Le Maroc vient d’annoncer, par la voix du Roi Mohamed VI, sa candidature à l’organisation de la Coupe du Monde en 2030. Une candidature que le Royaume Chérifien veut partager avec l’Espagne et le Portugal. Et si c’était l’occasion idoine pour libérer la CAN de 2025?
Le Maroc semble avoir appris de son échec de Moscou en 2018, où ils ont eu la maladresse de se porter candidat à l’organisation de la Coupe du Monde 2026, seul, face à une candidature conjointe qui présentait pourtant un déséquilibre indescriptible.
Les USA , le Canada et le Mexique, présentaient des arguments pour obtenir les faveurs des votants, pour une Coupe du Monde organisée simultanément dans les trois pays. En face, le Royaume Chérifien qui sortait du Championnat d’Afrique des Nations, une mini-Can, ressemblait alors à un boxeur de poids-mouche, qui s’est trompé de l’heure de son combat, et s’est présenté sur le ring, quand on a appelé le premier boxeur Poids lourd du vrai combat attendu.
A Moscou donc, au 68eme congrès de la FIFA, avant même le tout premier match de la Coupe du Monde, l’Afrique, par le Maroc, venait de tout perdre. « Ce n’est que partie remise » , pouvait-on nous entendre dire, nous les Journalistes Africains qui étions, alors raillés dans les gradins des stades par nos Confrères des autres continents, à cause, pensaient-ils, du soutien aveugle qu’on avait porté au Maroc, comme une équipe qui se jette dans un pressing haut, sans avoir étudié le jeu de l’adversaire .
Une cuisante défaite comme il en existe dans le football, mais qui devrait se transformer en une belle leçon, que le Maroc a apprise en 5 ans. Et c’est sans grand étonnement, que nous avons appris, ce 15 mars 2023, que le Royaume Chérifien s’inscrit comme co-organisateur de la Coupe du Monde 2030, avec l’Espagne et le Portugal.
« J’annonce devant votre assemblée que le Royaume du Maroc a décidé, avec l’Espagne et le Portugal, de présenter une candidature conjointe pour abriter la Coupe du monde 2030 », a déclaré le Ministre des Sports Chakib Benmoussa, lors de la remise du Prix de l’excellence 2022 de la Confédération africaine de football (CAF) à Kigali.
Une fierté, on a envie de dire, et la presse sportive africaine peut alors s’investir, pour accompagner le Royaume Chérifien dans cette autre initiative.
1930- 2030, cela fera 100 ans d’existence de la plus grande fête sportive mondiale, une édition mémorable à laquelle, l’Afrique, berceau de l’humanité voudrait bien faire office de partie prenante dans l’organisation.
Ce serait aussi un bon cadeau à ce continent, l’Afrique, souvent relégué au dernier plan dans le partage de la Fifa, et une occasion au monde entier de toucher du doigt le Maroc, qui est crédité de la meilleure performance en Coupe du Monde.
LA CAN 2025 DOIT SE JOUER AILLEURS QU’AU MAROC
Si on peut trouver encore des tonnes d’arguments pour que le Royaume Chérifien soit un candidat pour ce 100 ème anniversaire de la Coupe du Monde, il est peut-être aussi important de rappeler que le sport en général, et football en particulier, sont des outils de partages, et que le Fair-play en est la règle la plus respectée. l’Afrique est prête à accompagner le Maroc à cette candidature, mais le Maroc devrait libérer l’Afrique de cette confiscation des pouvoirs sur le continent.
Les deux dernières finales de ligues des champions en 2021 et 2022,La CAN féminine en 2022, la CAN U23 en 2023, la Coupe du Monde des clubs de 2023, encore la CAN féminine de 2024, c’est trop ! Le peuple marocain lui-même, aussi footeux soit-il, a besoin de souffler un peu, sauf si on peut vouloir organiser une compétition qu’on veut populaire, sans le peuple en question. L’Afrique du football ne se résume pas au Maroc, et le Maroc ne saurait tout confisquer, en termes d’organisations des compétitions de football.
Le Maroc et ses institutions devraient penser à une constipation nauséeuse, qui découlerait de cette gourmandise organisationnelle. La Guinée s’est certes, montrée incapable d’organiser la CAN 2025, mais, la Confédération Africaine de Football devrait penser à gratifier l’Afrique de l’ouest, d’une organisation, en pensant au duo Benin-Nigeria, qui se positionne. Au cas où cette compensation ne serait pas choisie, il y a d’autres candidatures portées par l’Algérie, l’Afrique du Sud, et la Zambie, pour cette Coupe d’Afrique des Nations 2025. Cela évitera au monde entier, de continuer à croire à une relation incestueuse entre l’institution faîtière du football continental, et le Royaume Chérifien.
Les compétitions africaines de football sont des outils de tourisme, des outils du développement, dont ont aussi droit les autres pays du continent. Vivement que le Maroc pense à se préparer pour l’organisation de la Coupe du Monde 2030, et qu’elle laisse la CAN 2025 à un autre ou d’autres organisateurs.