Depuis quelques temps, on assiste à la diffusion de matchs du championnat de Ligue 1 professionnelle sur You Tube par des tiers qui n’ont rien à voir avec la Ligue de football professionnel ni avec un quelconque diffuseur-partenaire. Est-ce normal ?
Sur les droits TV en Algérie on n’en connaît pas grand-chose, si ce n’est que la Ligue de football professionnel (LFP), outre la Fédération algérienne de football, reçoit ou doit recevoir annuellement un montant sur les droits de la retransmission des matchs et les retombées publicitaires qui sont générées.
Il y a quelques jours, le ministre de la jeunesse et des sports, Abderrahmane Hammad avait évoqué, parmi les mesures qui devraient soulager un tant soi peu la crise que vit le football professionnel en Algérie, la révision à la hausse des droits TV. Mais faut-il d’abord que l’Etablissement public de télévision (EPTV) s’acquitte de ces droits qui s’accumulent depuis 2018 et que l’actuel président de la FAF, Walid Sadi, avait promis de solutionner. Ce qui a amené souvent par le passé la FAF à faire régulièrement des avances aux clubs sur leurs droits TV jusqu’au recouvrement par cette dernière ainsi que la LFP de ces créances auprès de l’EPTV.
En sus de cette problématique qui s’étire dans le temps, un autre phénomène vient se greffer à la relation LFP-FAF, gérée pour l’instant par un membre du bureau fédéral en l’occurrence Mohamed Amine Mesloug après le ‘’limogeage’’ de son président élu Abdelkrim Medaouar, et l’EPTV, c’est celui de la protection de la ligue qui contemple chaque week-end ou journée de championnat la multiplication de retransmission directe en streaming par des amateurs voir souvent les pages de certains clubs qui s’évertuent de transmettre gratuitement les rencontres de leurs équipes respectives.
Au-delà des prouesses techniques qui démontrent chaque jour la compétence des jeunes algériens dans ce domaine, leur réactivité et l’intérêt qu’ils accordent en partageant les matchs avec des milliers de fans privés d’images télés, et avec même des commentateurs dont certains vraiment doués, c’est la question du droit d’image qui se pose et qui s’impose.
Les grandes instances du football, à travers le monde, telles que la FIFA ou la CAF par exemple voir des associations qui leur sont affiliées, ne toléreraient jamais à ce que des rencontres de compétitions relevant de leur autorité soient retransmises sur des plateformes bien connues (First Row Sports, Foot2live, Volkastream, Sportlemon TV, ESPN, You Tube, Facebook Watch, Stream Football, Sky Sports, …) ou autres sans contrepartie, sauf dans un cadre précis de promotion ou accord commercial.
Ces derniers temps, les différents supporters des clubs algériens suivent en streaming les matchs du championnat, supplantant ainsi la télévision, surfant ainsi sur cette tendance générale où le Smartphone ou le IPhone prend le dessus sur les télés, un peu partout dans le monde. Le dernier match entre la JS Saoura et le MC Alger par exemple a été retransmis par un jeune (Fethi Bouk basé à Médéa, à 85 Km au sud d’Alger) pour le compte de la chaîne You Tube du Mouloudia et commenté par un autre jeune, Amine Rezioui à partir de Béchar ! Cette retransmission a été faite grâce au programme vMix en plus de recourir à un autre angle de diffusion, celui de la chaîne You Tube de l’EPTV.
Faut-il s’attendre à une révolution dans ce domaine ? L’EPTV est ainsi concurrencée dans un domaine où elle a de tout temps eu le monopole. Perdra-t-elle justement ce monopole ? Et la LFP dans tout ça ? La législation rattrapera-t-elle cette ouverture, que certains qualifient déjà de ‘’sauvage’’, sachant que le streaming est un mode de diffusion encadré et réglementé ailleurs, à travers des plateformes en toute légalité, même gratuitement, au milieu de sites streaming illégaux que la législation combat rigoureusement ?
Toutes ces questions restent posées en Algérie, et en attendant des réponses, le commun des supporters continuera à suivre les péripéties de Belaïli et consorts à partir de Tamanrasset, et la LFP continuera à attendre son argent pour souffler un peu avant de réfléchir aux droits et obligations de chacun, en l’absence d’un minimum de préoccupation et encore moins d’une réflexion au sein de la fédération.