L'incontournable du football africain

Chérif Souleymane, le leader incontesté d’une génération dorée

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Chérif Souleymane est sans doute le plus grand footballeur guinéen de l’histoire. Un homme au parcours original qui a su s’imposer à l’Afrique du foot dans les années 70. Entre ses débuts en Allemagne et sa carrière en Guinée, il s’est construit une grande réputation qui lui a valu au fil du temps le Ballon d’Or africain. Voici l’histoire d’un futur plombier devenu une légende en Guinée.

Agé de 78 ans, Chérif Souleymane est d’une époque où le football guinéen brillait de mille feux. Ceci à travers les succès éclatants du Hafia FC de Conakry et de la sélection nationale guinéenne. Et pourtant, l’homme était bien loin d’imaginer se faire une carrière aussi glorieuse dans le football local et continental.

De la route vers la plomberie à la découverte du football

Né en 1944 à Kindia, Chérif Souleymane est d’une famille modeste. Mais le fils né d’un chauffeur/mécanicien avait des rêves et des ambitions. A l’âge de 17 ans, il quitte sa Guinée natale pour l’Allemagne de l’Est, en 1962, pour des études en plomberie.

Mais très vite, il va basculer dans une autre option qui le guide vers le football. « J’étais parti pour des études de plombier en montage de sanitaires. Mais j’ai changé d’option parce que j’avais plus facilement accès au football en tant qu’architecte », raconte Souleymane. Son adaptation est vite faite. « Je me suis vite adapté et j’ai rapidement appris la langue, souligne-t-il. J’ai appris à connaître l’Allemagne. Je me suis bien intégré et je me suis identifié aux Allemands.

Aujourd’hui encore, je n’ai pas oublié leur langue », confie-t-il.

Il empile les matchs à Neustelitz puis à Neubrandenburg. Cherif Souleymane reste à ce jour le seul étranger à avoir évolué dans un championnat de la République Démocratique d’Allemagne.

1965 : Retour au bercail pour devenir une légende au Hafia AC

Trois ans après avoir quitté la Guinée, Cherif Souleymane retrouve ses racines en 1965. Il rejoint le Hafia FC de Conakry où il va commencer par écrire sa légende. Il est le symbole d’une période glorieuse qu’a connu ce club mythique de la Guinée. Avec son club, le maître à jouer remporte trois Coupes d’Afrique des clubs champions en 1972, 1975 et 1977. En 1972, il a notamment marqué deux buts contre les Tanzaniens du Simba SC. Ceci lors d’une victoire 4-2 à l’aller et 3-2 au retour en finale de la compétition. Il se souvient d’ailleurs du premier titre remporté à Kampala comme un conte de fée.

« Quand on est arrivé à Conakry, une foule immense nous attendait. Imaginez-vous un retour après une victoire à l’extérieur. Les papas, les oncles, les enfants, tout le monde était là ! Les gens couraient derrière le bus qui nous emmenait vers le panthéon de la victoire », se souvient-til.

Cherif Souleymane a aussi remporté avec le Hafia le championnat de Guinée en 1966, 1967, 1968, 1969, 1971, 1972, 1973, 1974, 1975, 1976, 1977, 1978 et 1979. A ce palmarès s’ajoutent deux Coupes de Guinée en 1967 et 1971 et deux finales de la Coupe d’Afrique des clubs champions en 1976 et 1978.

Un succès au goût d’inachevé en sélection

Grâce à ses succès en club, Chérif Souleymane commence à avoir une belle réputation. Il retrouve la sélection nationale de la Guinée qui s’est même qualifiée pour les Jeux olympiques de 1968. Ceci trois après avoir fait ses débuts avec le Syli National en 1965. Cependant, sa plus grosse déception reste cette CAN perdue en 1976 malgré un parcours sans faute. Leader incontesté d’une génération dorée (Papa Camara, Petit Sory), Souleymane n’a pas pu empêcher le Syli National d’échouer dans son ambition. Invaincus, ils avaient battu l’Ethiopie sur leur propre terrain et avaient pulvérisé l’Egypte 4 buts à 2.

Lors de la dernière confrontation, les Guinéens ne sont plus qu’à quatre minutes de soulever la coupe, grâce à un but de leur héros. Mais à la 86ème minute, le Marocain Baba égalise, condamnant le Syli à la deuxième place de la poule finale. « On était la meilleure équipe. Quand on voit notre parcours pour arriver jusqu’à la poule finale… On avait battu l’Ethiopie sur son propre terrain. Ensuite, en poule finale, on avait pulvérisé l’Egypte 4-2. Même sans aucune défaite, on n’a pas eu la coupe… C’est cette CAN qui manque au palmarès du football guinéen », raconte Chérif Souleymane avec beaucoup de regrets.

Seul Ballon d’Or guinéen de l’histoire

Il a symbolisé tout ce que le football avait de plus beau : simplicité, élégance, précision, rapidité et efficacité. Des qualités qui ont permis à Chérif Souleymane de réussir une carrière noble mais faite de grands succès, notamment en club. Sa légende reste indélébile dans l’histoire du football guinéen. En 1972, il a d’ailleurs remporté le Ballon d’Or africain.

Ceci dans le sillage de son titre de champion d’Afrique des Clubs Champions avec le Hafia, compétition devenue aujourd’hui Ligue des Champions de la CAF. « En 1972, pour la victoire à Kampala, on avait touché une prime de 40 dollars en tout et pour tout. Des jeunes qui voyagent aujourd’hui, même lorsqu’ils ne jouent pas, touchent 1 500 dollars. Pourtant, nous, on était fiers d’avoir ces 40 dollars. », confie-t-il dans une interview.

Chérif Souleymane est le deuxième footballeur de l’histoire à inscrire son nom au palmarès de cette distinction individuelle. Mais il reste à ce jour le seul Guinée de l’histoire à l’avoir remporté. De quoi lui valoir également une distinction nationale de la part du gouvernent guinéen. « J’ai été décoré chevalier de l’Ordre du mérite national. Ça me donnait la possibilité d’aller au palais de justice pour faire libérer des prisonniers… Tout ça, ça n’a pas de prix. », ajoute t-il.

Des transferts ratés mais sans regrets

Rentré dans une nouvelle dimension avec la qualification de la Guinée aux JO 1968, Chérif attire les convoitises. Il est pisté par des clubs allemands et l’AS Saint-Etienne en France. Cependant, son transfert n’aura jamais lieu. La cause à un imbroglio politico-juridique. Mais pas assez pour donner des regrets au seul Ballon d’Or africain de la Guinée. « Partir ne m’a jamais vraiment tenté, bien que j’ai reçu beaucoup d’offres.

Pour la simple raison que j’ai appartenu à une bande de copains. Ensemble, on voulait réussir quelque chose. Si on avait quitté le Hafia à l’époque, ça aurait été une trahison. », a-t-il justifié des années plus tard.

1979 : Fin de carrière et retour aux études

Trois ans après avoir perdu la course à la CAN 1976, Cherif Souleymane met un terme à sa carrière. Mais ne manque pas d’ambitions et reprend ses études pou finalement entamer une carrière d’entraineur. Il devient même le Directeur Technique National de la Fédération Guinéenne de Football en 2004. « Mon papa n’a jamais voulu que je devienne footballeur. Il voulait que je fasse de brillantes études et que je devienne un docteur ou un ingénieur », explique celui qui n’a aucun regret d’avoir embraser la voie du football. « J’aurais peut-être travaillé au ministère de l’Urbanisme et de la Ville comme architecte. Je n’aurais sans doute pas eu la même notoriété et la même personnalité. Je serais peut-être passé inaperçu en Guinée en tant qu’ingénieur-architecte. Le football a tout changé dans ma vie ».

Palmarès de Cherif Souleymane

Finaliste de la Coupe d’Afrique des Nations en 1976 (Guinée)
Vainqueur de la Coupe d’Afrique des clubs champions en 1972, 1975 et 1977 (Hafia FC)
Finaliste de la Coupe d’Afrique des clubs champions en 1976 et 1978 (Hafia FC)
Champion de Guinée en 1966, 1967, 1968, 1969, 1971, 1972, 1973, 1974, 1975, 1976, 1977, 1978 et 1979 (Hafia FC)
Vainqueur de la Coupe de Guinée en 1967 et 1971 (Hafia FC)

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