Nacereddine Drid, le gardien de but légendaire de l’équipe nationale algérienne, un témoin privilégié du football algérien revient sur son parcours et le football actuel même si cela fait près de dix ans qu’il s’est éloigné des terrains.
Cependant, il n’a jamais vraiment tourné la page du football. « Je suis les événements du football tout de même », confie-t-il, rappelant son attachement à ce sport qui lui a donné tant de satisfaction, mais aussi quelques regrets. Interrogé sur l’arrivée de joueurs de renom dans le championnat algérien, tels que Andy Delort, Ryad Boudebouz ou encore Islam Slimani, Drid se montre à la fois optimiste et prudent. «Avant de répondre à cette question, j’avais parlé de l’apport de l’entraîneur étranger au football algérien. C’est le même constat pour ces joueurs et la question est de savoir s’ils apporteront le plus au championnat national. Sans spécifier, il y a des joueurs qui n’avaient pas réussi à s’imposer dans de modestes clubs à l’étranger, j’aimerai bien savoir qu’en sera-t-il en Algérie ? Cependant, je souhaite que des joueurs comme Delort, Boudebouz ou Slimani feront bénéficier leurs équipes de leur expérience acquise dans les différents stades à travers le monde», a-t-il fait savoir
«Petkovic est un grand nom du football»
Le regard de Drid se tourne également vers le nouveau sélectionneur national, Vladimir Petkovic, qu’il qualifie de «grand nom» dans le monde du football. «Jusqu’à maintenant, je dirai que son apport est positif. Cela ne fait pas longtemps qu’il travaille avec le groupe, mais il faut reconnaître que Petkovic est un grand nom dans le monde de l’entraînement. Il a travaillé dans de grandes équipes, il a coaché la sélection de la Suisse avec laquelle il avait réussi d’excellents résultats. Il faut aussi reconnaître que les entraîneurs des pays de l’Europe de l’Est comprennent la mentalité des joueurs algériens et apportent souvent un plus en sélection. Cependant, il est trop tôt pour juger Petkovic. On va lui donner le temps de travailler, mais je reste persuadé qu’il est capable de donner une bonne image à l’équipe nationale», a-t-il souligné.
«L’Algérie a toujours eu de grands gardiens de but»
En tant qu’ancien gardien de but, Drid ne cache pas son désir de voir une plus grande concurrence à ce poste au sein de l’équipe nationale. Il se rappelle avec nostalgie de l’époque où la rivalité entre portiers favorise l’élévation du niveau. «L’équipe nationale a toujours eu de grands gardiens de but. Je souhaite seulement que la concurrence soit plus importante en sélection, comme ce fut le cas à notre époque. Cela va provoquer une progression. J’aimerai bien que Mandréa ressente une certaine menace de la part des autres portiers. Chaque génération a son propre niveau. J’avais énormément appris du regretté Mehdi Cerbah, surtout dans le domaine de la concurrence. Cerbah revenait du Mondial 82 où il avait réalisé un excellent tournoi. Ce n’était pas facile pour moi de venir et prendre sa place en sélection. C’est cela qui a fait que le niveau du gardien de but en sélection nationale a toujours été élevé. Même chose pour M’Bolhi, qui avait trouvé des gardiens de grand niveau, à l’image de Gaouaoui, Chaouchi… M’Bolhi est resté une décennie comme étant le numéro un. Il avait pratiquement fermé toutes les portes pour les autres prétendants. Même à une certaine époque, il était sans club, mais aussi sans concurrent. M’Bolhi a un mental d’acier», a indiqué l’ancien dernier rempart des Verts.
«Voilà ce qui s’était passé entre Medjadi et moi-même face au Brésil»
Pour beaucoup, le match mémorable de Drid reste celui contre le Brésil lors du Mondial 1986. Cependant, l’intéressé a une autre vision des choses. Il revient également sur l’anecdotique but encaissé contre le Brésil, qu’il attribue à une série d’erreurs défensives, mais aussi à la ruse de l’attaquant brésilien Careca. «Certains disent que le meilleur match que j’ai livré était celui face au Brésil au Mondial 1986, mais moi je ne le pense pas. Je place cette rencontre en deuxième position derrière le match contre la Zambie pour le compte des éliminatoires du Mondial-1986. Pour le but anecdotique du match face au Brésil, je peux vous assurer que c’était une succession de fautes défensives. La première était commise par Mahmoud Guendouz. Moi, j’avais beaucoup joué avec Guendouz et je savais que lorsqu’il commettait une erreur, il fallait que je montre un maximum de vigilance. Au moment du centre de Muller, j’avais le pressentiment que Guendouz allait commettre la faute. Effectivement, il avait raté le ballon et j’étais pris à contrepied. Abdellah (Medjadi) attendait que je vienne récupérer le ballon. Careca, en renard des surfaces, a profité de l’hésitation entre Medjadi et moi-même pour s’emparer du ballon et le mettre au fond des filets», affirme-t-il.
«Je n’ai pas apprécié ma mise à l’écart face à l’Irlande»
Drid raconte une autre histoire marquante de ce tournoi. «Les membres du staff technique, composé de Saâdane, Mokdadi et feu Abdelouahab, se sont réunis avant la rencontre contre l’Irlande et ils sont sortis avec une conclusion que je n’étais pas bon dans les sorties aériennes, sachant que nous affrontons une équipe irlandaise qui excelle dans le jeu aérien. Pourtant, c’était mon point fort, mais ils ont décidé de faire appel à Larbi. Je savais, la veille du match, que je ne devais pas jouer car tous les éléments qui ne sont pas dans le onze de départ sont convoqués dans la chambre du sélectionneur. Je ne m’attendais pas à cela, mais je devais accepter le choix du coach. Ensuite, cette mise à l’écart était un stimulant pour moi lors de la rencontre face au Brésil. J’avais ressenti que je ne méritais pas la mise à l’écart face à l’Irlande. Je suis rentré sur le terrain avec un esprit revanchard», révèle-t-il.
L’anecdote de Nacereddine Drid
L’ancien portier des Verts a raconté une anecdote avant le match face au Brésil. «Je vous raconte une anecdote que je n’avais jamais révélée auparavant. Lors de notre préparation pour le Mondial, c’était lors des derniers jours du mois du Ramadhan (mois de carême), nous avons été dans un ranch à une quarantaine de kilomètres de Mexico. Il y avait un terrain de golf et après avoir déjeuné, je me suis rendu seul sur ce terrain. Je me suis assis sur un banc et j’attendais le temps pour faire ma prière du soir (Icha). J’avais vu une lumière qui m’avait encerclée et cela m’a vraiment fait peur car j’étais seul dans cet endroit. Je me suis immédiatement levé et ai fait ma prière sur place. Le jour du match, au moment où nous étions en rang, Mahmoud Guendouz a dit : « Tout ce stade est contre nous ? » puisqu’il y avait beaucoup de supporters brésiliens. Je lui ai répondu : « Dieu est avec nous ». Nous avons réalisé un grand match de l’avis de tous les spécialistes, on ne méritait pas de perdre face au Brésil».
«La finale MCO-Raja est mon plus mauvais souvenir»
Si Drid se souvient avec émotion de sa première convocation en équipe nationale en septembre 1982 sous la direction de feu Hamid Zouba, il garde un goût amer de la finale de la CAF Champions League disputée avec le Raja de Casablanca contre le MC Oran. «Mon meilleur souvenir était ma première convocation en sélection nationale. C’était au mois de septembre 1982 sous la houlette de l’entraîneur, feu Hamid Zouba. Mais le plus mauvais souvenir était la finale de la CAF Champions League avec le Raja. Je n’ai pas voulu affronter le MC Oran en finale. J’étais champion d’Afrique, certes, mais c’était avec un goût d’inachevé. Je ne voulais pas jouer contre une équipe algérienne dans un match crucial», dit-il.