L’agence espagnole antidopage a réduit la sanction de Raúl de Tomás, attaquant du Rayo Vallecano, de quatre à un mois, avec une amende de 3 000 €. Cependant, cette décision suscite une vive incompréhension et de nombreuses interrogations de la part de la presse espagnole.
En 2017, après un match entre Rayo Vallecano et Almería, Raúl de Tomás a été testé positif à l’ostarine. Ce produit est un agent anabolisant inclus dans la liste des substances interdites de l’Agence mondiale antidopage (AMA) pour sa capacité à augmenter la masse musculaire et à améliorer les performances sportives. Les normes de l’AMA prévoient généralement une suspension de quatre ans et une amende significative en cas de consommation avérée.
Mais contre tout attente, l’agence antidopage espagnole, la Commission espagnole antidopage dans le sport (CELAD), a opté pour une sanction minimale : une disqualification d’un mois et une amende de 3 000 euros. Cette clémence a suscité des questions quant aux critères appliqués pour la sanction, d’autant plus que l’ostarine est classée comme une « substance non spécifique » par l’AMA, une catégorie qui implique une ingestion délibérée et limite la flexibilité des juges en matière de sanction.
La défense de Raúl de Tomás : ingestion accidentelle ou négligence ?
Dans ses déclarations, Raúl de Tomás a expliqué que l’ostarine était entrée dans son organisme par un complément alimentaire recommandé par son nutritionniste. Selon lui, l’étiquette du produit ne mentionnait pas la présence de l’ostarine, et il a présenté à la CELAD des preuves de ses paiements à son nutritionniste en guise de soutien. De plus, il a fourni un échantillon du complément suspecté, qui a été analysé par le laboratoire antidopage de Madrid. Les tests ont confirmé la présence d’ostarine, bien qu’elle ne figurât pas dans la composition officielle du produit.
Cette ligne de défense a été acceptée par la CELAD malgré l’absence de preuves matérielles comme une facture d’achat du complément spécifique. L’agence a conclu qu’il n’y avait pas de preuve d’intention de tricher, soulignant qu’un comportement « délibéré et conscient » visant à améliorer les performances sportives n’était pas démontré. Elle a également noté qu’il aurait été possible pour l’athlète, ou pour son entourage, de vérifier les risques de contamination via des informations disponibles en ligne, ce qui aurait pu éviter la situation.
Un processus de sanction atypique
Dans les cas de dopage, la procédure habituelle prévoit une vérification exhaustive de la provenance du produit contaminé. Cela inclut la présentation d’une facture et d’autres preuves attestant de l’achat légitime et de l’utilisation du produit, afin de démontrer l’ingestion accidentelle. Or, dans le cas de Raúl de Tomás, seul l’échantillon du produit a été jugé suffisant pour accorder la clémence, sans obligation de fournir davantage de preuves de l’acquisition du complément.
Questions et controverses autour de la décision de la CELAD
La décision de la CELAD a soulevé plusieurs interrogations : d’abord, sur le rôle de son nutritionniste, qui n’a reçu aucune sanction malgré sa responsabilité dans le choix des compléments. Ensuite, la CELAD a choisi d’accorder le bénéfice du doute à Raúl de Tomás en blâmant principalement le fabricant pour une possible contamination, bien que les preuves concrètes d’achat et d’utilisation du complément manquaient. Cette indulgence soulève des questions sur la cohérence des sanctions, et pourrait être interprétée comme un précédent dans la gestion des cas de dopage accidentel.
Ce cas illustre la complexité de la lutte antidopage, notamment dans les cas de contamination présumée par des compléments alimentaires. Il rappelle aussi l’importance pour les athlètes et leurs équipes de s’assurer que tous les produits consommés soient contrôlés de manière rigoureuse, pour éviter des situations similaires dans le futur.