Lanterne rouge à l’issue de la 5ème journée de championnat de Ligue 1 Mobilis et une crise financière aigue, marquée par une grève des joueurs, le NC Magra est l’archétype d’un club candidat au purgatoire.
Où sont passés les DRB Tadjenanent, MC El-Eulma, CA Batna, MSP Batna, CA Bordj Bou-Arréridj, CRB Aïn Fakroun, JSM Skikda, HB Chelghoum Laïd, AS Khroub, USM Bel-Abbès, MC Saïda, ASM Oran, RC Relizane, USM El-Harrach, RC Arba, USM Blida, NA Hussein-Dey, USM Annaba, JSM Bejaia, MO Bejaia, WA Tlemcen, O Médéa, AS Aïn M’lila, US Souf et ES Ben Aknoun ?
Tous ces clubs ont été professionnels à un moment donné, de quoi faire un championnat bis, et ce par la grâce d’un projet de professionnalisation du football algérien lancé en 2010 par l’ancien président de la fédération algérienne de football, Mohamed Raouraoua, et dont le football national traîne toujours les – mauvaises – conséquences.
L’an 2010, c’était l’époque du faste financier sous le règne d’Abdelaziz Bouteflika, et l’argent qui coulait à flot, surtout pour le football algérien qui venait de se qualifier pour la Coupe du Monde en Afrique du Sud lors d’un mémorable match contre l’Egypte de Hosni Moubarak (1 à 0), à Omdurman, au Soudan, devant 30 000 supporters algériens déplacés par un pont aérien jamais connu dans les annales du football.
Bref, surfant sur cette vague, la fédération algérienne de football avait accepté de lancer deux championnats professionnels, l’un représentant l’élite et l’autre une deuxième division, c’est-à-dire 32 clubs qui se sont jetés dans le … vide sans filet de protection.
Une aventure qui a vite tourné court avec comme conséquences : un endettement colossal de la majorité des clubs auprès des organismes fiscaux (impôts) et parafiscaux (CNAS) jamais atteint (on parle de 1000 milliards de centimes en 2021), des tonnes de dossiers de contentieux entre clubs et joueurs / entraîneurs que la Chambre nationale de résolution des litiges (CNRL) traîne toujours à ce jour, une destruction de ces clubs et une descente aux enfers pour certains d’entre eux.
Si on a rappelé tout cela, c’est pour évoquer le cas symptomatique du NC Magra qui, aujourd’hui, représente l’archétype de ces clubs dits professionnels qui sont parvenus à atteindre la Ligue 1 après des sacrifices et des performances sportives bien évidemment méritées, mais qui, faute de moyens financiers, vacillent quelque temps avant de rejoindre la Ligue 2 puis de sombrer par la suite, si le club n’arrive pas à survivre à cette chute.
Ce n’est pas ce qu’on souhaite pour ce club, mais avec seulement trois points sur quinze, le NC Magra, représentant de la wilaya de M’sila, occupe la place de lanterne rouge du championnat et n’arrive plus à assurer la masse salariale mensuelle de ses joueurs et staff technique qui s’élève à environ 2 milliards de centimes.
Avant le déplacement à El-Bayadh le week-end dernier, chez le Mouloudia local qui, lui aussi, est dans pratiquement la même situation, les joueurs ont fait grève toute la semaine pour revendiquer leurs salaires. Résultat : une débâcle (0 à 4) à El-Bayadh, malgré les appels en détresse lancés vendredi par le président Azzedine Bennacer sur les ondes de la radio nationale.
Le boss de Magra a appelé au secours pour la énième fois aux pouvoirs publics et à une fédération qui semble sourde, malgré les promesses de son président, au lendemain de son élection, de justement plaider la cause de ces clubs sans entreprises et sans sponsors pour bénéficier d’un accompagnement leur permettant d’au moins assurer le minimum parmi l’élite et de ne pas fausser la compétition sur le plan éthique.
‘’Nous avons cruellement besoin du soutien de l’État algérien, comme c’est le cas pour de nombreux autres clubs de Ligue 1. Malgré six années en Première division, nous n’avons obtenu aucun sponsor ni entreprise pour nous épauler, contrairement à d’autres clubs’’, s’est confessé Azzedine Bennacer avant d’annoncer que les membres-actionnaires de la société par actions qui gère le club de football depuis six ans qu’il est en Ligue 1 sont prêts à céder leurs parts en cas de reprise par une entité nationale.
Facile à dire, très difficile à réaliser sur le terrain, surtout que l’éventuel repreneur devra prendre en charge une dette de 15 milliards de centimes auprès des impôts et de la CNAS, après que le club eut épongé une dette de 5 milliards de centimes vis-à-vis des joueurs auprès de la CNRL. D’autres clubs sont dans le même cas, à savoir l’US Biskra, le MC El-Bayadh, l’USM Khenchela, l’ES Mostaganem, l’ASO Chlef, l’Olympique Akbou et le Paradou AC, même si ce dernier est détenu par le groupe privé Faïenceries Algériennes des frères Zetchi.