L'incontournable du football africain

Lakhdar Belloumi, le Magicien de Mascara

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Joueur emblématique de la génération de Rabah Madjer, Lakhdar Belloumi est considéré comme l’un des meilleurs footballeurs de l’histoire des Fennecs, si ce n’est le plus grand de tous les temps.

Son palmarès n’est pas des plus flamboyants mais il a réussi tout de même à atteindre une réputation internationale. Ceci en dépit d’une carrière construite exclusivement dans son Algérie natale. De quoi faire du natif de Mascara un véritable magicien du football.

Fils d’un ouvrier agricole, Lakhdar Belloumi est né d’une famille modeste à Mascara. Ses débuts, il les consacre au football mascarien au sein de l’Olympique Sempac. À l’âge de 17 ans, le jeune footballeur prend la direction du Scaf el Khemis où il évolue en deuxième division. Puis son parcours professionnel devient un véritable ballet entre le GC Mascara et le MC Oran entre 1976 et 1999.

Très jeune mais déjà responsable et conscient

À 17 ans, Lakhdar Belloumi décide de s’exiler à 150 km du foyer familial pour signer au SCAF El-Khemis en Division 2. Au-delà du désir de réaliser le rêve de découvrir le haut niveau, il est aussi guidé par une autre ambition. Il s’agit d’alléger la charge de son père en ramenant un revenu supplémentaire à la famille. Cette même année, il est convoqué en équipe nationale algérienne junior aux côtés de Merzekane, Kaci-Saïd et Madjer. Un an plus tard, il revient dans sa ville natale pour intégrer le GC Mascara. Une année après son retour chez lui, il rejoint le MC Oran sous les ordres de Saïd Amara.

Des débuts de rêve chez les Fennecs

A seulement 19 ans, Lakhdar Belloumi fait déjà parler de lui en Algérie. Lors de la saison 1978-1979, il termine il finit co-meilleur buteur du championnat avec Bousri Abdeslem MPA et Guemri Redouane ASCO avec 11 buts. Ce qui lui a valu une convocation en équipe nationale A. Il dispute ses premières minutes le 5 avril 1979 lors d’une victoire 1-0 contre le Mali. C’était dans le cadre des qualifications aux JO 1980 où il marque son premier but. Il aura disputé en tout 10 des 11 matchs de la sélection algérienne avec 5 buts entre le 1er janvier 1979 et le 31 décembre 1979. En décembre, il est le meneur de l’équipe nationale d’Algérie qui battra le Maroc 5-1 à Casablanca et 3-0 à Alger lors des qualifications aux Jeux olympiques.

L’heure de la gloire avec la CAN 1980

Lakhdar Belloumi continue de monter en puissance et se révèle encore plus à l’Afrique lors de la CAN 1980. Avec lui, les Fennecs atteignent pour la première fois la finale de la Coupe d’Afrique des Nations. Malheureusement, ils perdent face au pays hôte, le Nigeria, 3-0. N’empêche, le natif de Mascara s’est très bien illustré. Le petit prodige est élu meilleur attaquant du tournoi. Quatre mois plus tard, lors des Jeux Olympiques de Moscou, il se distingue en menant l’Algérie en quarts de finale et se fait mondialement connaître. Le légendaire maître à jouer algérien continue sur sa lancée et donne d’abord une qualification au Mondial 82 avant d’offrir sur un plateau une victoire historique face aux Allemands de l’Ouest champion d’Europe en titre, inscrivant le but de la victoire (2 buts à 1). Ses belles performances lui ont permis de recevoir un peu plus tôt le Ballon d’Or africain, récompensant le meilleur footballeur africain de l’année. Il est d’ailleurs le premier algérien de l’histoire à recevoir cette distinction.

Fidélité à mascara, des transferts avortés

Aussi brillant en club qu’en sélection nationale, Lakhdar Belloumi est très convoité par de grands clubs européens. Le FC Barcelone, le Paris SG, la Juventus et le grand Real Madrid des années 1980 étaient tous intéressés. Mais fidèle à son pays et très attaché à sa ville natale, il retourne chez lui en signant au modeste GC Mascara lors de la saison 1981-1982. Il continue son petit bonhomme de chemin et reçoit encore des contacts avec des clubs européens, notamment les Catalans, qui insistent sur le maestro. Cependant, la loi algérienne ne permet pas au joueur de quitter le pays avant l’âge de 27 ans.

La Fédération Algérienne de Football interdisait à l’époque tous joueurs algériens de moins de 28 ans de quitter le pays pour un club étranger sans une autorisation spéciale, sur décision du président de l’époque Chadli Bendjedid. En 1985, le jeune « Magicien » tient encore l’occasion de s’offrir enfin son transfert rêvé vers l’Europe. Après un match amical contre la Juventus, le club italien décide de le signer. Mais comme un coup du sort, Belloumi est victime d’une blessure grave le 15 mars 1985 à Tripoli, lors de la manche retour de la Coupe des Clubs Champions. Une fracture de la jambe causée par le libéro d’Al Ittihad Tripoli Abu-Bakr Bani qui l’aurait déjà menacé à Mascara.

Un retour gagnant à la compétition pour Lakhdar Belloumi

Six longs mois après sa blessure, le Magicien de Mascara revient sur les terrains. Il est au rendez-vous avec son club dès le mois de septembre et surtout avec l’équipe nationale. Son « come-back » pour le dernier tour des éliminatoires de la Coupe du monde face à la Tunisie est comme cinq ans auparavant à Casablanca marqué par une victoire 4-1 à l’extérieur et 3-0 à domicile. Un an après son transfert avorté à la Juventus, Lakhdar avait l’opportunité de rejoindre enfin un club européen. Mais les négociations avec le Real Murcie, qui joue en première division espagnole à l’époque, n’ont pas abouti. Il retourne cette fois-ci au MC Oran (MCO) pour y décrocher son deuxième titre de champion d’Algérie.

Avec les Fennecs, il retrouve la CAN en 1988 avec deux réalisations. Son mauvais souvenir de cette édition restera son dernier tir manqué contre le Nigeria en demi-finales. Il termine quand même meilleur buteur du tournoi avec Roger Milla, Abdoulaye Traoré et Gamal Abdel Hamid. Dans la foulée, Lakhdar Belloumi signe son seul contrat professionnel de sa carrière dans un club étranger au Qatar avec le prestigieux club Al-Arabi Sports Club ou il terminera quatrième au classement du championnat.

La disgrâce et la fin avec les Fennecs

Après sa virée au Qatar, l’international lagérien revient encore au pays, au MC Oran. Il essaie de décrocher la Coupe d’Afrique des clubs champions, renommé actuellement Ligue des Champions de la CAF. Malheureusement ils seront battus en finale par le Raja Casablanca. Il aura été brillant avec le club oranais mais visiblement pas assez pour revenir en équipe nationale. Belloumi tombe en disgrâce en décembre 1989 suite à la confrontation avec l’Egypte lors des éliminatoires de la Coupe du Monde 1990. Accusé par la presse égyptienne d’avoir blessé un médecin des Pharaons, il est écarté de l’équipe nationale par l’entraîneur Abdelhamid Kermali. Pourtant, il se trouvait avec Kermali justement, au septième étage de leur hôtel.

Ce dernier a sauté sur l’occasion pour se débarrasser de Belloumi. Conséquence, il n’est pas retenu pour la CAN 1990 organisée à domicile. Belloumi regardera les Verts triompher sans lui. Il ne rejouera plus jamais avec l’Algérie dont il est le recordman de sélections (cent capes selon la FIFA, cent cinquante pour d’autres sources), avec 27 buts. Après une dernière saison avec le grand MC Oran, il retourne dans sa ville natale où il joue encore pendant 5 ans avant de raccrocher en 1999 à 40 ans. Il est d’ailleurs reconnu comme l’inventeur de la « passe à l’aveugle ».

Carrière d’entraîneur

A la fin de sa carrière, Lakhdar Belloumi n’est pas resté loin des terrains de football. Il lance sa reconversion en passant ses diplômes d’entraîneur en Allemagne. Ce qui lui permet d’entamer sa carrière sur les bancs de touche au MC Oran durant quelques mois. Il débarque ensuite l’USM Bel-Abbès en tant que Manager Général. En 2003, il file au Qatar pour s’engager avec Al-Tadamon Club, actuellement Umm-Salal SC, en deuxième division. Mais il ne reste qu’un petit mois alors que son club était en deuxième position. Revenu au pays, il réintègre les rangs du GC Mascara au poste de Manager, réussissant la montée. Ce qui n’était plus arrivé depuis 1987. On lui confie la barre technique à l’entame de la saison 2004/2005 avant de la lui retirer.

Deux mois plus tard, il est appelé par Ali Fergani pour le seconder à la tête de l’équipe nationale algérienne. Son talent et sa grâce, mêlés à sa science ballon au pied, ont été reconnus par tous ceux qui le regardaient jouer, y compris le grand Pelé, qui a déclaré après le match Brésil-Algérie lors du Mondial de 1986 que Belloumi « est un génie. »

Palmarès en tant que joueur :

  • GC Mascara : Champion d’Algérie 1983-84
  • MC Oran : Champion d’Algérie 1987-88, vice-Champion 1989-90
  • Ligue des champions de la CAF : Finaliste en 1989

Palmarès en sélection d’Algérie :

  • Jeux méditerranéens : Médaille de Bronze en 1979
  • Coupe d’Afrique des Nations : Finaliste 1980, 3e en 1984 et 1988
  • Participation aux Jeux olympiques d’été 1980 à Moscou (Quart de Finaliste)
  • Participation à la Coupe du monde en Espagne 1982 et au Mexique 1986 (Phase de Groupe en 1982 et en 1986)
  • Participation à la Coupe du monde de futsal 1989 aux Pays-Bas

Palmarès en tant qu’entraineur

  • Championnat arabe des clubs : Finaliste 2001 avec le MC Oran
  • Coupe d’Algérie de futsal : Champion 2012 avec le GC Mascara

Distinctions personnelles

  • Meilleur joueur du championnat d’Algérie : 1979, 1980, 1981, 1984 et 1988
  • Meilleur buteur du championnat d’Algérie : 1978-79
  • Buteur à la Coupe d’Afrique des nations : 1988
  • Ballon d’or africain : 1981
  • Ballon de bronze africain (3e) : 1982
  • Meilleurs joueurs de football du XXe siècle selon l’IFFHS : 62e position
  • Meilleurs joueurs africains de football du XXe siècle selon l’IFFHS : 4e position
  • Troisième meilleur joueur des Jeux méditerranéens en 1979.
  • Élu meilleur attaquant de la Coupe d’Afrique des nations en 1980.
  • Membre de l’équipe type de la Coupe d’Afrique des nations en 1980 et 1984
  • Prix du mérite de la CAF en 2008.
  • Prix du mérite par le journal algérien Echorouk El Yawmi en 2008.
  • Élu meilleur joueur algérien du xxe siècle (avec Rabah Madjer) selon le journal El Heddaf-Le Buteur en 2009.
  • Meilleur sportif algérien 1981 selon l’APS.

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