Faut-il enlever le stade Ali Amar, dit Ali La Pointe, au Mouloudia d’Alger après les scènes désolantes du match contre l’US Monastir ? Assister à des images insoutenables de vandalisme d’un aussi beau et tout nouveau stade est plus qu’inadmissible : c’est criminel.
C’est en tous les cas la question que sont se sont posés tous les observateurs, y compris parmi les supporters du MC Alger qui n’ont, malheureusement, pas savouré la qualification de leur équipe pour la phase de groupe de la Ligue des Champions après leur victoire contre les tunisiens de l’US Monastir (2 à 0, 0 à 1), au tout nouveau stade Ali La Pointe de Douera.
Une enceinte flambant neuve inaugurée le 4 juillet dernier par le président de la République Abdelmadjid Tebboune, mais qui a vécu hier, pour son premier match-bizutage, une soirée cauchemardesque.
Il n’y avait qu’à voir les images prises par plusieurs médias et téléphones de simples supporters qui continuent à défiler, pour se rendre compte de l’état désolant des lieux et des dégâts occasionnés. Qui va payer la facture ? Alors que le stade vient à peine d’être réceptionné et homologué par la Confédération africaine de football.
Des sièges complètement arrachés, des rangées de sièges déboulonnées et balancées, sans oublier les jets de projectiles et de fumigènes qui vont valoir fort probablement au club algérois de lourdes sanctions de la part de la CAF.
Évidemment, ce ne sont pas tous les supporters du MCA qui ont eu un comportement odieux, mais une frange qui a été coupable de délit, à savoir la destruction des biens publics devrait être bannie à jamais des stades de football.
Comment ? D’abord, en évitant de tomber dans le populisme qui, à chaque fois, compromet toute sanction sévère à l’encontre des auteurs de tels actes de vandalisme, et l’application de mesures coercitives.
Ensuite, identifier les responsables en recourant aux caméras du stade si celles-ci ont fonctionné pour la circonstance. Puis présentation des auteurs devant la justice avec interdiction d’entrée au stade. C’est-à-dire que les jours de match, ces derniers doivent pointer au niveau d’un commissariat de police et ne pas être admis au stade.
Les Anglais, les premiers à faire face aux vagues d’hooliganisme dans les années 70-80, ont pris une batterie de mesures, dont l’établissement d’un fichier des supporters duquel sont fichés les plus récalcitrants et les plus violents qui ont fini par être interdits de tous les stades d’Europe.
Les supporters se sont bagarrés entre eux, les forces de l’ordre interviennent
Les incidents qui ont eu lieu lors du match MC Alger – US Monastir ont choqué tout le monde et ont interpellé les hautes autorités qui ont exigé des explications sur ce qui s’est passé et déterminer les circonstances, ainsi que situer les responsabilités. Du côté des organisateurs, la préparation du match s’est déroulée dans d’excellentes conditions avec un zoning permettant l’accès au stade par quatre portes, trois réservées au grand public et une pour la presse, les VIP (avec tickets à 2 500 DA) et les VVIP (sur invitation).
De l’avis de plusieurs présents, le problème s’est d’abord posé à l’entrée du stade où le cordon mis en place par la gendarmerie nationale a rendu l’entrée au stade difficile à cause de la fouille et l’ouverture d’un nombre limité de portes. Mais la situation va se dégrader à l’intérieur où selon des témoins, des bagarres ont éclaté entre supporters du Mouloudia, ce qui a nécessité l’intervention des gendarmes pour que les choses dérapent, et deviennent presque incontrôlable, avec comme conséquence la dégradation des sièges et autres équipements tout neufs de ce joli bijou.
Vers la création d’une société de gestion du stade
L’une des décisions à prendre rapidement, c’est d’accélérer le processus de création d’une société chargée de la gestion du stade Ali La Pointe, car ce n’est pas au club de le faire, ni au CSA/MC Alger, qui n’a ni les prérogatives ni les compétences.
Les pouvoirs publics devraient s’assurer à mettre en place cette entité, qui pourrait avoir la forme d’une filiale de la SSA/Le Doyen (qui est une société par actions) avec un conseil d’administration et un directeur ainsi qu’un organigramme souple et fonctionnel.
Le décret présidentiel n°23-385 du 30 octobre 2023 ne devrait pas être un handicap, car il ne spécifie pas qui de la SSA/Le Doyen ou le CSA/MC Alger qui est bénéficiaire de cette infrastructure, dans un cadre de jouissance et non pas en tant que patrimoine rentrant dans le capital de l’une des deux entités.
Le responsable du directoire du CSA/MCA, Mohamed Khaldi ne cesse, pour sa part, de revendiquer la propriété et la gestion d’un stade de football dans le but de le rentabiliser et financer les sections sportives, sans recourir à l’assemblée générale seule souveraine à examiner ce genre de dossier et à prendre les décisions les plus bénéfiques pour le club. Il est temps que ces querelles cessent pour laisser place aux véritables solutions efficaces et durables.