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Evocation – Algérie : Quand le MC Alger écrit l’histoire d’un certain 11 mars 1956

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Voici une date qui passe souvent inaperçue, mais qui ô combien a marqué l’histoire du football algérien d’avant l’indépendance, celle du 11 mars 1956 et ce fameux match entre le Mouloudia d’Alger à l’AS Saint-Eugène qui marquera l’arrêt de toutes les activités sportives. 

Avant l’équipe portant son nom, le FLN décrète l’arrêt des activités sportives

Deux ans avant l’avènement de la glorieuse équipe du Front de libération nationale (FLN), le 13 avril 1958, il s’agit de rappeler une autre date qui a également marqué la lutte du peuple algérien pour le recouvrement de sa liberté à travers le mouvement sportif national qui a de tout temps été présent. Depuis le 1er novembre 1954 et le déclenchement de la lutte armée, le FLN n’a cessé de déployer ses activités à tous les pans de la société algérienne où les sportifs et les clubs musulmans avaient joué un rôle important dans l’éveil des consciences et l’émancipation pour une Algérie libre et indépendante.

Et comme l’histoire est toujours une affaire de date, le dimanche 11 mars 1956 en était une. Ce jour-là, la tension a grimpé d’un cran à quelques heures du grand derby qui devait opposer deux clubs plus que rivaux : d’un côté, la formation européene de l’AS Saint-Eugène (ASSE) et de l’autre, l’équipe musulmane du Mouloudia Chaâbia d’Alger (MCA), pour le compte de la 12ème journée du championnat de football de l’époque. Une confrontation symbolique entre l’équipe qui représentait la force coloniale face à celle porteuse des valeurs nationalistes sous ses couleurs vert et rouge, prémices du drapeau national.

Bagarres, émeutes, bastonnades, arrestations, … et puis des martyrs !

Le stade de Saint-Eugène (actuel Omar Hamadi) de Bologhine se révélait plus qu’exigu pour contenir la foule des supporters venus pour assister à une empoignade sportive qui promettait entre une équipe qui n’avait concédé aucune défaite depuis le début de la saison et un MCA de plus en plus revigoré par le sentiment nationaliste. D’ailleurs, le score de parité (1 à 1, avec l’égalisation en deuxième mi-temps du mouloudéen Lakhal Hamadi) avant l’arrêt de la partie, était plutôt anecdotique, tant l’événement était ailleurs.

En effet, tout comme aujourd’hui, les supporters du doyen étaient plus nombreux et il a fallu l’intervention des CRS pour dégager une partie de tribune pour les fans européens de l’ASSE. Ce fut déjà les premières étincèles. Mais peu après l’égalisation Mouloudéenne, des bagarres éclatèrent dans les tribunes avant que la situation ne dégénère en émeutes entre les supporters ‘’arabes’’ et les forces de l’ordre, venues en force pour mener la bastonnade. Des cris, le sang gicle, des arrestations musclées, puis des coups de feu de sommation voir des coups de feu tout court. L’on dénombra une trentaine de victimes, selon les rapports de la police, alors que du côté algérien on parla d’une centaine de martyrs.

Les autres clubs autochtones musulmans emboitent le pas

Dans la soirée de ce dimanche 11 mars 1956 et le lendemain, ces graves événements sont dans tous les journaux et dans la radio. Les médias propagandistes français ont tenté de minimiser ces incidents, mais l’ampleur des dégâts a trainé comme une trainée de poudre à travers tout le territoire national. La ligue algéroise de football a voulu sauter sur l’occasion pour sanctionner lourdement le Mouloudia, mais les dirigeants du doyen vont anticiper en décrétant le boycott du championnat. Dans la foulée, le FLN annonce l’arrêt de toutes les activités sportives, toutes disciplines confondues, et le mardi 13 mars, d’autres clubs musulmans à l’instar de l’USM Oran, l’USM Blida, l’USM Bel-Abbès, le RC Kouba, l’USM Marengo (Hadjout) et bien d’autres, vont adopter la même décision.

En dehors du cercle politique et de l’action armée, ce coup porté à la France coloniale, va marquer les esprits et les activités sportives en Algérie ne reprendront qu’après l’indépendance en 1962.  

Cette date du 11 mars 1956 est loin d’être anodine, car quelques jours auparavant il y a eu, le 2 mars, la proclamation de l’indépendance du Maroc, et un peu plus d’une semaine après celle de la Tunisie, le 20 mars. L’Algérie, elle, poursuivait sa lutte sur tous les plans, payant le prix fort face à une machine de guerre utilisant tous les moyens pour écraser le mouvement indépendantiste national. Le football a eu sa part dans cette lutte, une réalité qui dépasse allégrement la fiction ou la légende, et qui qui méritait d’être rappelée.

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