À l’approche de la Coupe d’Afrique des Nations 2025, un vieux feuilleton refait surface : celui des clubs européens qui tentent de conserver leurs joueurs le plus longtemps possible avant leur départ en sélection.
Cette fois, c’est Ruben Amorim, entraîneur de Manchester United, qui rallume la polémique. Le technicien portugais a en effet exprimé son intention de discuter directement avec le Maroc, le Cameroun et la Côte d’Ivoire pour retarder les arrivées de Noussair Mazraoui, Bryan Mbeumo et Amad Diallo en sélection, afin de les garder quelques jours supplémentaires pour la préparation mancunienne.
Une volonté qui passe mal
Une démarche qui ne surprend plus vraiment, mais qui continue de cristalliser les tensions entre clubs européens et sélections africaines. Selon les propos rapportés, Ruben Amorim souhaite “trouver un terrain d’entente pour ne pas désorganiser la préparation de Manchester United”. En d’autres termes, il espère obtenir un délai avant le départ des trois joueurs concernés, tous cadres dans leurs sélections respectives et joueurs importants dans le dispositif mancunien.
Mais cette requête passe mal pour beaucoup d’observateurs du football africain. Car l’argument récurrent refait surface. Jamais un club européen n’oserait faire la même demande avant l’Euro ou la Copa América. L’idée même d’un club négociant la libération tardive d’internationaux français, allemands, espagnols, argentins ou brésiliens serait inimaginables, tant les compétitions européennes et sud-américaines sont sacralisées par le calendrier FIFA et respectées par les clubs.
La CAN, une compétition encore trop souvent dépréciée
La démarche d’Amorim rappelle à quel point la CAN souffre encore d’un manque de considération malgré son statut de troisième plus grande compétition internationale de football en termes d’audience. Historiquement, les clubs européens ont souvent tenté de repousser la libération des joueurs, prolonger leur présence dans les compétitions internes, voire décourager certains éléments de rejoindre leur sélection.
Ce fut le cas dans les années 2000 et 2010 avec certaines stars africaines dont les clubs avaient parfois traîné les pieds avant de les laisser rejoindre leurs équipes nationales. Plus récemment encore, plusieurs joueurs africains ont rapporté des tensions ou des pressions discrètes pour retarder leur départ en sélection. La raison principale tient à la programmation de la CAN en hiver, période cruciale pour les clubs européens, mais également au manque de prestige accordé par certains dirigeants à la compétition africaine.
Des sélections africaines fermes et déterminées
Malgré cela, les fédérations africaines concernées, notamment celles du Maroc, du Cameroun et de la Côte d’Ivoire, devraient rester intransigeantes. Les règles de la FIFA sont claires : les clubs doivent libérer les joueurs à la date prévue, sans possibilité de négociation unilatérale. Dans des éditions passées, certaines équipes africaines avaient déjà fait valoir ce droit et rappelé qu’elles ne céderaient à aucune pression. Tout laisse penser qu’il en sera de même cette année, d’autant plus que ces nations visent haut pour la CAN 2025.
Une polémique qui montre que le combat continue
Les déclarations de Ruben Amorim ne sont que le dernier épisode d’un problème structurel : la CAN n’est pas encore traitée à égalité avec les autres grandes compétitions internationales. Tant que les clubs européens considéreront le départ de joueurs africains comme une contrainte plutôt qu’une fierté ou une normalité footballistique, ces polémiques continueront d’émerger. Pour l’heure, aucun accord n’a été conclu et les sélections restent dans leur droit. Mazraoui, Mbeumo et Amad Diallo devraient donc rejoindre leurs équipes nationales aux dates légales. Mais une chose est sûre : cette sortie d’Amorim laissera des traces, et ne manquera pas d’alimenter le débat sur le respect dû à la CAN.






