc compte imposer à l’Afrique à travers le football. Qu’en pensent les africains ?

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