L'incontournable du football africain

Exclusif Africafootunited : Sa carrière, les Eléphants de Côte d’Ivoire, Belmadi, Cissé, André Onana, Alain Gouaméné à cœur ouvert

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Dans un entretien exclusif accordé á AfricaFootUnited à Abidjan, Alain Gouaméné est revenu sur son passé de mythique gardien de but des Eléphants de Côte d’Ivoire, sa reconversion en tant qu’entraîneur adjoint de la sélection ivoirienne et Directeur technique national adjoint. Il aborde le troisième sacre ivoirien lors de la CAN 2023 et sa perception du rôle de gardien de but ainsi que sa vision du football africain.

Avec ses 7 Coupes d’Afrique des Nations disputées avec la sélection, Alain Gouaméné détient encore à ce jour le record de participations d’un joueur ivoirien à une phase finale de la CAN. Ni Laurent Pokou, ni Didier Drogba ni Yaya Touré, n’ont réussi  à détrôner le gardien de but ivoirien  Entre son épopée glorieuse avec le Raja Casablanca, son passage raté à l’Olympique Lyonnais son retour à l’asec Mimosas d’abidjan, et sa brillante carrière avec les Eléphants de Côte d’Ivoire (58 caps), celui qui a arrêté sa carrière en juillet 2000 est un modèle de reconversion.

La premier sacre des Eléphants à la CAN 1992

Figure emblématique du football ivoirien, Alain Gouaméné a contribué par ses performances majuscules à la victoire historique de la Côte d’Ivoire à la CAN 1992, une première pour la sélection ouest-africaine à l’époque.C’était à l’issue d’une finale disputée contre le Ghana et une interminable séance de tirs aux buts remportés 11 à 10 . 32 ans après cet exploit retentissant, l’ex gardien du Raja Casablanca garde un souvenir mémorable de cette épopée.  « C’est la solidarité et la complémentarité qui nous a permis de remporter cette première CAN pour la Côte d’Ivoire en 1992. On n’était vraiment complémentaires. C’était l’apothéose de notre carrière parce que cette génération a commencé en 1980 dans les catégories de jeunes et en 1992, 12 ans après on réalise quelque chose de magnifique pour la Côte d’Ivoire. La solidarité, la complémentarité, l’envie de gagner quelque chose et ça nous a donné ce titre de champion d’Afrique. » s’exclame-t-il.

Une carrière mitigée en Europe

Contrairement à ses contemporains camerounais, Joseph Antoine Bell et Thomas Nkono qui se sont imposés dans les grands clubs en Europe, Alain Gouaméné a éprouvé du mal à se tailler une place sur le vieux continent. Recruté par l’Olympique Lyonnais en 1990, le natif de Gagnoa a été barré par la concurrence malgré son talent. Une situation qu’il tente d’expliquer.

« J’ai eu beaucoup de malchance, les qualités en elle même étaient là.Mais j’ai eu beaucoup de malchance dans les documents administratifs.Mais je savais une chose c’est que je pouvais aller le plus loin possible.J’ai fait ma carrière,je ne regrette rien du tout parce que chacun à son destin et c’est cette destinée que je suis actuellement. J’ai été heureux dans ma carrière , j’aurais pu faire mieux mais ce que j’ai fait c’est vraiment intéressant. Un enfant qui est né dans un village, pas de lumière, pas d’électricité et qui est arrivé en France, faire une carrière et être où je suis, c’est pas mal »estime Gouaméné.

Djamel Belmadi, Aliou Cissé ou Emerse Faé, ont de la compétence

Le légendaire gardien ivoirien s’est également prononcé sur la réussite des entraîneurs locaux à la tête des sélections africaines. En effet, sur les 3 dernières Coupe d’Afrique des Nations, on retrouve trois entraîneurs locaux à la tête des sélections vainqueurs: Djamel Belmadi avec l’Algérie en 2019, le Sénégal d’Aliou Cissé en 2021 et Emerse Faé en 2023 avec la Côte d’Ivoire. Cette tendance édulcore de plus en plus, le mythe du sorcier blanc sur le continent.

« Avant que le mythe ne disparaisse totalement, il faut une chose. Il faut que les africains se forment.C’est la formation c’est tout. Les africains doivent avoir des licences pour pouvoir travailler. Donc nos jeunes entraîneurs doivent travailler pour avoir des connaissances. Ce sont des connaissances qui doivent nous amener à avoir de la compétence.Ces entraîneurs, que ce soit Djamel Belmadi, Aliou Cissé ou Emerse Faé, ont de la compétence parce qu’ils ont appris. Moi je suis DTN adjoint en Côte d’Ivoire, c’est la formation. Aujourd’hui je suis devenu expert FIFA pour le développement coaching.Il faut qu’on se forme.Nous sommes intelligents. C’est à nous de faire attention avec nos émotions. Ce qui nous tue ce sont nos émotions qui font que souvent on prend un joueur parce qu’on l’aime. Par contre les européens font des choix forts, ils prennent de bonnes décisions parce qu’ils ont moins d’émotions que nous.Ce qui nous trahissent ce sont nos émotions donc il faut qu’on essaie de canaliser nos émotions  et je pense qu’on pourra avoir de très grands entraîneurs en Afrique parce qu’il y en a qui ont fait une bonne carrière de joueurs et qui sont devenus de très bons entraîneurs.J’en appelle à tout le monde, il faut se former. C’est ce que je fais tous les jours. Je n’arrête pas de me former.Que ce soit à la CAF, que ce soit à la FIFA, je suis toujours en train de me former pour que quand je parle de football à quelqu’un il puisse dire, lui il sait de quoi il parle. S’ils se forment on n’a pas besoin d’aller chercher quelqu’un à l’extérieur qui ne connaît même pas l’environnement. »

Un petit tacle à André Onana

Le Directeur technique national adjoint a donné également son avis sur l’évolution du poste de gardien de but. Pour ce dernier, le gardien de but doit se contenter d’abord de bien garder ses buts inviolés. Évoquant le jeu aux pieds du gardien camerounais, André Onana, il estime qu’il doit revenir aux fondamentaux du poste.

« Quel est le travail initial d’un gardien de but? C’est la question qu’il faut se poser. Aujourd’hui on veut changer les règles donc on change les règles sur les gardiens. Quel est son boulot? Son boulot c’est d’empêcher les ballons de rentrer dans ses buts. Prendre le moindre but que l’adversaire. Aujourd’hui le gardien de but est devenu un libéro, c’est bien, le football a évolué mais il reste un gardien de but. Quelle est sa zone de sécurité? C’est sa surface de réparation. On demande au gardien de but d’être bon aux pieds certe. Mais il faut pas oublier une chose, c’est qu’il doit arrêter les ballons. André Onana qui est un fils, un jeune frère que je regarde souvent et qui est un très bon gardien et bon aux pieds mais il faut qu’on lui dise une chose, c’est que jeune homme, tu es là c’est pour qu’on ne prenne pas des buts. Laisse les jouer, tu vas compenser, tu vas compléter ce qu’ils ne font pas avec le pied mais tu ne fais pas le pied pour compléter avec la main. Il est gardien de but, il a une complémentarité a amené avec les pieds, ça s’arrête là.

Le Cameroun, c’est un pays de gardien de but, Thomas Nkono, Joseph Antoine Bell, Jacques Songo, Carlos Kameni c’est de très grands gardiens de buts dont certains ont gagné le Ballon d’or et André ce qu’on doit lui demander aujourd’hui c’est de se concentrer sur lui même et éviter de prendre des risques inutiles. Il doit avoir sa ligne à lui, sa chose à lui , sa maison à lui. » affirme-t-il.

« Aujourd’hui avec les images, internet, tout le monde balance des choses pour le critiquer dès qu’il prend un but. Il doit faire avec et rester concentrer sur l’essentiel parce qu’il doit le faire.Il sait le faire. Actuellement il y a beaucoup de grands gardiens de buts en Afrique. Mais lui peut être un grand gardien de but en devenir.Seulement le club est différent de la sélection.Quand il arrive au Cameroun, il faut qu’il joue sa partition pour ne pas prendre de but et là il verra demain qu’ il va encore atteindre les sommets. Il est déjà riche, ce n’est pas une question d’argent mais de renommée parce que dans son pays (Cameroun) il y a de grands gardiens qui ont brillé. »insiste-t-il.

Sur Yahya Fofana

S’agissant de l’actuel du gardien numéro 1 de la Côte d’Ivoire, Yaya Fofana, Gouamené pense qu’il a toutes les qualités pour s’imposer dans les prochaines années comme l’un des meilleurs gardiens du continent.

« La mensuration des gardiens de buts aujourd’hui c’est ce qu’il a. Deux mètres, il a l’aptitude d’un gardien moderne. Il est jeune, il n’a que 24 ans mais je sais qu’il va devenir un grand gardien de but. Il a gagné trop tôt et quand tu gagnes trop tôt, tu continues de progresser. Mais comme tu as gagné, tout ce que tu vas faire, on va dire ça suffit pas. Et ça nous qui sommes à ses côtés on doit l’accompagner pour qu’il travaille. Il est à Angers dans un club moyen qui prend beaucoup de buts. Je lui ai dit tu prends 10 et tu fais 9 arrêts tu es le meilleur gardien . il a de l’avenir. « 

Le 3e sacre ivoirien

Revenant sur la victoire de la Côte d’ivoire à la CAN 2023, le sélectionneur adjoint des Éléphants estime que c’est l’état d’esprit qui a fait la différence.

« Gagner une Coupe d’Afrique, ce n’est pas parce que tu es un bon footballeur. Gagner une Coupe d’Afrique, c’est un problème mental. Qu’est ce que le groupe vaut. Ce n’est pas sur le plan technique parce qu’on gagnerait jamais.Certains pays notamment le Bénin,le Togo ne gagnent pas la Coupe d’Afrique parce que c’est un problème mental.C’est dans la tête que ça se passe. Le Mali a de très bons joueurs, c’est une équipe extraordinaire mais mentalement, il peut dépasser quelque chose. Pourquoi les Egyptiens ont gagné 7 CAN c’est justement parce que mentalement, ils étaient forts mentalement. Actuellement les équipes en Afrique subsaharienne sont en train de monter mentalement en disant oui on est là, on est meilleur que vous. Ils ont besoin d’un guide qui est l’entraîneur. Comment il est? Si lui il transmet déjà la peur, ça veut dire qu’ils ont des problèmes, il est mort donc la Côte d’Ivoire a de très bons joueurs.Nous avons de jeunes joueurs qui apportent leur fraîcheur mais après est ce que ça suffira, c’est la question. Mais ils ont encore un an pour grandir. Heureusement qu’il y a les éliminatoires de la Coupe du monde qui arrivent et ça donne plus de matchs aux jeunes donc plus d’expériences » a-t-il soutenu.

« Les gens respirent football, vous avez vu ce que la dernière CAN a transmis en termes d’émotions et de scénarios. J’ai vu des CaN ou on avait l’impression de voir des matchs amicaux mais ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire l’année dernière était exceptionnelle, c’est la meilleure des CAN. Nous avons bien bossés, le staff, la fédération, on a failli mourir mais le Maroc nous a ressuscité, merci au Maroc. Et là je peux vous le dire, on va pas au Maroc pour regarder, on va au Maroc pour prouver à certaines personnes qui pensent qu’on a gagné par accident ou par chance que nous avons de la qualité. On a des jeunes joueurs de qualité qui savent jouer au football après c’est de faire un groupe solide complémentaire avec un mental d’acier. On peut battre tout le monde. « 

Goumanéné rêve d’une participation à la Coupe du monde

Évoquant les éliminatoires de la Coupe du monde 2026 qui reprennent en mars prochain avec les 5e et 6e journées, l’adjoint d’Emerse Faé rêve d’une  4e participation ivoirienne à une phase finale de Coupe du monde.
 » J’ai entendu quelque part quelqu’un dit si on est vainqueur de la CAN, on doit aller en Coupe du monde, c’est logique mais après dans la faisabilité, il faut jouer. C’est pas parce que tu es champion d’Afrique que tu vas traîner le pas sinon des pays comme le Burundi et le Kenya vont te battre. Sinon on doit se battre pour aller en Coupe du monde quand même. On a de très bons footballeurs. On va y être, on fera tout pour y être. Il faut pas y aller pour y aller. On ira pour faire quelque chose de bien pour l’Afrique. Le Cameroun, le Maroc ça commence à venir et nous on veut être l’un des pays de l’Afrique de l’ouest à montrer quelque chose. « 

L’intégralité de l’interview sur notre chaine Youtube

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