A quelques semaines du coup d’envoi de la nouvelle saison 2024/2025, de grosses inquiétudes pèsent sur le financement du football, notamment les droits TV qui demeurent un chapitre difficilement recouvrable par la FAF.
Le 6 mars dernier, Africa Foot United consacrait un sujet au très compliqué dossier des dettes de l’Etablissement public de télévision (EPTV) vis-à-vis de la Fédération algérienne de football (FAF). En position de véritable monopole, l’EPTV est un partenaire ‘’incontournable’’ pour le football algérien puisque tous les événements retransmis à la télévision nationale publique et cédés aux télévisions étrangères dans le cadre des échanges (cas de l’ASBU par exemple) ou dans celui de la réciprocité lorsqu’il s’agit de compétitions officielles (interclubs, éliminatoires de la Coupe du Monde, de la CAN, …), passent par ce canal qu’est l’EPTV.
Or, depuis au moins cinq saisons (une autre source parle de sept ans), la Fédération algérienne de football n’a toujours pas reçu ses quoteparts des droits TV qui culminent aujourd’hui autour de 300 milliards de centimes (AFU avait évoqué le montant de 245 milliards de centimes en mars dernier) pour les matchs du championnat professionnel de Ligue 1 Mobilis, mais aussi pour les autres rencontres (équipe nationale, Coupe d’Algérie, autres sélections).
Pourtant, le président Walid Sadi avait promis de régler cet épineux problème dès son élection, le 21 septembre 2023. Le jeudi 5 octobre 2023, il s’est même réuni dans son bureau à Dely Ibrahim avec Adlane Zerrouki, directeur commercial et responsable de la commission chargée des droits de retransmission des événements sportifs à l’EPTV.
Dans un communiqué laconique, la FAF évoquait les relations historiques entre les deux institutions et l’examen d’une nouvelle convention 2023/2024 portant sur les droits de retransmission du championnat de Ligue 1 Mobilis et l’éventualité de retransmettre également les matchs du championnat de Ligue 2 amateur (LNFA).
Si en France par exemple, les droits TV pour les clubs de la Ligue1, en dehors des droits internationaux, ont chuté de 60% par rapport à la saison dernière, en Algérie on ne sait pas si les discussions d’octobre dernier ont permis une revalorisation des droits (ce qui est presqu’impossible) ou que l’essentiel a tourné autour d’un rééchelonnement de la créance de l’EPTV selon un calendrier approuvé par les deux parties.
C’est d’ailleurs, ce qui ressort de la dernière rencontre entre le directeur général par intérim de l’EPTV, Adel Slakdji (Mohamed Nadir Boukabes, a été limogé récemment de son poste de DG) et le secrétaire général de la FAF, Nadir Bouzenad. Les deux hommes ont tenté de déblayer le terrain en attendant de trouver une issue, qui semble très difficile car l’EPTV devra recourir à un appel de fond auprès du trésor public et donc du Ministère des finances pour éponger une telle dette.
La réalité du terrain a fini par rattraper Walid Sadi et son équipe qui ont promis ‘’monts et merveilles’’ à la famille du football, mais qu’à la fin, mis à part quelques voitures de marque chinoise Cherry, dont a bénéficié la fédération dans le cadre d’un contrat de sponsoring ‘’confidentiel’’, aucun autre sponsor majeur ou de taille n’est venu renflouer ses caisses.
Cette situation a davantage enfoncé les clubs, notamment ceux qui ne sont pas détenus ou sponsorisés par de sociétés, où certains d’entre eux ont même périclité dans les divisions inférieures faute de ressources financières, dont une partie devait provenir des droits TV qui, malgré leur faible apport, représentaient tout de même une bouffée d’oxygène pour de modestes formations.
Côté EPTV, on se demande vraiment si cet établissement est capable de payer et d’honorer ses engagements qui s’accumulent de saison en saison. Pourtant, plusieurs directeurs généraux se sont succédés ces dernières années à la tête de cet organisme, et de même pour la fédération, mais aucune avancée notable n’a été constatée dans ce cadre.
Aussi, certains s’interrogent s’il y a vraiment un contrat d’exclusivité entre les deux parties, lorsqu’on voit que Sadi a ouvert les portes grandes ouvertes de la fédération à la télévision nationale, et même de la sélection nationale, sans une réelle contrepartie palpable. Comme tout se fait dans l’opacité, notamment lorsqu’il s’agit de finances, on en saura davantage lors de la prochaine assemblée générale ordinaire de fin d’exercice (2024), et de fin de mandat (2020-2024) lorsque les documents relatifs au bilan financier seront rendus publics.
A ce moment-là, on appréciera l’effort de la fédération, si effort il y a, et surtout les ‘’prouesses’’ tant promises en matière de diversification et d’augmentation des recettes, en dehors des anciens contrats déjà en cours et dont certains expirent cette fin d’année et pas des moindres (Sonatrach et Mobilis), du programme Forward (qui profite à toutes les associations) et du passif (dépôt à terme) dont elle dispose.