Des Championnats arabes de cross-country junior en 1986 en Irak au Grand Prix de Fukuoka au Japon en 1997, Hassiba Boulmerka a marqué sa carrière d’athlète par de nombreux titres. De partout dans le monde, elle a été le symbole de la résilience, une championne dont la vie a été mouvementée par des tempêtes variées et diverses. Retour en bref sur la vie et la carrière mouvementée de l’icône algérienne, spécialiste des courses de fond.
La fierté d’être algérienne, Hassiba Boulmerka l’a ressentie tout au long de sa carrière. Née le 10 juillet 1968, la native de Constantine est issue d’une famille modeste et traditionnelle. L’athlétisme et Hassiba Boulmerka, c’est une histoire qui a vite commencé. Justifiée par Dieu, elle aimait, dès son jeune âge, s’exercer à la course à pied avec ses deux frères, et très vite, Aboud Labed, professeur d’éducation physique et sportive, a vu en elle les prérequis d’une immense championne en devenir.
1988, Hassiba Boulmerka se révèle à l’Afrique
Hassiba Boulmerka s’est révélée à l’Afrique de l’athlétisme en été 1988. Alors qu’elle disputait sa première grande compétition, les Championnats d’Afrique à Annaba, l’Algérienne a émerveillé en s’offrant le titre sur le 800 et 1500 mètres, respectivement avec un chrono de 2 minutes 13 secondes 91 centièmes et 2 minutes 10 secondes 19 centièmes. À 20 ans, Hassiba Boulmerka écrivait une partie de sa belle histoire, en devenant la deuxième femme à s’offrir le doublé. La Kényane Justina Chepchirchir avait été la première à le faire en 1984.
Cette performance sensationnelle lui ouvre les portes des JO d’été de Séoul 1988. Pour sa première expérience aux Olympiades, elle est éliminée au premier tour aussi bien sur le 800 mètres que sur le 1500 mètres.
Le monde aux pieds de Hassiba Boulmerka
Après une première expérience olympique douloureuse à Séoul, Hassiba Boulmerka se tourne vers un autre grand défi, les Mondiaux de Tokyo 1991 auxquels elle prend part pour la toute première fois. Dans l’archipel nippon, elle défend avec brio son titre africain notamment sur le 1500 mètres. Elle s’offre l’or, avec un chrono de 4 minutes 2 secondes 21 centièmes en devançant la deuxième de 27 secondes.
Ce premier titre mondial est historique puisqu’elle devient la première africaine championne du monde d’athlétisme. Dès cet instant, la ville de Constantine est fière d’avoir donné naissance à cette âme surdouée. Mais Hassiba Boulmerka ne va pas s’en arrêter là, elle avait encore à prouver.
Barcelone 1992, Hassiba Boulmerka tient sa revanche
En 1992, Hassiba Boulmerka écrit un nouveau chapitre de sa brillantissime carrière. Après avoir conquis l’Afrique et le monde, elle laisse une nouvelle trace d’or aux JO de Barcelone en 1992. Le 8 août plus précisément, Boulmerka remporte son premier titre olympique sur le 1500 mètres, son épreuve de prédilection en 3 minutes 55 secondes 30 centièmes. Et réalise ainsi la 4e meilleure performance de la distance et bat à la même occasion le record d’Afrique. Et pourtant, elle était arrivée à Barcelone après avoir connu une année difficile avec plusieurs blessures contractées.
En s’emparant de l’or, Hassiba Boulmerka prenait ainsi sa revanche après son élimination prématurée aux JO de Séoul mais écrivait aussi un chapitre glorieux et éternel, puisqu’elle venait d’offrir à l’Algérie sa première médaille d’or olympique au prix du sacrifice. Ce jour-là, Boulmerka était plus que fière d’appartenir à la nation algérienne. « Quand j’ai franchi la ligne d’arrivée, j’ai d’abord pensé à l’Algérie », avait-elle déclaré.
Un titre historique à Barcelone
À Barcelone, Hassiba Boulmerka venait de réaliser son rêve et le rêve de tout un peuple. Elle est célébrée de partout dans son pays et à son retour au bercail, à l’instar d’un dieu, elle est vénérée et couverte de chants de gloire. Mais au même moment qu’une partie de l’Algérie chante à sa gloire, une autre était furieuse et la menaçait de mort pour avoir couru à moitié nue devant le monde entier. Ce qui serait contraire aux pratiques de sa religion. Ces menaces avaient déjà pris corps lors de son premier titre mondial. Car elle avait refusé de porter le hijab sans pour autant renier sa croyance et sa pratique de la religion musulmane. Elle était pour l’ouverture au monde occidental démocratique.
Sa vie étant désormais en danger, la championne olympique était obligée de faire ses sorties en voiture blindée et de se cacher. Voilà la vie qu’elle a obligée de mener, en raison de sa philosophie religieuse née de sa passion pour l’athlétisme.
1995, Hassiba Boulmerka conquiert à nouveau le monde
Malgré les menaces de mort qui pesaient sur elle, Hassiba Boulmerka ne recule pas devant l’adversité, elle va au bout de l’accomplissement de son destin. Mentalement forte, Boulmerka décroche un nouveau titre aux Mondiaux de Göteborg en 1995 sur le 1500 mètres en 4 minutes 2 secondes 42 centièmes à l’âge de 27 ans. Un sacre qu’elle a dédié à ses parents tous deux souffrants à cette période.
La mésaventure des JO d’Atlanta et fin de carrière
Revigorée de son deuxième titre mondial, Hassiba Boulmerka s’était rendue toute confiante aux JO d’Atlanta en 1996 pour l’optique de défendre son titre olympique. Malheureusement, les choses ne se sont pas bien passées. En demi-finale, elle est disqualifiée sous fond de larmes après un accident de course.
Deux ans plus tard, Hassiba Boulmerka a mis un terme à sa carrière suite au décès de sa génitrice. Après 12 ans environ sur les pistes, elle s’exile avec son père à Miami en raison de son ouverture au monde occidental moderne démocratique, qui prône l’émancipation de la femme.
De toute sa carrière d’athlète, Hassiba Boulmerka a remporté 18 médailles dont 15 en or. Elle est sans nul doute l’une des grandes légendes de l’Algérie toutes disciplines confondues, si ce n’est la plus grande.
