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Football – Algérie : LFP – EPTV, un déficit de 245 milliards !

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Si dans d’autres pays, les droits TV d’un championnat font l’objet dès maintenant de négociations en prévision de la saison 2024-2025, en Algérie la Ligue de football professionnel est dans l’impasse à cause de créances non payées qui dépasseraient les 245 milliards de centimes vis-à-vis de l’EPTV.

Des créances qui s’accumulent depuis plusieurs saisons

En l’absence d’un véritable marché des droits de retransmission télévisés en Algérie, le monopole demeure celui détenu par l’EPTV (l’Etablissement public de télévision) pour le championnat de Ligue 1 professionnel. En début de saison 2023-2024, l’actuel président de la fédération algérienne de football, Walid Sadi, a signé une nouvelle convention, alors que la Ligue de football professionnel (LFP) n’avait toujours pas reçu ses quoteparts des droits depuis au moins cinq saisons ! Pourtant, le président de la FAF a fait la promesse de recouvrer ces créances qui s’accumulent et qui enfoncent davantage les clubs, notamment ceux qui ne sont pas détenus ou sponsorisés par de sociétés. Certains clubs ont même périclité dans les divisions inférieures faute de ressources financières, dont une partie provient des droits TV qui, malgré leur faible apport, représentent une bouffée d’oxygène pour de modestes formations.

Avant même la crise de la Covid-19, l’EPTV avait cessé d’honorer ses engagements vis-à-vis de la LFP. Son ex-président, Abdelkrim Medaouar n’avait cessé d’interpeller la fédération, le ministère de la jeunesse et des sports, celui de la communication et les autorités publiques sur cette problématique, mais aucune suite n’a été donnée à ce jour à ce dossier devenu avec le temps plus qu’encombrant.

L’EPTV est-elle en mesure de payer ?

Pourtant érigé en Etablissement public à caractère industriel et commercial (EPIC), l’Etablissement public de télévision (EPTV) est à 100% détenu par l’Etat algérien et brasse des milliards de dinars en chiffres publicitaires, mais n’arrive toujours pas à délier les cordons de la bourse pour le football algérien. Plusieurs directeurs généraux se sont succédés ces dernières années à la tête de cet organisme, et de même pour la fédération, mais aucune ligne n’a bougé. Au lendemain de son élection, Walid Sadi a fait la promesse qu’une nouvelle page sera ouverte avec la télévision publique à qui il a ouvert toutes les portes. Que ce soient pour les réunions du bureau fédéral, les visites au Centre technique de Sidi Moussa ou bien pour des déclarations exclusives, l’EPTV est revenue en force dans les bonnes grâces la fédération. Il lui reste juste à voyager avec la sélection nationale, comme au ‘’bon vieux’’ temps pour compléter le décor. Mieux encore, le patron de la FAF avait même déclaré que l’EPTV allait commencer à payer dès le mois de mars 2024. Le fera-t-elle, surtout que selon nos sources, aucun indicateur n’est signalé dans ce sens ? L’EPTV serait même en difficulté pour y faire face et attend une décision du gouvernement pour instruire le Ministère des finances à l’effet de dégager les fonds nécessaires. 

D’ailleurs, si on rajoute le montant de la convention de l’actuelle saison 2023-2024, l’ardoise de l’EPTV a grimpé jusqu’à 24,5 MDA, soit 245 milliards de centimes rien que pour la Ligue de football professionnel (LFP) dont presque la moitié des clubs souffrent et sont en crise financière perpétuelle (NC Magra, US Biskra, USM Khenchela, MC El-Bayadh, ASO Chlef, ES Ben Aknoun et US Souf), puisque l’autre moitié est prise en charge par les entreprises publiques que sont la Sonatrach (MC Alger), et ses filières l’ENTP (CS Constantine), ENAFOR (JS Saoura) et Hyproc Shipping Company (MC Oran), le groupe SERPORT (USM Alger), le groupe MADAR (CR Belouizdad), le groupe Sonelgaz (ES Sétif) et Mobilis (JS Kabylie). La seule exception dans ce paysage : le Paradou AC, détenu par le groupe privé Faïenceries Algériennes de la famille Zetchi et dont le modèle économique est le plus viable, en dehors du soutien du trésor public. 

La DCGF, un outil important mais oublié

Lefootball professionnel en Algérie roule avec des roues à moitié crevées en raison de l’absence d’un outil important : la Direction de contrôle de gestion et des finances des clubs professionnels (DCGF). Une structure pourtant prévue pour accompagner le projet de professionnalisation du sport-roi initié par l’Etat et prévue par les textes réglementaires, notamment l’arrêté du Ministère de la jeunesse et des sports du 1er juillet 2010, la Loi n°13-05 sur le sport et les statuts de la Fédération algérienne de football.

Longtemps rangée dans un tiroir de la fédération, il a fallu attendre le mois d’octobre 2019 pour que la DCGF soit installée par l’ex-président Kheireddine Zetchi dans la perspective de (re)mettre de l’ordre au sein des clubs professionnels, passés depuis sous la coupe des sociétés sportives par actions (SSPA), et de tenter d’atténuer le poids de leurs dettes, face à la raréfaction des ressources financières, notamment des droits TV, plutôt insignifiants et non crédiés depuis quelques années déjà.

L’Etat, qui a financé le football professionnel depuis 2010 à partir d’un fond spécial (un Compte d’affectation spécial n°302-135), a fermé les vannes en 2018 après avoir déboursé 12 240 MDA (1 224 milliards de centimes), dont pratiquement 80% ont été dépensés en masse salariale (joueurs, entraîneurs, agents et autres).

A quoi a servi la commission mixte MJS-FAF ?

Aujourd’hui, aucune perspective ne semble vraiment être engagée pour apporter de réelles solutions au football professionnel en Algérie, malgré la mise en place d’une commission mixte (Ministère de la jeunesse et des sports – Fédération algérienne de football), en juin 2020 sous l’ère Sid Ali Khaldi et remodelée quelques mois après la venue d’Abderazak Sebgag à la tête du secteur, avec comme attributions l’examen de la situation du professionnalisme et la proposition de mesures de sortie de crise. Une commission qui a travaillé durant plus d’une année, présidée à un moment donné par Ameur Mansoul, l’actuel Directeur technique national, mais dont les conclusions, et encore moins les solutions, n’ont pas encore vu le jour.

Entre temps, des clubs historiques comme l’USM Blida, l’USM Bel-Abbès, le WA Tlemcen, le MC Saïda, la JSM Tiaret, le CA Bordj Bou-Arréridj, le NA Hussein-Dey, l’USM El-Harrach, le MC El-Eulma, la JSM Bejaia, le MO Bejaia, le MO Constantine, la JSM Skikda, l’USM Annaba, l’ES Guelma et bien d’autres, agonisent saison après saison. Passant du statut d’amateur vers celui de professionnel avec la création de SSPA, ces clubs ont cumulé des dettes insurmontables, les impactant doublement : sur le plan financier, où ils sont en faillite, et sportivement, pour la plupart interdits de recrutement avant la descente aux enfers.

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