La Fédération algérienne de football vient de prendre une décision inique, celle de priver le monde du football d’une affiche historique entre le MC Alger et le CS Constantine en présence du public, et ce pour des raisons sécuritaires !
Un coup porté à l’image de l’Algérie
La décision de faire jouer le match de demi-finale de l’épreuve populaire entre le MC Alger et le CS Constantine, prévu mardi prochain dans la belle enceinte de Miloud Hadefi d’Oran, sans la présence du public et des supporters des deux clubs notamment, est une atteinte à l’intégrité de cette compétition. La nouvelle est tombée comme un couperet sur les têtes de milliers de fans qui s’impatientaient à faire la fête le temps d’une belle affiche entre deux parmi les équipes les plus en forme du moment, puisque ce match opposera le leader actuel du championnat à son dauphin.
Au moment où sous d’autres cieux, on fait tout pour promouvoir la meilleure image de son football, avec des sommets comme Ahly – Zamalek qui sont délocalisés dans les pays du golfe et commercialiser ce produit-spectacle, en Algérie la Fédération version Walid Sadi en a décidé autrement, avec l’assentiment des présidents des deux clubs, et priver des milliers de supporters d’une ambiance dans les tribunes, car on ne peut dissocier le ballon de sa sève à savoir ses supporters.
Avec une telle décision et au-delà d’une certaine rivalité liée à cette histoire de doyenneté entre le MCA et le CSC, c’est l’épreuve populaire qui se trouve entachée même si dans le rétroviseur on ne trouve pas des traces d’incidents majeurs entre les deux clubs, hormis ceux enregistrés en marge du match de Coupe entre le MCA et la JSK en 2018 à Constantine.
Personne ne voulait de ce match
Pour convaincre une opinion footballistique nationale en grogne, la Fédération, par l’intermédiaire de son président, a réuni les dirigeants des quatre clubs qualifiés pour les demi-finales afin de les ‘’sensibiliser à déployer davantage d’efforts pour promouvoir l’esprit sportif, le fair-play et le respect, pour que cette compétition populaire demeure une fête pour le football national et reflète une image positive de notre discipline’’, comme le souligne le communiqué publié sur le site de la fédération à l’issue de ce conclave.
A travers ce texte, la FAF reconnait implicitement la résurgence, voir la recrudescence du phénomène de violence dans les stades et l’absence de tout effort mené par les clubs pour l’endiguer. Bien au contraire, souvent les déclarations incendiaires des dirigeants, afin de plaire à leurs supporters, mettent de l’huile sur le feu. Et le fait que la FAF appelle à davantage d’initiatives à travers des actions concrètes d’apaisement, cela signifie également que la situation est plus qu’inquiétante au point de déclencher le huis-clos qui demeure, faut-il le souligner, une sanction en soi pour le large public et amoureux de la balle ronde et la solution extrême pour préserver l’ordre public.
Selon des dirigeants ayant pris part à la réunion, personne ne voulait d’accueillir une telle affiche, que ce soit à Annaba ou à Oran, surtout après les incidents qui ont émaillé les stades du 19 mai 1956 lors du match USM Annaba – CS Constantine, du Chahid Hamlaoui de Constantine lors de la rencontre CR Belouizdad – ES Mostaganem ou bien Mustapha Tchaker de Blida entre le Mouloudia d’Alger et le CR Zaouia, tous des matchs de coupe de l’édition 2024.
Pa ailleurs, le risque de voir des milliers de supporters prendre le même chemin, à savoir l’autoroute est-ouest Constantine – Alger – Oran où sur les 400 Km qui séparent la capitale à la ville d’El-Bahia le risque est majeur pour d’éventuels accrochages, surtout après le match où les vaincus et les vainqueurs reprendront la même route. L’évaluation du risque a été jugée élevée, y compris pour les paisibles citoyens qui emprunteraient cet itinéraire.
La réglementation permet le huis-clos
En se référant au Règlement de la Coupe d’Algérie 2024, dans sa section 10 consacrée à la Discipline, les Lois du jeu et Règlements, article 36 (Discipline) point 3, la sanction du huis-clos n’est pas applicable pour la phase finale de la Coupe d’Algérie.
Déjà à ce niveau, et dans ce cas de figure, la sanction du huis-clos est purgée lors du prochain match de championnat disputé à domicile. Cependant, le match MC Alger – CS Constantine n’est pas classé dans cet ordre, mais dans la suite du texte de Règlement : à l’issue du tirage au sort, la Commission d’organisation de Coupe d’Algérie peut décider pour les rencontres ou à risque (décision administrative ou sanitaire) ou il peut être exigé des dispositions d’organisation particulières de faire jouer le match à huis-clos.
Par ailleurs, les tentatives de changer la réglementation à la dernière minute, faire jouer le match en aller-retour ou bien le premier tiré qui reçoit chez lui, ont été vaines. Des dirigeants avisés et respectueux de la réglementation ont dissuadé les responsables de la FAF et le président de la Commission de la Coupe d’Algérie d’aller sur ce terrain de transgression. D’où le recours, malheureusement, à cette décision, la moins appropriée, mais la seule qui s’adapte à la triste réalité du football algérien.