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Anniversaire du MC Alger : Le Doyen fête ses 102 ans et toutes ses dents

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Le MC Alger, Doyen des clubs algériens de football, fête ce 7 août 2023, le 102e anniversaire de sa création.

Deux années après le centenaire, éclaboussé par la crise mondiale du Covid-19, les Mouloudéens attendent un sursaut de leur équipe qui n’a plus brandi un trophée depuis 2016. Une éternité pour un club financé par la puissante Sonatrach et qui draine derrière lui des millions de fans.

Une date, une histoire !

7 août 1921 ! Pas une simple date, banale et sans intérêt et, donc, à oublier ! Le 7 août 1921 à la Casbah d’Alger, à l’arrière-boutique d’un café situé au 5. rue Benachere, le Mouloudia d’Alger est né. Et depuis, il a survécu à toutes les péripéties. Une date forcément de référence. Pour le football algérien mais aussi pour l’Algérie.

En 1921, l’Algérie fêtait, malgré elle, le 90è anniversaire du colonisateur français. Presque un siècle à vivre dans l’ombre des maitres du vol et de l’appauvrissement des nations.

L’acte de naissance d’une équipe de football n’était pas sans marquer le début d’une nouvelle ère dans le combat du peuple algérien.

Un « peuple » qui n’a pas cessé de rêver de voir son club redevenir la locomotive du football national. Le porte-flambeau d’un sport qui, comme le Mouloudia, déçoit beaucoup plus par ses errements que par les résultats de ses représentants à l’échelle internationale.

Jadis locomotive pour tous les clubs algériens, de par sa stature et son standing sur la scène nationale et continentale, le Doyen ne fait plus rêver les nostalgiques. Ceux qui ont vécu quelques moments aux côtés des historiques de ce club de la Casbah aimé et respecté partout en Algérie et même au-delà des frontières.

Parler de Abderrahmane Aouf, Braham Derriche, Mouloud Djazouli, Mustapha Ketrandji , Sid-Ali Djaout et toute la bande des élèves de l’école Sarrouy à Soustara, copains de classe devenus parmi les membres fondateurs d’un club sans moyens mais qui avait de la volonté à en revendre, n’était pas sans se souvenir que le MCA est d’abord l’émanation d’une profonde force populaire. Une bande de copains qui s’étaient réunis d’abord le 31 juillet 2021 pour réfléchir à ce qui allait être leur Mouloudia. Plus qu’un symbole, en fait !

L’histoire commencée, il fallait l’écrire encore et encore. En faisant preuve de sacrifices et de loyauté. La preuve : aussitôt l’agrément décroché chez l’administration coloniale, le MCA allait affronter, au stade de La Pointe Pescade (actuelle Bologhine), l’Elan de Bab El-Oued(EBO), équipe formée de pieds-noirs et de colons, avec des… tenues de ville de fortune. C’est le premier président de ce club fondé quelques jours avant le Mawlid Ennabaoui, célébrant la naissance du Prophète(QSSL), d’où le nom donné au club, qui racontait non sans une certaine fierté ce « moment » si spécial.

« Baba Hamoud », surnom de Abderrahmane Aouf savait-il que le Mouloudia survivrait à toutes les embûches dressées par l’autorité coloniale et allait vivre l’indépendance de cette Algérie que lui et ses copains de classe ont imaginée? Certainement qu’ils en rêvaient tous.

Car, pour se mêler à la lutte de libération exprimée par certains partis politiques clandestins, et défendre la cause algérienne du joug colonial à travers le football, le MCA a dû attendre son heure. La saison 1935-1936 signera l’accession en première division. Un palier où il fallait en découdre avec les clubs composés exclusivement de non-musulmans, donc des colons par excellence, avec tout ce que cela implique comme moyens de pressions et de répressions. Chaque match livré au Gallia Sport d’Orléanville, le RUA, l’Olympique de Marengo et à l’AS Saint-Eugène, était un combat pour l’existence. Un moyen de prouver son identité. L’histoire se répétera à l’infini. Jusqu’à ce que l’Algérie arrache son indépendance.

L’âge d’or

Après les premières années dans le championnat français, le Mouloudia d’Alger a du subir les atrocités et les vexations. Le club est ainsi radié en 1924 pour « défaut de paiement des droits d’affiliation» et son jeune président est réquisitionné pour le service militaire. Ce n’était que le début d’un long processus de harcèlement. De lutte avec de « nouvelles armes ». Les incidents du 11 mars 1956 marqueront la fin des activités du club. Ce jour, les bastonnades subies par les joueurs et les supporters du MCA lors du match contre l’ASSE (Saint-Eugène) ont fini par donner raison aux dirigeants qui envisageaient le scénario depuis les évènements du 8 mars 1945 où les milliers d’Algériens avaient été tués principalement à Sétif, Guelma et Kherrata durant les manifestations post-seconde guerre mondiale.

Ce n’est qu’au lendemain de l’indépendance, en octobre 1962, que le club reprendra ses activités. Timidement, il faut le souligner. La plupart de ses joueurs avaient soit succombé aux balles du colonisateur, soit ont pris de l’âge sinon sont devenus inaptes du fait des blessures et infimités causées par les actions militaires menées contre l’ennemi.

Said Haddad, joueur-entraineur de l’équipe du FLN, ancien joueur du Mouloudia d’Alger, sera le premier coach de l’équipe postindépendance. La reprise de l’activité du football dans l’Algérois se fera sous forme d’un critérium d’Honneur de cinq groupes de dix clubs chacun. Le MCA s’offrira la 1re place du groupe 1, et se qualifiera pour la finale du championnat de la saison 1962-1963. Cependant, face au voisin de l’USMA, le Mouloudia chute lourdement (3-0) et ne percera pas vers le sommet. C’est lors de la saison suivante (1963-1964) qu’il se qualifiera au championnat national en se classant 5e loin derrière le leader, le NA Hussein Dey.

Durant les années 1970, le Mouloudia va enfin rayonner et régner sur le football national puis africain, grâce à une pléiade de joueurs talentueux emmenés par Omar Betrouni, Anwar Bachta, Abdelwahab Zenir et Zoubir Bachi.

Une décennie que le club de la capitale a dominé de la tête et des épaules, des pieds surtout, avec titres et consécrations comme bonus. Il fallait donc attendre un demi-siècle pour assister au premier titre majeur des Mouloudéens: la Coupe d’Algérie en 1971. Comme un signe de destin, le club qui venait cette année de dompter l’USMA, qui était à sa troisième finale (et la troisième désillusion consécutive en coupe), allait connaitre d’autres longs passages à vide.

Ce trophée remporté par feu Ali Benfeddah et ses troupes sera suivi par d’autres consécrations.

Une année plus tard, le Mouloudia est parvenu à décrocher son premier sacre de champion, enclenchant ensuite une véritable dynamique de titres, puisque les Algérois ont réussi à s’adjuger la Coupe d’Algérie 1973, toujours face à l’USMA (4-2, a.p). L’apogée de la gloire a été atteint en 1976, une année qui a vu les joueurs de l’entraîneur emblématique Abdelhamid Zouba écraser tout sur leur passage. Si le club échoue en finale de la Coupe maghrébine, il se rachète en décrochant un triplé qu’aucune autre équipe algérienne n’a réussi à égaler jusque-là (Championnat – Coupe d’Algérie – Coupe d’Afrique), grâce notamment à son artillerie bien huilée autour de l’attaque « B » (Betrouni, Bachi, Bousri, Bachta, et Benchikh).

La finale africaine contre Hafia Conakry des Cherif Souleimane, Petit Sory, Papa Camara et Bengally Sylla restera un moment inoubliable dans l’histoire écrite par les Mouloudéens, premier club à offrir à l’Algérie un titre international.

1976 fut d’ailleurs un tournant dans la vie du Doyen qui, l’année d’après, sera l’invité du roi d’Espagne et du Real Madrid pour le tournoi célébrant le 75è anniversaire du club merengue. Les images montrant les Vert et Rouge fouler la pelouse du stade Santiago-Bernabeu, feront le tour de la planète. Et quand, le 21 mars 1977, le Mouloudia s’inclina face au Real de Breitner, Del Bosque, et autres Camacho (2-1), après une prestation de premier ordre, le monde découvrira ce qu’est le football algérien.

Un Mouloudia qui fera le vide autour de lui sur le plan local en remportant deux nouveaux titres de champion de suite (1978 et 1979), bouclant une décennie de rêve pour ses milliers de supporters.

Après le beau temps, la grisaille

La longue nuit de doute. La réforme sportive arrive, avec ses bons côtés et ses mauvaises facettes.

L’Etat « nationalise » les clubs de football jadis sous contrôle des « civils », ces dirigeants dévoués à la cause d’un club qui sacrifient temps et argent, amis et famille, pour maintenir la flamme. C’est à partir de ce « changement », qui avait tout pour offrir au MCA l’étoffe d’un solide grand d’Afrique, que la dégringolade a commencé.

Expurgé des hommes qui avaient fait sa gloire pendant la décennie 1970-1980, le MCA deviendra ce club quelconque, qui n’effraie personne et nulle part.

Dix ans durant (1980-1990), le MCA a pataugé et n’a accroché qu’un titre à son palmarès, un trophée national en 1983 face à l’école Asémiste de feu Kaddour Bekhloufi (3-3, 4-3, a.p), suivie six années plus tard par une deuxième place en championnat, au terme de la saison 1988-1989.

La mise à l’écart des Betrouni, Bachi ou encore Bachta des rangs de l’équipe pour l’incompréhensible motif de la limite d’âge exigée en première division (28 ans) a ruiné l’âme d’un team qui, par la suite, touchera le fond à l’issue d’une saison 1984-1985 cauchemardesque, ponctuée par une relégation en régionale (sorte de division 2).

Un passage certes éphémère dans l’«enfer» de l’antichambre de l’élite du football mais qui n’a pas donné à réfléchir aux dirigeants parachutés par la Sonatrach, l’équipe ayant échappé à une nouvelle descente la saison suivante lors d’un dramatique choc face à l’ES Sétif, autre équipe confiée à une des filiales de la société pétrolière (1-0).

L’opulence dans laquelle paraissait baigner le Doyen n’était en fait qu’un feu de paille. Il a fallu en effet attendre vingt longues années pour voir le MCA à nouveau sur le toit du football algérien, grâce à son sixième titre de champion, décroché en 1999 aux dépens de la JS Kabylie (1-0) au stade Ahmed-Zabana d’Oran. Vingt ans de disette avant qu’un homme, feu Abdelhamid Kermali, réalise le vœu du peuple du Mouloudia. Un titre et un come-back, donc, en coupe d’Afrique qui aura finalement pris l’allure d’une punition pour les Mouloudéens balayés d’entrée de l’épreuve par les sénégalais de Jeanne d’Arc.

Comme souvent après un moment d’euphorie, le Mouloudia d’Alger retombe dans ses travers et flirte avec le purgatoire qu’il ralliera à nouveau à l’issue de l’exercice 2001-2002. Un an plus tard, retour parmi l’élite sous la conduite de feu Noureddine Saâdi.

Une remontée salutaire qui sera suivie par une autre décennie de gloire, en dépit d’un manque de stabilité chronique, aussi bien au niveau administratif que celui de l’encadrement technique. Avec deux coupes d’Algérie engrangées face aux rivaux de l’USMA (2006 et 2007) et un septième titre de champion en 2010, les Algérois pensaient vraiment reconquérir les sommets.

Malgré les gros moyens investis par l’actionnaire majoritaire, Sonatrach, de retour aux affaires du club en 2013, le MCA n’a remporté que deux Coupes d’Algérie (2014, 2016). Une misère pour un club centenaire qui a tout pour dominer le continent. Sauf, bien sûr, ces managers d’envergure capables de choisir la politique idoine et les hommes qui doivent matérialiser le projet des Aouf, Djaout, Djazouli, Ketrandji, Balamane, Drif et tous ceux qui portent le Mouloudia dans leur cœur. 102 ans suffiront-ils pour signer le nouvel acte de naissance du Doyen ?

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