JO Escrime : Farès Ferjani a offert à la Tunisie sa seule médaille aux Jeux Olympiques de Paris 2024 jusqu’à présent. Mais, pour ce jeune champion tunisien, le chemin n’a pas été facile pour arriver jusque-là.
Être un champion en Tunisie relève d’un exploit individuel dans un pays où les sportifs ne reçoivent de la considération de la part des responsables du sport tunisien qu’une fois arrivés au sommet. C’est en déménageant à New York en 2017 qu’il a pu réaliser son rêve. Aux Etats-Unis, il a pu s’entraîner au Manhattan Fencing Center tout en poursuivant ses études à l’université de Saint John.
Un déménagement aux Etats-Unis pour embrasser le succès
La troisième est la bonne ! Après deux participations quelconques à Rio 2016 et Tokyo 2020, Farès Ferjani a remporté la médaille d’argent au sabre, samedi 27 juillet, aux Jeux Olympiques de Paris. Un sacre qu’il qualifie comme celui du fruit des années d’efforts et de travail acharné.
Pour y arriver, Farès Ferjani a dû compter sur lui avec un changement radical de vie de la Tunisie aux Etats-Unis. « La vie américaine était compliquée début 2018, 2019 parce que c’était un changement radical. De Tunis à New York, le Queens, le trajet pour aller à l’entraînement, c’était 1h tous les jours… Et c’est encore comme ça, mais je me suis habitué petit à petit », a indiqué l’escrimeur de 27 ans.
« J’ai commencé à aimer New York et là maintenant je suis quasiment new-yorkais parce que ça me manque quand je ne suis pas là-bas. Et côté escrime, j’ai vraiment progressé beaucoup. Cela se voit aujourd’hui », a ajouté celui qui est issue d’une famille d’escrimeurs dans une interview récente.
Aucune entreprise tunisienne n’a voulu le sponsoriser
Après sa médaille qui a fait pleurer son papa, Salah Ferjani, ex-arbitre international d’escrime, Farès a évoqué les difficultés personnelles et professionnelles qu’il avait rencontrées, et qui l’ont poussé à un moment de sa vie à la dépression. Il a souffert de l’isolement et de l’incapacité de s’adapter à son nouvel environnement.
Farès Ferjani a déploré l’absence de soutien financier en racontant une anecdote sur son échec dans sa recherche de sponsor. « Je n’ai pas de sponsor. J’ai contacté 40 entreprises en Tunisie, mais aucune n’a voulu m’aider car je ne suis pas célèbre et je ne suis pas sur Instagram », a-t-il regretté.
Honoré par le ministre de la Jeunesse et des Sports
Une fois sacré, tout le monde partage le fruit du succès, même ceux qui n’ont rien donné pour que cet exploit soit une réalité. Après sa médaille olympique, la deuxième pour l’escrime tunisienne après celle d’Ines Boubakri, Farès Ferjani a été reçu par le ministre de la Jeunesse et des Sports Kamal Dguich qui l’a honoré.
Monsieur le ministre avait souligné que cette réussite est le résultat des efforts conjugués du champion, et de l’engagement de l’autorité de tutelle à soutenir le tunisien. On se demande vraiment si c’est le cas ou bien, et on s’en doute fort.
Dguich a annoncé la mise en place d’une stratégie visant à améliorer les conditions de formation des champions d’escrime, à doter une salle spéciale qui comprend tous les équipements spécifiques à l’escrime, soulignant l’engagement de l’autorité de tutelle à fournir le soutien nécessaire à la formation d’une génération distinguée dans ce sport.
Farès Ferjani se projette déjà sur l’avenir et qu’il sera soutenu ou pas, le rendez-vous est pris. « Rêvez en grand. Tout est possible. Il y a des challenges mais travaillez aussi dure que vous pouvez. N’abandonnez jamais, essayez tous les jours. C’est à chaque fois une nouvelle chance. Croyez-en vous. J’espère qu’en 2028, on verra beaucoup plus de Tunisiens escrimeurs et qu’on gagnera plus de médailles. »