Le championnat d’Algérie trouve du mal à convaincre les joueurs de calibre à y évoluer. Pour plusieurs raisons, et l’argent n’est pas le moindre des motifs, ces footballeurs étrangers de qualité supérieure préfèrent, à défaut d’Europe, aller au Maroc, en Tunisie, en Egypte ou dans le pays du golfe.
Il n’y a pas si longtemps, des clubs algériens ont eu l’idée de faire venir des joueurs étrangers pour donner, espéraient-ils, de la qualité à leur effectif.
La plupart du temps, ils ont fait appel à des footballeurs du continent africain, bien que des sud-américains (brésiliens notamment) et des arabes du continent asiatique, de même qu’une minorité de joueurs de l’Europe de l’est, ont foulé les terrains algériens. Rares étaient ceux qui ont brillé ou laissé des souvenirs indélébiles chez le supporter algérien.
Il y a eu les maliens Moussa Coulibaly et Diakité(MCA), le malien Mamadou Traoré et le nigérian Michael Eneramo(USMA), le burkinabé Moussa Dagno, le béninois Wassiou Nwosu , le malien Cheikh Oumar Dabo, le Libyen Omar Daoud et le camerounais Albert Ebosse(JS Kabylie), le malien Souleymane Keita et l’ivoirien Adeko(ES Sétif). Les autres ont fait de la figuration, pour ne pas dire qu’ils n’ont pas dignes de porter le maillot des clubs algériens de première division. Il faut dire que cette raréfaction de joueurs côtés dans le championnat algérien est la conséquence directe de certaines conditions imposées par la fédération(âge du joueur ne dépassant pas les 27 ans, statut d’international etc.).
Et pour boucler la boucle, beaucoup de ses recrues subsahariennes ont fini par solliciter l’arbitrage de la FIFA pour recouvrer leurs droits, des clubs algériens étant réputés être de mauvais payeurs pour ne pas dire autre chose.
Les binationaux comme solution
En quête d’oiseau rare, les clubs algériens allaient donc changer de fusil d’épaule en optant pour des footballeurs d’origine algérienne venant de l’étranger, de France notamment. Ce sont des joueurs qui n’auront pas les mêmes contraintes pour rejoindre les clubs algériens. Ni âge, ni statut d’international, encore moins un CV prouvant qu’ils sont des footballeurs professionnels.
Il suffisait que leurs agents soient bien introduits dans les clubs algériens et se montrent convaincants vis-à-vis de présidents de clubs souvent mis sous la pression de leur public et des médias. Ces derniers ont joué un rôle important dans le recrutement de pratiquement tous les joueurs binationaux qui avaient écumé le championnat national de première et deuxième divisions.
Certains journalistes en ont même fait fortune grâce à un travail savamment mené de propagande pour faire passer un joueur d’un club corporatif, de district ou de National pour le « sauveur » tant recherché.
Au final, à part quelques belles affaires (Amir Karaoui, Khaled Gourmi, Cédric Si-Mohamed et Ouahab Khedairia) qui a réussi à accrocher une place par l’effectif de la sélection nationale, le reste a été un fiasco total.
Les grands clubs algériens consommateurs de joueurs à chaque mercato (MCA, USMA, JSK, CRB, ESS et MCO) ont été tournés en bourrique en ayant fait signer des joueurs à peine capables de faire une passe, épater durant un match, marquer un but et puis rien. La plupart d’entre eux ont mis à mal les caisses des clubs qui, mauvais payeurs qu’ils sont, seront trainés devant les instances nationale et internationales.
Quelques internationaux au crépuscule de leur carrière
Des footballeurs binationaux qui ont plutôt porté préjudice au football algérien qu’ils ne l’ont fait progresser et rendre performant à l’échelle continentale. Ce qui était fort logique comme issue sachant que ces joueurs n’ont pas eu la formation adéquate d’un professionnel.
Sinon, ils auraient été inspirés à évoluer dans les différents championnats européens dits mineurs. Les cas de bons joueurs binationaux ayant réussi à s’incruster dans les championnats de seconde zone en Europe ne sont pas nombreux mais certains, comme Nassim Akrour qui, formé à Noisy-le-Sec, a eu l’idée d’aller en Angleterre (Sutton puis Woking) pour attirer les regards de clubs français de deuxième division puis des sélectionneurs algériens. Des Akrour qui ont réussi dans le football professionnel en Europe, ils ne sont pas nombreux. La plupart préfèrent, faute d’offres et vu leur niveau, tenter leur chance en Algérie ou, désormais, dans des championnats de seconde et troisième zones en Europe (Bulgarie, Azerbaïdjan, Suède, Norvège etc.) à l’exemple de certaines recrues estivales ramenées par le MC Oran.
Pour les joueurs binationaux de calibre international, les clubs ont du patienter l’épuisement de toutes les voies chez certains joueurs (Yazid Mansouri, Mourad Meghni, Driss Saadi, Nadjib Amari, Mehdi Zerkane, Raïs M’bolhi et Adlène Guedioura) pour en bénéficier parcimonieusement de leur image, et encore moins sur le plan de la performance sur le terrain.
Cet été des clubs en quête d’un meneur de jeu ont lorgné Yacine Brahimi, Farid Boulaya, Riyad Boudebouz, Haris Belkebla et même Adem Ounas. En vain, trop chers pour les clubs et certainement trop fiers pour se salir dans un challenge qui se joue sur des terrains en tartan, en gazon délabré, et dans une ambiance de guerre. Une expérience imposée au seul Mustapha Dahleb, virtuose du PSG, obligé de fouler le tuff du stade du 20-Août pour défendre les couleurs du CR Belouizdad.
A cette époque, l’impératif de passer son service national en Algérie a failli bousiller une carrière de footballeur immense d’un joueur d’exception.