Au lendemain de son élection à la tête de la Fédération algérienne de football, Walid Sadi, a fait plusieurs annonces qui, au final, n’ont pratiquement pas été tenues au cours d’une saison consacrée à autre chose que de s’occuper des problèmes de fond du football national.
En choisissant de décliner tout un programme aux allures ambitieuses, alors qu’il ne s’agit en réalité que d’une mission précise celle de terminer un mandat déjà entamé en 2021, le président de la fédération algérienne de football, Walid Sadi, n’a pas choisi la voie facile. Illusoire même, lorsqu’on sait que la durée de mise en œuvre d’un tel programme nécessite au minimum un mandat, voir deux si on veut travailler sur le moyen ou le long terme.
Dans un tel contexte, la meilleure manière de faire était de préserver les acquis et de maintenir les équilibres tout en apportant les améliorations et les réglages là où c’est nécessaire. Malheureusement, pressé – dans le sens propre et figuré – par ses mentors et ses partisans, Sadi a préféré la manière forte en tentant de faire table rase sur le ‘’passé’’, procéder à une purge sans précédent et faire des choix qui, pour la plupart, sont loin de faire l’unanimité.
Si on revient à la réunion du bureau fédéral du 9 novembre 2023, au cours de laquelle Sadi a appelé à la nécessité de ‘’redoubler d’efforts pour la concrétisation des axes prioritaires de son programme et de répondre aux attentes des acteurs du football par des actes concrets’’ , on s’aperçoit que rien n’a été conclu. Aujourd’hui, que la saison 2023/2024 est terminée, le bilan n’est pas aussi reluisant que ce qu’annonçaient les promoteurs de cette feuille de route concoctée ailleurs que dans un bureau fédéral de façade.
Dans une intervention sur la télévision nationale, le président de la FAF a déclaré que son instance allait publier sur son site officielle les CV de toute recrue. Or, hormis le sélectionneur national Vladimir Petkovic et le directeur technique national, Ameur Mansoul, aucune recrue n’a vu son CV affiché dans la transparence promise par Sadi.
Dans le volet arbitrage, la saison 2023/2024 a été houleuse et entachée de nombreuses erreurs et autres décisions compromettantes, ce qui a amené le président d’intervenir à plusieurs reprises, à ce que la Commission fédérale d’arbitrage (CFA) convoque régulièrement des arbitres et que des sanctions soient prises contre plusieurs d’entre eux. Pourtant, le plan d’action du développement de l’arbitrage et de rehaussement du niveau technique de ce corps exposé lors de cette réunion du BF du 9 novembre 2023 comprenait des axes très ambitieux. On citera la formation des jeunes talents, la mise en place progressive d’un panel d’arbitres d’élite en définissant des critères rigoureux d’accès, la promotion des arbitres talentueux et la relégation de ceux n’ayant pas le niveau, l’élaboration d’un programme d’urgence de formation des arbitres de Futsal et Beach-soccer. Qu’en est-il de tout cela ? La parole est laissée au président Sadi pour éclairer l’opinion.
Concernant le volet technique, le compte-rendu de cette réunion du BF fait part d’une présentation, par le DTN, d’un plan d’action de développement, à court et moyen terme, s’articulant principalement sur la réorganisation administrative de la direction et la mise en œuvre des opérations de formation et activités des sélections nationales. Insuffisant et trop vague pour un plan d’action qui, finalement, n’a été présenté en réalité à la presse que vers la fin du mois de janvier 2024 par Ameur Mansoul. Et là aussi, le programme exposé a été loin de convaincre les techniciens et les connaisseurs parmi les acteurs du football national.
Qu’en est-il, par ailleurs, de la Commission de réflexion stratégique (Task force) mise en place parmi les commissions spécialisées ? Sur quels dossiers a-t-elle travaillée ? Quelles sont les thématiques sur lesquelles elle s’est penchée et quelles en sont les conclusions ? Mystère et boule de gomme.
Sur la même lancée, Walid Sadi et son bureau fédéral avaient désigné deux membres parmi ce bureau, de surcroît deux avocats (Me Rafika Guellati et Redhwane Negadi) pour préparer la mise en conformité des statuts de la fédération en adéquation avec la règlementation nationale et celle de la FIFA. Neuf mois sont passés, le temps d’un accouchement, et aucune avancée notable n’est enregistrée, ni annoncée dans ce cadre. Un projet qui traîne depuis cinq ans maintenant, synonyme d’un manque de volonté flagrant et d’un laxisme de la tutelle, pourtant consacré par un décret exécutif.
Mais là où les attentes étaient grandes, c’est le volet financier en rapport avec l’endettement des clubs et la recherche de solutions réelles et viables pour sauver le professionnalisme. Un projet lancé, rappelons-le en 2010, sans filet de protection lorsque l’actuel patron de la fédération faisait partie de l’ancienne équipe de Mohamed Raouraoua.
Dans ce registre, Walid Sadi avait annoncé que les clubs allaient être accompagnés pour l’assainissement de leurs contentieux financiers vis-à-vis des joueurs et entraîneurs en signant des accords de conciliation qui, dans leur majorité n’ont pas abouti. Il en est de même pour les sociétés ou sponsors promis aux clubs n’ayant pas été reprises par des entreprises ou groupes publics.
Ne parlons pas des centres de formation, où le président de la FAF avait affirmé qu’avant même la fin de la saison 2023/2024, la majorité des clubs aurait au moins mis la première pierre et lancé les premiers travaux. A ce sujet, mis à part le MC Alger qui va disposer de son centre, aucun autre club n’a réussi à amorcer un quelconque chantier sérieux. Celui de l’USM Alger est à l’arrêt, le CR Belouizdad vient à peine de lancer les appels d’offre, et derrière, c’est le désert.
Quant à la révision du contrat du joueur et de l’entraineur, on attend toujours l’issue de toutes les réunions tenues à ce propos, alors que pour l’exigence des cautions de garantie, l’application des conditions du cahier des charges sur l’organisation interne des clubs professionnels et surtout la réactivation de la Direction du contrôle de gestion et des finances des clubs professionnels (DCGF), circulez, il n’y a rien à voir !
Arrêtons-nous là, car la liste est trop longue pour énoncer remarquablement toutes les annonces restées sans lendemain et les promesses non tenues du bureau fédéral de Walid Sadi, sans oublier tout ce qui a entaché la saison 2023/2024 comme violence, décès tragiques de jeunes footballeurs en plein Ramadhan, le cumul de fonction de certains membres du bureau fédéral, la gestion catastrophique du cas de l’ex-sélectionneur Djamel Belmadi et bien évidemment l’affaire de l’USM Alger qui n’a toujours pas révélé ses conséquences.