La Confédération africaine de football a dévoilé jeudi à Alger le format et le calendrier des qualifications africaines pour le Mondial 2026 qu’organiseront les Etats-Unis, le Mexique et le Canada.
Un format classique calqué sur d’anciens systèmes de mini-championnat à la seule différence qu’il s’agira d’une phase unique. Les 54 équipes intégreront directement ces qualifications sans passer par des tours préliminaires. Seul le premier de chaque groupe est qualifié directement. L’autre nouveauté, outre le nombre de représentants du continent africain au nombre de 9, est que l’Afrique pourrait bénéficier d’un dixième billet pour l’édition nord-américaine grâce à un tour de barrage continental suivi d’un autre barrage intercontinental.
Il faut dire que la CAF n’a pas choisi librement cette formule. Il y a quelques semaines des informations avaient fuité pour affirmer que le format des qualifications africaines au Mondial 2026 subira du changement. Les spéculations allaient bon train et il était question que la formule adoptée soit mise en place lors de la CAN 2025, édition pour laquelle trois pays, l’Algérie, le Maroc et la Zambie ainsi qu’une candidature commune (Nigéria-Bénin), ont postulé.
Il était précisé que ce tournoi désignerait les 9 représentants africains pour la prochaine Coupe du Monde, le dixième qui sortira parmi les équipes qui ne franchiront pas les huitièmes de finale de ladite CAN prendra part à un barrage intercontinental. L’autre formule évoquée laissait entendre des qualifications jumelées (Mondial 2026-CAN 2025) mais cette thèse n’était pas sérieuse du fait que les deux tournois finaux de ces épreuves se tenaient à des dates éloignées. C’est-à-dire que les qualifications à la CAN se termineront avant que celles pour le Mondial ne soient expédiées.
Plus concrètement, des qualifications jumelées n’intéressaient la Fifa pour des raisons strictement commerciales. L’instance de Gianni Infantino a des sponsors différents de ceux de la CAF et voudrait bien que les droits de ses partenaires soient protégés et mis évidence à l’occasion de toutes les compétitions placées sous son égide, particulièrement celles liées à une Coupe du monde.
La 35è édition compromise
C’est donc le format le plus simple qui a été retenu par la CAF, l’instance de Motsepe n’a fait qu’obéir aux directives de la Fifa. Cette dernière a fixé les règles bien à l’avance. Son calendrier arrêté jusqu’en 2030 prévoit des qualifications africaines étalées sur deux ans. Le nombre de dates ouvertes durant ce cycle étalé entre novembre 2023 et novembre 2025 est de 12 parmi lesquelles sept concerneront les qualifications au Mondial. Cinq exclusivement réservées aux éliminatoires sous le format de championnat, dont une précédant la CAN 2023 reportée à 2024(13 janvier au 11 février) et une seconde affectée au barrage intercontinental (mars 2026).
En pratique, les deux premières rencontres auront lieu entre le 13 et le 21 Novembre 2023, les troisième et quatrième rounds sont prévus entre le 3 et le 11 Juin 2024, les 5è et 6è étapes auront lieu entre le 17 et 25 Mars 2025, les 7è et 8è journées se tiendront entre le 1er et le 9 Septembre 2025 et les deux derniers matches se joueront du 6 et 14 Octobre 2025.
La CAF organisera son tournoi de barrage entre les 4 meilleurs deuxièmes entre le 10 et le 18 Novembre 2025 et le lauréat ira au barrage intercontinental programmé en Mars 2026.
Comme on le voit, deux dates Fifa de l’année 2024 seront consommées pour les besoins de la CAN de Côte d’Ivoire et les troisième et quatrième journées qualificatives à la Coupe du monde. Il restera trois dates (septembre, octobre et novembre) pour la possible tenue de qualification à la CAN 2025. Trois dates de 8 jours chacune où il faudrait caser un grand nombre de matches. La formule d’une qualification par mini-championnat n’étant pas réalisable, seule un format à élimination directe peut sauver la CAF et la CAN 2025. Pour dégager les 23 qualifiés (qui se joindront au pays organisateur), les 53 équipes subiront des épreuves à l’allure de finale avant la lettre. L’optique d’une phase en hiver n’est pas faisable même si la CAF trouve la formule magique. En janvier 2025, la case est vierge dans le calendrier Fifa. Celui-ci propose les mois de juin-juillet 2025. D’ailleurs, cette date est choisie par la Concacaf pour organiser sa Golden Cup. C’est une franche possibilité qui passe par la mise à plat de la contrainte liée à la programmation des matches de qualifications de la CAN durant les trois dates libres en 2024(septembre, octobre et novembre, NDLR).
La CAF désemparée
Une telle cacophonie était perceptible. La rumeur-vérité qui affirmait que la Fifa poussait pour que la CAN ait une périodicité quadriennale se précise avec ce « blocage » dans le calendrier international imposé par l’instance faitière du football mondial. Cette dernière a inscrit dans son calendrier les deux prochaines éditions de la Coupe d’Asie (janvier-février 2023 et janvier 2027) mais a seulement coché la date de la prochaine CAN en Côte d’Ivoire (janvier-février 2024). Celle de 2025 n’est pas inscrite dans son agenda. Pis, la 35è édition n’est même pas programmée dans le calendrier élaboré jusqu’en 2030. Cela expliquerait le désarroi de l’instance de Patrice Motsepe qui, lors de sa réunion du Comex à Alger, a paru fragilisée. Des membres du Comité exécutif ont même crié au scandale en apprenant que Motsepe et quelques privilégiés ont eu vent du partenariat avec l’Arabie Saoudite sans qu’ils ne soient associés ne serait-ce que pour « informations ». Il est vrai que les membres de l’exécutif de la CAF sont plus préoccupés par les questions « sous » qu’autre chose.
En effet, un membre de l’exécutif interpellé sur la question du déroulement de la CAN 2025 a eu une réponse incongrue en assurant que la CAF va communiquer bientôt sur le sujet. Notre interlocuteur a même fait état de l’organisation des qualifications pour cette échéance de 2025. Quand ? Il ne fera aucun commentaire laissant libre cours aux spéculations.
Une réponse qui en dit long sur la faiblesse, la petitesse, d’une institution qui a souvent plié l’échine quand Infantino fourbait son nez dans ses affaires. L’italo-suisse n’a-t-il pas désigné les présidents de la CAF (Ahmad Ahmad et Patrice Motsepe) et imposé ses plans au football africain à l’instar de cette Super League qu’il n’a pu décréter en Europe avant d’obtenir satisfaction chez ses « amis africains » ?
La CAN qui a connu de grands chamboulements dans son calendrier est la prochaine bataille que Gianni Infantino va gagner en imposant un tournoi chaque quatre ans. Une perspective qu’il n’a pu entrevoir quand Issa Hayatou trônait sur la CAF. Ensuite, Infantino a éjecté le malgache Ahmad Ahmad lorsque celui-ci commençait à s’opposer au projet tendant à passer à un tournoi quadriennal en maintenant coute que coute une Coupe d’Afrique chaque deux ans.
Aujourd’hui, alors que la CAF annonce qu’elle communiquerait le nom des pays qui organiseront les deux prochaines éditions (2025 et 2027) en juillet, lors de son Congrès prévu à Cotonou(Bénin), l’instance de Motsepe n’a pas droit au moindre égard ne serait-ce à voir la Fifa inscrire dans son calendrier septennal (2023-2030) la 35è édition de la prestigieuse compétition continentale des nations. Le déroulement de la CAN 2025 n’est pas seulement menacé. Il est quasi exclu de voir se tenir la trente-cinquième copie de la Coupe d’Afrique des nations avant 2027. Quand Motsepe ne sera pas là…