Alors que les Fennecs ont signé une démonstration face au Mozambique (5-1), consolidant leur leadership dans les éliminatoires de la Coupe du monde, le Maroc peine à convaincre malgré des statistiques flatteuses.
Les critiques fusent contre Walid Regragui, dont la communication divise, tandis que la crainte de voir l’Algérie triompher lors de la CAN 2025 au Maroc alimente les débats. Entre rivalité sportive et attentes élevées, l’heure est à l’autocritique pour les Lions de l’Atlas.
L’Algérie en feu : un avertissement pour la CAN ?
Leader du groupe G avec 15 points et meilleure attaque des éliminatoires (16 buts), l’Algérie de Vladimir Petkovic dispose d’une équipe rôdée, inventive et redoutable devant le but. La victoire sans appel face au Mozambique (5-1) ce mardi à Tizi-Ouzou a confirmé l’excellente forme des Fennecs, avec un triplé d’Amoura et des passes décisives de Mahrez. Déjà vainqueurs face au Botswana (1-3) lors de la 5e journée dans des conditions climatiques ardues, les hommes de Petkovic sont intraitables sur le continent.
Cette démonstration contraste avec les récents matchs du Maroc, pourtant leader de son groupe mais critiqué pour son manque de fluidité. Si Walid Regragui peut se targuer d’un bilan impressionnant (10 victoires en 11 derniers matches), les prestations en demi-teinte contre le Niger et la Tanzanie ont suscité des interrogations. Les supporters marocains, habitués à un football plus conquérant depuis le Mondial 2022, s’impatientent. Certains réclament même le départ du sélectionneur, jugé trop sûr de lui dans ses déclarations.
Stratégie marocaine : pousser l’Algérie en favori pour mieux la piéger ?
Et si le Maroc jouait subtilement la carte de la modestie pour retourner la pression contre l’Algérie ? Alors que les Fennecs enchaînent les performances convaincantes, certains observateurs y voient un piège en préparation : en laissant l’Algérie endosser le rôle de favori, les Lions de l’Atlas pourraient exploiter une faiblesse récurrente de leur rival.
Car une constante persiste : l’Algérie, malgré ses statistiques éblouissantes en qualifications, a tendance à craquer sous le poids des attentes en phase finale. En 2021, tenante du titre et considérée comme la grande favorite, elle est humiliée dès le premier tour. En 2023, malgré une génération dorée, elle quitte la CAN prématurément, encore une fois victime de son statut.
De leur côté, les Marocains semblent cultiver l’art de la sous-estimation. Walid Regragui, malgré un bilan solide (10 victoires en 11 matches), laisse planer le doute sur son équipe, alimentant volontairement ou non un récit de « faiblesse ». Une stratégie qui pourrait servir deux objectifs : alléger la pression sur ses joueurs tout en incitant l’Algérie à surestimer sa domination.
Pourquoi les supporters marocains craignent-ils les Fennecs ?
Derrière les critiques envers Regragui se cache une réalité plus sombre : la peur de voir l’Algérie soulever le trophée de la CAN en terre marocaine. Une perspective insupportable pour les Lions de l’Atlas, d’autant que plusieurs facteurs jouent en faveur des Fennecs :
La période (21 décembre 2025 – 18 janvier 2026) : Les deux dernières participations algériennes en CAN (2021 au Cameroun et 2023 en Côte d’Ivoire) ont été marquées par des difficultés liées au climat subsaharien en janvier. Des matchs clés avaient été joués à 14h sous une chaleur écrasante, loin des conditions optimales. Au Maghreb, en décembre-janvier, le temps sera plus clément, ce qui pourrait profiter au jeu dynamique de l’Algérie.
Un historique favorable au Maghreb : L’Algérie a remporté ses deux CAN (1990 et 2019) sur des terres maghrébines – la première à domicile, la seconde en Égypte. Un précédent qui pourrait bien se répéter en 2025.
Regragui face à la défiance : entre résultats tangibles et attentes déçues
La situation de Walid Regragui illustre parfaitement le paradoxe du football marocain contemporain. D’un côté, des statistiques éloquentes : 10 victoires en 11 matches, une qualification aisée pour la CAN (pays organisateur) et des performances globalement satisfaisantes. De l’autre, une grogne palpable parmi les supporters, déçus par un jeu souvent terne et des déclarations perçues comme suffisantes.
L’opinion des supporters marocains se partage désormais en trois courants distincts. Les inconditionnels mettent en avant le bilan objectivement positif et rappellent que Regragui reste le seul sélectionneur à avoir conduit le Maroc en demi-finale d’une Coupe du Monde. Les détracteurs, de plus en plus vocaux, pointent du doigt un jeu souvent laborieux contre des équipes modestes et une communication parfois maladroite du technicien. Entre les deux, une frange importante de supporters indécis attend des preuves plus convaincantes contre des sélections de haut niveau.
Ce tournoi, qui se déroulera au Maroc, dépasse largement le cadre sportif. Dans le contexte tendu des relations algéro-marocaines, avec une rupture diplomatique depuis 2021, la perspective de voir l’Algérie triompher en terre chérifienne serait un scénario cauchemardesque pour les supporters marocains.
Alors que l’Algérie semble avoir trouvé son rythme de croisière sous la direction de Vladimir Petkovic, avec un jeu fluide et des résultats convaincants, le Maroc apparaît à la croisée des chemins. La CAN 2025 ne sera pas qu’une simple compétition footballistique : elle s’annonce comme une véritable bataille pour la suprématie régionale, chargée d’enjeux sportifs, et politiques .
Entre la peur marocaine d’un triomphe algérien à domicile et la crainte algérienne de succomber une fois de plus au piège du favori, une chose est sûre : le duel entre les deux voisins maghrébins promet d’être explosif. Et dans ce contexte, la pression sur Walid Regragui n’a jamais été aussi forte.
