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Le débat – Algérie :Lotfi Madjer, et le principe de naturalise qui veut

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La sélection de Lotfi Madjer, fils de son père Rabah l’ancienne grande star du football algérien, avec l’équipe nationale du Qatar, relance de nouveau le débat sur le choix de la nationalité sportive en Algérie. Entre incompréhension et intolérance.

Nationalité sportive, à ne pas confondre avec nationalisme

Avec la nouvelle sélection du jeune Lotfi Madjer chez les U23 du Qatar, c’est le débat sur le choix de la nationalité sportive et la naturalisation des footballeurs qui est de nouveau relancé en Algérie. A 22 ans, jamais convoqué dans les sélections de jeunes en Algérie, l’un des fils de Rabah Madjer, l’une des légendes du football algérien, a répondu présent à l’appel de la sélection du pays là où il a pratiquement tout le temps vécu.

C’est au Qatar que le jeune Madjer a fait toutes ses classes et a été même retenu par la célèbre Académie Aspire, avant sa parenthèse à l’Académie du Paradou AC lorsque son papa était retourné en Algérie pour driver la sélection. Aujourd’hui, la famille Madjer vit au Qatar et le jeune Lotfi a opté pour El Annabi qui a estimé qu’il avait le talent pour y faire partie. Où est le mal et où est le drame ? Rabah Madjer a été, encore une fois, contraint de faire une sortie médiatique pour expliquer et défendre le choix de son fils, et de sa liberté de porter le maillot du Qatar à défaut de celui des Fennecs, qu’il aurait aimé vêtir et défendre crânement, comme l’a fait son paternel à son époque.

Mais à défaut d’une sélection chez les Verts, le jeune Madjer ne pouvait hypothéquer sa carrière footballistique et attendre une convocation qui ne viendrait jamais. Et à ce jeu de naturalisation sportive, certains confondent avec nationalisme ou désamour, ce qui n’est souvent pas le cas.

Pour rester dans le cas du Qatar, deux joueurs d’origine algérienne, l’un venant du pays et l’autre de France, ont porté fièrement le maillot du Qatar sans que quiconque ne crie garde. Pourquoi alors s’en offusquer quand il s’agit du jeune Madjer ? Un nom peut être lourd à porter. Boualem Khoukhi (33 ans), natif de Bou Ismaïl et qui a évolué à la JSM Chéraga, frôle la centaine de sélections (98) avec Al-Anabi. Karim Boudiaf (33 ans également), né Rueil-Malmaison, passé par le FC Lorient et l’AS Nancy-Lorraine, a, lui, dépassé la centaine de capes (109). Le destin de ces deux joueurs les a amenés à vivre une carrière fabuleuse qu’ils ne regrettent pas, et qui a fait la fierté de leurs familles respectives, et indirectement de l’Algérie dont les enfants font le bonheur d’autres nations, et ce dans tous les domaines.

Ceux qualifiés des ‘’ennemis de toujours’’

Malheureusement, il se trouve certains esprits malveillants et malfaisants qui ne ratent pas l’occasion de venir régler leurs vieux comptes ou s’inscrire dans des agendas devenus connus aujourd’hui, pour dénigrer et salir ni plus ni moins les joueurs et leurs familles pour le simple fait de choisir une nationalité sportive. En un mot simple, on appelle cela de l’intolérance. Ces cercles, que Rabah Madjer qualifie ‘’d’ennemis de toujours’’, sont capables de fomenter des scénarios pour non seulement diffamer, mais surtout accuser de traitrise et jeter l’opprobre sur des jeunes, leurs familles et d’autres personnes qu’on veut impliquer dans des complots sordides de réseaux de naturalisation de jeunes footballeurs.

L’exemple le plus frappant est cette histoire fomentée de toute pièce, il y a plus d’une année, autour du transfert de trois joueurs du Paradou AC vers des clubs Qataris. Les mêmes cercles ont appelé au scandale et accusé le club des hauteurs d’Alger d’être derrière une affaire avec comme but celui de naturaliser de jeunes footballeurs au profit du Qatar.

Une polémique est alors née et a obligé le ministre de la jeunesse et des sports de l’époque, Abderrazak Sebgag, de demander des explications à l’ex-président de la Fédération algérienne de football, Djahid Zefizef. Evidemment, ce dernier a dû expliquer dans le détail les tenants et les aboutissants de cette histoire, à savoir des transferts des plus réglementaires passés par le système TMS de la FIFA sous l’aval de la fédération et avec le consentement de toutes les parties impliquées.

Tout récemment, l’ancien responsable de l’Académie de la FAF, l’espagnol Vicente Girona a menacé de porter l’affaire en justice contre ceux qui l’ont accusé de faire partie d’une filière de transfert et de naturalisation de jeunes joueurs vers le Qatar.

’Moi, naturaliser des joueurs algériens au Qatar, c’est vraiment grave. Des propos et des insinuations qui touchent à ma dignité et à ma famille. Moi, j’ai travaillé honnêtement en Algérie pour la fédération pour former des joueurs qui, une fois l’académie fermée, ont été repris par plusieurs clubs (Paradou, MC Alger, MC Oran, CR Belouizdad, JS Kabylie, USM Alger …). S’il y a maintenant des joueurs qui sont transférés par un club au Qatar ou ailleurs, ce n’est pas mon rayon ni ma fonction de transférer ces joueurs’’, avait confié le technicien espagnol à Africa Foot United, avant que cette histoire ne se révèle être un véritable pétard mouillé dont l’objectif est de frapper encore une fois les esprits et jeter l’anathème sur des personnes.

Après, personne ne vient expliquer le long chemin et toutes les procédures que doit accomplir un jeune footballeur pour être naturalisé sur la base d’un choix strictement personnel (il faut séjourner par exemple 5 ans au Qatar pour prétendre à être admis à une naturalisation sportive).

Zidane, Benarbia, Benzema, Fekir, Adli et les autres

Le football foisonne d’histoires de joueurs ayant porté le maillot de plusieurs sélections, dont les plus célèbres sont le hongrois Laszlo Kubala qui, entre 1946 et 1961, a joué pour l’ex-Tchécoslovaquie, la Hongrie et l’Espagne, et l’Argentin Alfredo Di Stefano qui a porté les couleurs de son pays de naissance, puis la Colombie et enfin l’Espagne.

Avec le temps, la FIFA est venue à chaque fois mettre de l’ordre et des règles d’éligibilité pour assumer une sélection et de pouvoir changer de nationalité sportive dans des cas précis (la fameuse Loi du Congrès des Bahamas en 2008 entre autres).

Le football algérien a lui aussi son lot d’histoires de joueurs ayant par exemple porté le maillot de l’équipe de France, avant et après l’indépendance, et surtout passés du bleu vers le vert, et non pas le contraire. Comme il y a ceux qui ont choisi de défendre le maillot frappé du Coq Gaulois, à l’image d’un Zindedine Zidane (décoré par l’Algérie de l’ordre du mérite du temps de Bouteflika !), d’un Karim Benzema, Nabil Fekir et bien d’autres. Il y a ceux, de l’équipe du Front de libération nationale qui ont fait un choix politique et de principe en adhérant à la cause nationale, comme d’autres l’ont fait sans réfléchir au premier coup quelques années après, à l’image de Belmadi, Mahrez ou Chaïbi, par exemple.

Et, il y a ceux qui ont évolué chez les jeunes de l’équipe de France avant d’opter pour défendre le drapeau du pays d’origine. Là aussi, la liste est également longue parmi les Benarbia, Aouar, Gouiri et autre Bouanani. Les algériens sont tous fiers et heureux de voir ces jeunes pétris de qualité changer de nationalité sportive pour jouer pour les Verts, mais ils sont ambivalents avec d’autres comme Yacine Adli, claché pour avoir déclaré qu’il attendait un signe de la part de l’équipe de France.

Les Boateng, une histoire-symbole à raconter

Pourtant, comme l’écrivait Chérif Ghemour, ‘’on n’a jamais reproché à Zidane d’avoir embrassé le maillot tricolore plusieurs fois après avoir marqué ses deux buts contre le Brésil en 1998’’ !

Ce qui est certain, pour un binational, ce n’est jamais facile d’opter pour l’une ou l’autre des sélections, et la vie après le choix est toujours parsemée de risques. Des joueurs l’ont vécu à leur corps défendant, comme Luiz Fernandez, honni par les Espagnols lors de la finale de l’Euro 1984 face à la France, et d’autres comme les demi-frères Boateng qui l’ont savouré autrement, avec Kevin-Prince sous le maillot du Ghana, et Jérôme sous celui de l’Allemagne, champion du Monde 2014. La trajectoire de ces deux-là résume bien l’histoire des binationaux dans le football avec ses contradictions, ses complexités, ses intérêts sportifs et extra-sportifs.

En 2010, à la Coupe du Monde en Afrique du Sud, toute une symbolique, le match Allemagne – Ghana, était sous le signe de ‘’frère contre frère’’ puisque les deux Boateng étaient l’un en face de l’autre, chacun défendant la sélection pour laquelle il a opté sportivement. Sans rancune et sans scandale dans les deux pays.

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