Le jeu proposé par l’équipe de France dans cet Euro 2024 continue de déplaire aux observateurs ; dans le milieu de la presse comme au sein du public, l’on est unanime sur le caractère ennuyeux du jeu de l’équipe de France dans cet Euro, et l’on est tenté de se demander jusqu’à quand cela va durer ?
Après quatre rencontres à l’Euro 2024, l’équipe de Didier Deschamps reste invaincue et n’a jamais eu à courir après le score: c’est la seule équipe des 8 quarts de finalistes dans cette situation. Une fois les faits présentés de la sorte, l’on pourrait immédiatement penser traiter d’une formation souveraine dans le jeu et agréable à voir évoluer, or que non. Les bleus de Deschamps dans cet Euro sont tout sauf agréables à voir évoluer. En quatre rencontres (2 victoires et 2 nuls), les français totalisent 3 buts, dont deux inscrits par leurs adversaires dans leur propre camp. Le seul but inscrit par un joueur français dans cet Euro jusqu’ici est l’œuvre du capitaine Mbappé, c’était en plus sur penalty face à la Pologne (1-1). Les français réalisent ainsi d’un point de vue statistique, le pire début de compétition internationale (Euro – CDM) sous l’ère Deschamps depuis le mondial 2014. Toute chose qui traduit clairement le contraste entre une animation défensive solide (1 but encaissé), et une animation offensive inefficace: conséquence, les matchs de la France sont ennuyeux.
La méthode Deschamps : Une défense de fer !
Ce serait mal connaître Deschamps que d’attendre de s’extasier sur le jeu de l’équipe de France. Même si les résultats sont presque toujours au rendez-vous chez les bleus version DD, on se souvient très rarement de prestations collectives de grande classe. Deschamps n’est pas un adepte du beau jeu, et privilégie l’efficacité, même si le concerné ne se considère pas ainsi: « On ne gagne pas des matchs en défendant, c’est trop réducteur. Je pars toujours avec l’idée de mettre l’équipe la plus dangereuse pour l’adversaire » a-t-il expliqué la semaine dernière, alors qu’il était questionné sur le jeu.
Si le patron du banc de touche des bleus ne comprend pas cette critique sur le jeu ennuyeux de son équipe, son adjoint, Guy Stéphan est quant-à lui plus nuancé sur la question, même s’il préfère voir le verre en moitié plein: « C’est vrai qu’au niveau collectif on peut mieux faire, c’est vrai qu’au niveau de l’efficacité on doit mieux faire, on doit beaucoup plus cadrer, beaucoup plus être en possibilité de marquer. Mais il y a aussi des bonnes choses, quoi ! On a eu plus de possession que l’adversaire à chaque match, on a eu des occasions de but à chaque match. Sur la dernière rencontre, c’est dix-neuf tirs dont quatorze dans la surface de réparation. Cela veut dire qu’à un moment on a amené le ballon dans la surface. Moi, je préfère voir la bouteille à moitié pleine » a-t-il expliqué hier en conférence de presse. Quoi qu’il en soit, de façon factuelle il est clair que l’équipe de France dans cet Euro est plus que jamais meilleure sans ballon qu’avec le ballon.
La grogne populaire !
Les matchs de l’équipe de France, d’après la perception populaire sont une véritable purge. Rare de voir des phases de jeu bien construites et qui aboutissent au but adverse. Le public français et les nombreux supporters des bleus en Afrique pensent avoir trouvé « le parfait somnifère » à travers le jeu des bleus. Si vous avez sommeil et que vous n’arrivez pas à dormir, la thérapie, ironise-t-on en Afrique aujourd’hui, ce sont les matchs des bleus. Ils ne proposent rien dans l’animation offensive. Et il n’en fallait pas plus pour pousser le célèbre chroniqueur et ancien champion du monde français, Christophe Dugarry à sortir de ses gongs en tournant en dérision le jeu de la France après le match face à la Belgique : « On a encore été moyens dans le jeu, mais on gagne, donc écoute… Les Belges ne sont pas venus pour fournir un gros football non plus. Ça a été un match assez terne, assez moyen… On marque sur un centre raté de Randal Kolo Muani… Il va falloir regarder le règlement, parce qu’on a joué à 12. On a encore le meilleur joueur de ce championnat d’Europe, il s’appelle csc… On en est à deux, c’est le meilleur buteur de notre équipe, on est ravis. » relève l’ancien coéquipier de Deschamps. Une position partagée par le public qui pourtant, trouve la France suffisamment outillée pour faire mieux dans le contenu.
Au banc des accusés !
Les difficultés dans l’animation offensive et singulièrement la maîtrise collective des bleus dans cet Euro 2024 sont étroitement liées à l’identité du jeu prôné par Didier Deschamps, mais aussi au niveau de certains cadres qui sur cette compétition, semblent bien en dessous de leur niveau réel. Déjà sur le premier élément, il est évident que Deschamps privilégie la solidité défensive. Même s’il ne l’avoue pas, son pragmatisme exacerbé fait de lui un entraîneur à vocation défensive. Ainsi, pour Deschamps la priorité c’est d’abord de ne pas prendre de but, et on ne peut pas le lui reprocher, car les résultats de l’équipe de France sont globalement satisfaisants, même si dans le contenu, l’on n’est loin de prendre du plaisir. Ce qui implique que les succès des bleus généralement reposent sur les exploits individuels de certains joueurs qui malheureusement sur cette compétition, ne sont pas au top de leur forme.
La première individualité offensive des bleus aujourd’hui appelée au banc des accusés, c’est le Capitaine Kylian Mbappé. Sur les dernières compétitions officielles avec les bleus depuis 2018, il a toujours été la principale force offensive, le joueur qui bonifie le travail du reste du groupe. Sauf que dans cet Euro, il est en perte totale d’inspiration et n’arrive plus à tirer l’équipe vers le haut. Ses dribbles, sa percussion, ses prises de profondeur, Mbappé a tout perdu dans cet Euro, faisant du jeu de l’équipe pourtant bâti autour de lui, une coquille vide. Ousmane Dembele et Antoine Griezmann aussi ne sont pas en reste. Les deux joueurs livrent dans cet compétition des prestations offensives en demi-teinte, loin de leur niveau habituel. Toute chose qui réduit l’attractivité du contenu de l’équipe finaliste de la dernière Coupe du monde.
Les bleus peuvent-ils faire mieux ?
Le palmarès récent de l’équipe de France est très éloquent. Sur les 3 coupes du monde et 3 Euros auxquels ont pris part les bleus sous Deschamps, ils ont atteint au moins les quarts de finale à 5 reprises au total. La seule fois où les bleus sont sortis avant, c’était en 2020 lors de l’Euro, battus en huitièmes aux tirs au but par la Suisse. La France a fait deux finale de coupe du monde sur les 3 disputées, et une finale d’Euro. C’est dire qu’il s’agit clairement d’un favori de la compétition actuellement encours en Allemagne, malgré son jeu exécrable. D’un point de vue des individualités, l’équipe de France dispose de l’un des meilleurs effectifs, avec des joueurs qui, à une exception près (Kanté), évoluent dans les meilleurs clubs en Europe. Réal Madrid, Barcelone, Juventus, Bayern, PSG et le 11 de départ des bleus est à chaque fois appétissant sur le papier, avec des joueurs confirmés, rodés à la haute compétition et pour la plupart réputés pour leur technique individuelle au dessus de la moyenne. C’est donc évident, Deschamps dispose suffisamment d’individualités pour faire mieux dans le jeu, beaucoup mieux. Mais le technicien français a fait un choix, celui de ce fameux pragmatisme qui atrophie son appétit pour le jeu et la prise de risques, contraignant le public à s’ennuyer à chaque match de l’Equipe de France. À quand donc la fin de la purge ? Rendez-vous demain face au Portugal en quart de finale.