L'incontournable du football africain

Karim, nouveau prince d’Arabie !

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L’Arabie Saoudite a décidé de « doper » la trésorerie de son football en injectant 20 milliards de dollars dans la cagnotte. Une bénédiction pour le football mondial?

L’argent ne fait toujours pas le bonheur quoiqu’on pense beaucoup d’entre-nous. Il est certes là pour aider à faire décoller des situations, presque jamais il n’est cet élément qui change la destinée des hommes.

Et c’est ainsi que le plan Marshal initié au lendemain de la seconde guerre mondiale n’aura été efficient pour certains bénéficiaires que grâce au génie des hommes…En football, c’est pareil. Et les « aventures » son légion.

Beaucoup comparent le projet de MBS à l’expérience américaine au tout début des années 70 avec la création du FC Cosmos 77 constellé d’étoiles finissantes du football mondial de l’époque.

Pelé, Beckenbauer, Chinaglia, Cruyff, Carlos Alberto et d’autres vedettes connues et appréciées qui avaient voyagé aux Etats-Unis à la redécouverte d’un nouveau monde. Du football s’entend.

Les USA ont certes accueilli la Coupe du monde en 1994 et sont tous les quatre ans au rendez-vous des phases finales de la Coupe Fifa, jamais les Yankees n’ont été plus loin que les huitièmes de finale d’un tournoi de cette envergure(ils avaient atteint les demi-finale lors de la première édition jouée en 1930 en Uruguay).

Beaucoup d’argent pour rien, en somme. Il faut juste noter qu’entre le projet américain et celui initié par les saoudiens, il y a cette réalité liée à la sociologie des peuples. Les américains sont intiment convaincus que la vie est un spectacle alors que les peuples d’Arabie ont d’autres convictions, une autre foi qui tend vers l’au-delà.

Ce n’est pas donc une affaire de gagner quelques lauriers sur le plan international qui a incité les enfants de l’Oncle Sam à aller à la découverte d’un jeu qui n’arrive pas à déchainer les foules contrairement au football américain, la NBA ou la boxe. Les Américains ont fait du football pour diversifier leur quotidien, gagner de l’argent. Plus d’argent.

L’Arabie Saoudite dépense sans compter pour divers projets juste pour se faire valoir. Pour avoir une certaine virginité aux yeux des occidentaux. Mohamed Bin Selmane est, à ce titre, l’archétype de cet arabe qui veut être bien vu, aimé et pourquoi pas adulé. En usant de tous les moyens. Quitte à décevoir ses propres …convictions, sa foi intérieure.

Revenons au football pour faire constater que si l’Arabie Saoudite a mis le paquet, c’est notamment pour remporter le droit d’organiser le Mondial-2030 sinon celle d’après(2034). Comme le voisin du Qatar, en tachant de mieux séduire. Si les princes du petit émirat avait, comme rapporté par différentes enquêtes des médias internationaux, usé de trafic d’influence en arrachant l’organisation de la Coupe du monde 2022 au nez et à la barbe des…Etats-Unis, l’Arabie Saoudite veut coiffer des nations de football (Argentine et Uruguay, l’Espagne et le Portugal) et des pays « amis » comme le Maroc investi dans la candidature ibérique.

Moins influents dans les coulisses de leur Confédération et certainement pas au sein de la Fifa, les Saoudiens jouent la carte de la séduction en présentant une vitrine ornée de stars, certes vieillissantes, mais qui continuent de faire le buzz. Cristiano Ronaldo, Benzema, Ngolo Kanté, et d’autres vedettes internationales iront fouler les terrains des lieux saints de l’Islam, le Hedjaz, pour accaparer les regards toujours indiscrets des sociétés du football. Et contrairement aux Qataris, les saoudiens semblent épargnés par les critiques.

L’occident apprécie mieux cet investissement colossal qui n’est pas sans rendre service aux prestataires européens en matière de marketing et d’économie du sport. Le recrutement des footballeurs connus n’est qu’une goûte dans l’océan des grands bénéficiaires de la manne. La chaine des « profiteurs » d’un morceau du gâteau offert par MBS et son fonds souverain est longue. Elle comprend toutes les strates d’une gargantuesque machine à sou.

Et les médias ne sont pas les moins heureux d’apprendre que l’Arabie Saoudite a débloqué 20 milliards de dollars pour le prochain septennat.Des « partenaires » peinés par la décision de Leo Messi d’aller terminer sa carrière chez Miami FC alors que l’Arabie Saoudite lui proposait 1.5 milliards de dollars sur les trois prochaines saisons.

Un chiffre à donner le tournis aux plus insensibles au projet « Vision 2030 » qui rentrerait dans un vaste programme de réformes socio-économiques de l’Etat wahhabite. Une opération qui a déjà commencé par des actions concrètes menées dans d’autres secteurs d’activité avec des stars internationales de l’art et de la musique qui se sont produites dans les salles de spectacle, événements autrefois inconcevables, au niveau du royaume.

L’Afrique, ce parent pauvre

En sport, le pays des Al-Saoud abrite depuis quelques années des compétitions sportives (Formule 1, tour de cyclisme UCI, Rallye Paris-Dakar etc.) sans oublier les matches de Super Coupe d’Espagne et d’Italie que Riyad accueille depuis quelques éditions.

Un tel déploiement a pour objectif premier de démontrer que l’Arabie Saoudite est un « soft power » de non seulement la région arabique mais aussi de toute l’Asie actuellement dominée par le trio Chine-Japon-Corée du Sud.La « performance » des Faucons du désert lors du premier tour du Mondial au Qatar (victoire contre l’Argentine, future championne du monde) a davantage ouvert les yeux aux émirs du palais royal. Renforcer l’image du football local est un prélude à une présence plus marquée sur l’échelle planétaire.

S’appuyer sur CR7, Benz’, Modric, Busquets, Ramos, Kroos et toutes ses stars, même au crépuscule de leur carrière, rentre dans une stratégie globale qui a pour principal but d’attirer les regards et la sympathie de ceux qui détiennent les clés de décider du sort du football.

C’est la dernière phase d’un plan qui a été lancé bien plus longtemps que l’on croit. L’Arabie Saoudite a toujours misé sur les produits importés pour donner du crédit à son football. Même s’il ne s’agissait pas de grands noms dans le concert international, le championnat local a toujours accueilli des étrangers.

Entraineurs, joueurs, médecins du sport etc. étaient à chaque fois sollicités par les clubs saoudiens les plus réputés à l’exemple d’Al Ittihad, le Ahly, Al Hilal et Al Nassr. La différence se situe dans les sommes mirobolantes offertes aux nouvelles recrues contrairement aux étrangers d’antan qui souffraient souvent de l’injustice des dirigeants des grandes écuries saoudiennes qui usaient de tous les subterfuges pour ne pas payer leurs dettes envers les footballeurs sud-américains, asiatiques, arabes et africains.

Même l’arbitrage de la Fifa et du TAS de Lausanne n’y pouvait rien devant l’imparable stratégie de noyautage des saoudiens. Des footballeurs ont même connu les prisons saoudiennes pour avoir réclamé leurs dûs à leurs employeurs sans que les gouvernements et organisations de leurs pays d’origine n’aient acquiescé la moindre réaction. Une image que MBS veut éliminer du décor en mettant sur la table une super cagnotte qui dépasse le budget de plein d’Etats en Afrique, Amérique latine et d’Asie.

Un argent fou qui va devoir profiter aux mêmes, la priorité allant vers les stars venant des championnats européens si ce n’est que pour les seules vedettes de nationalité européenne. Jusqu’alors, les principaux noms de joueurs annoncés proches du challenge saoudien sont des européens.

Ceux-ci ont remplacé, ou vont remplacer, des sud-américains de second rang et des africains qui, à leur arrivée, étaient accueillis comme des stars. Il faut bien rappeler la mésaventure de l’attaquant Vincent Aboubakar « remercié » par Al Nassr dès lors que Cristiano Ronaldo a accepté de rallier le championnat saoudien.

Quid d’autres internationaux africains qui se sont retrouvés « HS », envoyés dans les petits clubs de la D1 et d’autres paliers inférieurs, alors qu’ils étaient considérés comme des icones de la Super Division (Saudi Pro League). Le nigérian Ighalo, l’Algérien M’Bolhi et d’autres encore ont été priés de libérer les places aux grandes figures. Ceci au moment ou de timides tentatives sont lancées pour attirer les vedettes africaines de la Premier League à l’instar de Mahrez, Mané et Aubameyang.

Il est clair que l’avenir de ce trio est quelque peu assombri par une saison en dents de scie même si le capitaine des Verts a réalisé un authentique triplé avec les SkyBlues de City. L’international algérien a reçu une offre (on parle de 50 millions de dollars/an) du Ahly Djeddah dont le président s’était déplacé personnellement en Angleterre pour aborder le sujet avec le joueur et ses représentants.

La mine triste affichée par le numéro « 26 » des Citizens pourrait-elle signifier la fin d’une idylle et le début d’une nouvelle aventure pour l’international algérien ? On en saura davantage sou peu. Le sénégalais Sadio Mané, quant à lui, sort d’une saison décevante gâchée par une blessure qui l’a éloigné des terrains pendant longtemps jusqu’à lui faire perdre son statut au sein du Bayern où il avait débarqué l’été dernier en provenance de Liverpool.

Parmi les trois, le gabonais Aubameyang, triste avec Chelsea après un retour au premier plan chez le Barça, semble le plus à même de terminer sa carrière en Arabie Saoudite. Son âge n’est pas le dernier « ingrédient » à cette « recette » qui fait miroiter les meilleurs appétits parmi les footballeurs de la nouvelle génération en quête d’un avenir dans les plus grands clubs européens en attendant leur « heure » de faire le pas vers l’inconnu, cette arabie qui dépense sans compter.

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