Traîné dans la gadoue depuis plusieurs mois à cause de ses mauvais résultats, le football congolais vient d’être enfoncé par des propos déplacés de son président ad-hoc. Bruno Monka a fait une sortie lunaire qui laisse les fans sans voix. Il compare notamment le sport roi au jeu de dames.
Appelé à se prononcer sur les déboires du football congolais qu’il dirige depuis décembre 2024, Bruno Monka a fait une déclaration dès plus choquante. Le football n’est qu’un jeu de dames. Un comparaison osée qui met en ébullition les fans du football congolais, mais pas que. Les propos de Bruno Monka, président ad-hoc de la Fédération Congolaise de Football (Fecofoot), ont provoqué une onde de stupeur dans tout le pays. Déclarer que « le football est secondaire » et qu’il ne faut « pas être passionné pour un jeu » revient à frapper de plein fouet l’essence même de ce sport, surtout dans une nation où le ballon rond reste un exutoire social, culturel et identitaire.
Une déclaration déconnectée du terrain et de la réalité
Dire que le football serait comparable à « un jeu de dames », comme l’a affirmé Monka, témoigne d’une incompréhension profonde du rôle que joue ce sport dans la vie des Congolais. Le football n’est pas seulement un loisir : c’est un moteur d’unité nationale, un vecteur d’espoir, une industrie, une passion transmissible de génération en génération. Suggérer que cette passion serait excessive ou injustifiée revient à nier ce que vivent au quotidien supporters, éducateurs, joueurs locaux, clubs amateurs et professionnels. Une telle sortie, venant de la plus haute autorité footballistique du pays, sonne comme une gifle pour tous ceux qui investissent temps, énergie et finances dans la croissance du football congolais.
Un président qui affaiblit l’institution qu’il dirige
Les dirigeants fédéraux sont censés porter la vision, stimuler l’enthousiasme, attirer les sponsors et inspirer la jeunesse. Ici, c’est tout l’inverse : le président semble minimiser son propre secteur d’activité, presque comme s’il justifiait à l’avance les échecs structurels de la fédération. Comment motiver des joueurs à mouiller le maillot si la tête de la Fecofoot elle-même explique que la passion serait superflue ? Comment prétendre développer le football national alors que l’enthousiasme populaire est traité comme un excès irrationnel ?
En disant que « le football est secondaire », Monka semble plus chercher à relativiser les attentes qu’à assumer la responsabilité de sa mission. Si le football est secondaire, alors pourquoi diriger une fédération ? Pourquoi se battre pour moderniser les infrastructures, améliorer les compétitions locales ou professionnaliser les clubs ? Ces propos apparaissent surtout comme un moyen maladroit de justifier le manque de résultats et les défaillances récurrentes de la Fecofoot : mauvaises gestions, absence de vision claire, instabilité sportive et administrative.
Le contraste avec les grandes nations du football africain
Alors que des pays voisins ont compris l’importance stratégique et sociale du football, qu’il s’agisse du Sénégal, du Maroc, du Nigeria ou encore de la RDC, le Congo semble avoir à sa tête un président qui minimise l’impact de ce sport sur la société. Ailleurs, les fédérations mobilisent, fédèrent, structurent. Au Congo, on demande aux supporters d’arrêter d’être passionnés. Une hérésie pour un pays qui rêve encore de retrouver une grandeur perdue sur la scène continentale.
Le football est bien plus qu’un divertissement. C’est un secteur économique, culturel, éducatif, social. C’est un espace où se forgent les talents, où se construisent des carrières, où s’unissent des millions de citoyens autour d’un symbole commun. En niant cela, Bruno Monka ne choque pas seulement les supporters : il discrédite la place même de la Fecofoot dans la société congolaise.






