Chaque derby algérois entre le MCA et l’USMA a son histoire et ses anecdotes, ses temps forts, ses sensations, mais aussi ses flops. Le dernier en date, qui a consacré le Mouloudia d’Alger champion d’Algérie, a eu son lot de ratages.
Vente des billets, retour à l’ère préhistorique
La vente des billets pour ce 89ème derby entre les deux clubs voisins de la capitale pour le compte de la 26ème journée du championnat de Ligue 1 Mobilis, fut un véritable ratage aux yeux des supporters et de l’opinion en générale. En lieu et place de la vente par voie électronique à travers la plateforme habituelle Tadkirati, la direction du stade du 5 juillet 1962 a opté pour un retour à l’ancien système de vente au niveau des guichets où les queues interminables et les bousculades étaient de retour.
Deux points ont été retenus : l’un au stade du 5 juillet 1962, théâtre de la rencontre, et l’autre au stade Omar Hamadi de Bologhine, tout près des fiefs des deux clubs. La décision de revenir à l’ancienne méthode a suscité moult interrogations et même la déception des supporters des deux galeries qui étaient obligés à se déplacer en masse, vers les deux points de vente, avec tout ce que cela engendre comme anarchie et désagréments. Les plus téméraires parmi les fans, ont passé la nuit devant les portes du stade, alors que les revendeurs au marché noir en ont profité pour faire passer le sésame de 500 DA à plus de 2 000 DA.
A l’heure de la numérisation tout azimut, le football semble être à la traîne, suscitant des scènes qu’on pensait vraiment révolues. Espérons seulement qu’avec la domiciliation du Mouloudia d’Alger au stade Ali Ammar de Douéra, l’on fera le véritable saut qualitatif avec pourquoi pas l’avènement du système des abonnements en plus de la vente électronique à travers une plateforme bien adaptée, comme cela se fait dans la plupart des stades à travers le monde.
Le tifo honteux des Usmistes
Si le derby MCA – USMA est connu à travers la planète-football pour son fair-play et son côté fraternel, malgré la rivalité sportive et la sensibilité qui existe entre les galeries des deux clubs qui se chambrent souvent de manière subtile et parfois incisive, ils se trouvent des malins qui outrepassent certaines règles de bienséance pour verser dans la provocation et l’insulte. C’était le cas vendredi dernier lorsque, parmi les tifos et fresques aussi bien colorées que créatives les unes des autres, un tifo insultant à l’indicatif du MCA, à son histoire et à son passé glorieux a été délibérément déployé par une partie des supporters du virage de la tribune supérieure du stade du 5 juillet 1962. C’est à se demander comment que ce tifo a été autorisé par les services concernées, comme cela se fait systématiquement avant chaque match ? N’ont-ils pas mesuré la teneur et le degré de provocation affichés par cette affichage honteux ?
Le tifo interdit des Mouloudéens
Dans le camp d’en face, le derby du titre et de cette victoire précieuse au goût spécial face au rival Usmiste (1 à 0) s’est déroulé sans le moindre tifo. La nouvelle a couru comme une traînée de poudre : le tifo des Mouloudéens a été interdit car il aurait été conçu par un Marocain, diront certains, alors que d’autres évoquaient un message aux supporters du Raja de Casablanca avec lesquels les supporters des Vert et Rouge nouent des liens très étroits. Les ultras du MCA nous ont d’ailleurs habitués cette saison à des fresques magnifiques, comme lors du derby du match-aller ou bien au cours des autres soirées enflammées du temple Olympique. La galerie Mouloudéenne promet de se rattraper lors des journées qui restent, et surtout lors de la finale de Coupe d’Algérie contre l’autre club de la capitale, le CR Belouizdad.
Une bouffée de cigare inconvenante
Pour fêter un quelconque sacre, les joueurs sont toujours à la recherche d’un geste ou d’une scénographie qui marque les esprits, surtout avec un diffuseur aussi incroyable que sont les réseaux sociaux. A ce jeu, le capitaine du MCA Ayoub Abdelaoui n’a pas trouvé mieux que d’allumer un cigare et lancer des bouffées de fumée à je ne sais qui. Chacun a interprété ce geste à sa façon, mais tout le monde a été unanime à le condamner et à dire qu’il s’agit d’un comportement inadmissible de la part d’un capitaine d’équipe censé donner le bon exemple et illustrer de la plus belle des façons limage du sportif et du club dont il porte les couleurs. Lorsqu’on est félicité par le Président de la République en personne, on n’a pas le droit de se donner à un tel spectacle. Evidemment, Abdelaoui s’est excusé auprès du public, tout en essayant de justifier son geste par une scène vu ailleurs. Mais qui en Algérie ne passe pas.
Un coup de ciseaux pour se souvenir
Fous de joie et dans une espèce d’hystérie incontrôlable, chacun des Mouloudéens est allé de son truc pour célébrer ce titre de champion d’Algérie 2023/2024. Sauf que certains n’ont pas eu le doigté nécessaire pour garder leur self contrôle et ne pas céder à certaines tentations, comme ce fut le cas pour Djamel Benlamri qui est monté sur la transversale, non pas à la Merzekane (lors de la finale de la Coupe d’Algérie de 1979 après le succès de son club le NA Hussein-Dey face à la JS Kabylie 2 à 1) ou bien à la Chaouchi (lors du fameux match d’Omdurman entre l’Algérie et l’Egypte qualificatif pour le Mondial 2010), mais pour couper un morceau des filets en guise de souvenir !
Un acte qui a suscité toute une polémique et une saisine de la part de la direction du stade du 5 juillet 1962 à l’adresse de la direction du MCA pour un dédommagement.
Assurément, ce MCA – USMA du vendredi 17 mai 2024 marquera l’histoire des derbies avec ses bonnes, mais aussi mauvaises facettes.
