Le beau stade Miloud Hadefi d’Oran est resté comme prévu complètement vide lors de la demi-finale de Coupe d’Algérie entre le MC Alger et le CS Constantine. Est-ce la dernière fois que les supporters soient privés d’une telle affiche ?
La grande affiche tant attendue, et surtout redoutée, entre le MC Alger et le CS Constantine a bien eu lieu mardi soir au stade Miloud Hadefi d’Oran sans la présence du public, comme l’avait décidé la Fédération algérienne de football. Certes, la rencontre a été agréable à suivre surtout cette course des Mouloudéens pour recoller au score après le but du néo défenseur international Mohamed Amine Madani. La réalisation de l’ivoirien Zougrana, après deux buts refusés après recours à la VAR pour une position d’hors-jeu, a relancé de plus belle le suspense jusqu’à ce coup de grâce d’Abdelaoui à trois minutes de la fin des prolongations. La qualification des algérois pour leur dixième finale de Coupe d’Algérie était bien méritée et les débats se sont terminés comme ils ont débuté, dans un grand fair-play entre les joueurs et les dirigeants des deux camps.
Mais qu’en est-il des supporters des deux clubs qui ont été privés de cette demi-finale 2024 de l’épreuve populaire ? Seront-ils présents au prochain rendez-vous entre les deux équipes ? L’occasion était propice pour aller fouiner dans les archives et surtout dans l’histoire des deux clubs, à travers des ouvrages, des écrits de presse et des témoignages.
A cet exercice, et au-delà des débats interminables et la passion qui a toujours entouré ce sujet de discorde, on peut dire que le match n’a pas eu lieu vraiment car en définitive il n’y a eu ni vainqueur ni vaincu.
Chaque club a son histoire et ses racines et il en est fier. Chaque club se revendique être le doyen des clubs algériens, en s’appuyant sur des ouvrages, des articles de presse et des témoignages, souvent de dirigeants qui, pour la plupart, ne sont plus de ce monde vu que les deux entités s’estiment plus que centenaires (1921 pour le MCA et 1898 pour le CSC).
Chaque club a également ses historiens à l’image de Youcef Fatès, chercheur, universitaire et enseignant à la Sorbonne, qui estime que le Mouloudia est le doyen sur la base de faits et de documents objets d’un travail d’une longue investigation ; mais aussi le défunt professeur Abdelmadjid Merdaci, historien, sociologue émérite et écrivain, qui lui retrace les origines du club sportif Constantinois jusqu’à 1898.
Lire et écouter ces deux hommes d’une grande culture est plus qu’indiqué pour ceux qui veulent bien s’enrichir intellectuellement et plonger dans cette histoire inédite dont la rivalité a été suscitée par des esprits chauvins qui n’ont su, ni pris le temps et surtout la bonne manière de transmettre l’histoire telle qu’elle est, voir la simplifier pour une meilleure compréhension, tout en évitant le piège de la discorde et de la fitna propagée à travers le terreau malsain d’un esprit clubard rétrograde.
Si pour le Mouloudia d’Alger, l’histoire est plutôt claire car les documents de l’administration française indiquent que la naissance du club est transcrite le 3 octobre 1921 dans le Journal officiel, après une création le 31 juillet et une annonce le 7 août coïncidant avec le Mawlid Ennabaoui Ech’Charif, d’où le nom de ce club populaire. A la différence du Mouloudia qui ne revendique pas un autre ancrage antérieur, le Club sportif Constantinois, lui, retient une double filiation avant sa naissance administrative en 1926 sous cette appellation (CSC), et ce avec le club Iqbal-Emancipation datant de 1898, puis l’Etoile Club Musulman de Constantine en 1917, tous deux portant les mêmes couleurs Vert et Noir.
C’est à ce niveau que réside la nuance que revendique les Constantinois, avec tout l’héritage qui va avec. Toutefois, ce n’est pas ce modeste article écrit pour apaiser les esprits et rapprocher les enfants d’un même peuple qui va régler cette dualité sur une primauté qui ne fait que séparer au lieu de rapprocher.
Cette thématique mérite au moins un véritable travail de recherche mené par de véritables spécialistes dans un climat apaisé loin de tout clivage ; un travail de mémoire pour restituer l’histoire fragmentaire du football algérien, comme la décrit le défunt professeur Merdaci.