Candidat unique à sa propre succession à la tête de la Confédération africaine de football (CAF), le milliardaire sud-africain Patrice Motsepe compte faire de son second mandat celui de l’opulence financière et de la quête d’un titre mondial.
Dans un mois, le 12 mars prochain au Caire, le président sortant de la Confédération africaine de football (CAF), Patrice Motsepe se présentera seul pour briguer un second mandat.
Le magnat des affaires sud-africain a déjà réglé cette ‘’affaire’’ dès novembre 2024 lors de la 46ème Assemblée générale ordinaire qui s’est déroulée à Addis-Abeba, en Ethiopie qu’il ne quitta qu’après avoir fait rallier les six représentations zonales de l’instance qu’il préside.
En effet, Motsepe avait pris le soin de faire le tour avec les associations-membres après avoir annoncé une augmentation de 100% de la subvention de la CAF, passant de 200 000 dollars en 2020-2021 à 400 000 dollars en 2024-2025, alors que les sous-confédérations (représentations zonales), ces dernières voient leur trésorerie passer de 500 000 dollars à 750 000 dollars de subvention sur la même période.
En outre, et à travers le Legacy Fund, la CAF a versé septembre dernier un chèque de 14,2 millions de dollars à la Fédération ivoirienne de football (FIF) comme l’avait promis Motsepe comme décaissement représentant 20% des revenus de l’instance du football continental en guise de cadeau à ce pays qui a réussi le pari d’organiser avec succès cette épreuve, classée d’ailleurs la meilleure de l’année comparativement à la Copa America et à l’Euro 2024, moins festifs et plutôt fades sur le plan technique et émotionnel.
Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, la CAF version Motsepe a décidé tout récemment d’augmenter la cagnotte destinée à la Ligue des Champions féminine pour atteindre 2,35 millions de dollars où le vainqueur empochera 600 000 dollars, alors que les huit participants repartiront avec 15 000 dollars chacun.
Le Championnat d’Afrique des nations (CHAN) n’est pas en reste puisque la dotation totale du tournoi a augmenté elle aussi de 32% avec une enveloppe de 10,4 millions de dollars, alors que l’épreuve reine, la CAN, a vu sa valeur bondir de 40%.
La Côte d’Ivoire, vainqueur de son tournoi, s’est faite offrir un chèque de 7 millions de dollars contre 5 millions de dollars pour le Sénégal, deux ans auparavant au Cameroun pour la CAN 2021.
Cette démarche adoptée par Motsepe lui a permis d’augmenter progressivement le nerf de la guerre nécessaire pour le développement du football africain en attirant et en fidélisant les différents partenaires financiers de la CAF, comme le fait la FIFA. Par la même, il a fédérer les associations-membres autour de lui, ouvrant d’autres chantiers comme celui des infrastructures nécessaires à l’accueil des compétitions majeures amenant les Etats à investir gros.
Le cas de désistement de l’Algérie, en septembre 2024, de la course pour l’organisation de la CAN 2027, a permis à trois pays, le Kenya, la Tanzanie et l’Ouganda de s’engager à (re)mettre à niveau leurs stades pour accueillir d’abord le CHAN l’été prochain puis l’événement continental deux ans après.
Le retour de la Coupe du Monde sur le continent en 2030 avec le Maroc, qui organisera conjointement avec le Portugal et l’Espagne le grand rendez-vous planétaire de la balle ronde est pour Motsepe une grande opportunité sportive avec la présence d’au moins neuf nations africaines augmentant ainsi les chances de sacre, mais aussi financière soit son domaine de prédilection pour lequel il est plutôt critiqué car, selon certains analystes, il l’homme d’affaire néglige plusieurs autres volets comme la gouvernance, le développement proprement-dit hormis le football scolaire dont il fait son credo personnel et qu’il finance même sur ses propres fonds.
Il y a également l’agenda instable des compétitions sur lequel Patrice Motsepe est critiqué également, poussant certains de l’accuser d’être à la solde de la FIFA en se soumettant à ses desiderata comme ce fut le cas pour la Coupe du Monde des clubs, cette nouvelle trouvaille de Gianni Infantino, qui l’a intégré au forceps et à coups de millions de dollars au calendrier international. Ce sera l’enjeu sur lequel il sera attendu lors de son prochain mandat, même s’il se défend de vouloir œuvrer pour harmoniser le calendrier international, alors que ses détracteurs l’accusent du contraire, en mettant la CAF en ballotage défavorable avec les autres instances, notamment la FIFA et l’UEFA.
Une posture qui affecte l’image et surtout l’exposition d’une compétition comme la CAN décalée d’une saison à une autre et même d’une année à une autre, alors qu’on n’est plus dans des conjonctures type Covid-19 ou autre.
Ce qui est certain, c’est que le chantier est immense pour le Dr Patrice Motsepe qui est bien servi par plusieurs enjeux majeurs qu’il devra négocier lors d’un mandat qui ne sera pas de tout repos sur tous les plans.