L’équipe nationale tunisienne vit un paradoxe singulier : lorsqu’elle évolue au stade Hammadi-Agrebi de Radès, l’enceinte résonne trop souvent de silence, marquée par des tribunes clairsemées. Mais dès que les Aigles de Carthage jouent en France, le décor change totalement : stades pleins, ambiance bouillante, couleurs rouge et blanc à perte de vue. Le dernier match contre le Brésil, disputé à Lille, est la parfaite illustration de cet étonnant contraste.
La Tunisie a régalé, mardi soir, en amical contre le Brésil (1-1). Avec un adversaire de haut calibre en face et un public venu en masse les encourager, les Aigles de Carthage ont délivré une prestation de haut vol. Les Tunisiens qui résident à l’étranger ou ceux qui ont fait le déplacement pour cette affiche ont conquis Pierre Mauroy.
Radès, un temple qui se vide et qui sonne souvent creux
Depuis plusieurs années, les matchs que dispute la sélection tunisienne à Radès peinent à attirer du monde. Restrictions, limitation du nombre des supporters, journées en semaine, difficultés d’accès, climat de méfiance entre supporters et instances, ou simple lassitude : les raisons s’accumulent et expliquent une affluence en baisse. Même pour des affiches de qualification importantes, le public se montre timide, donnant parfois l’impression d’un stade davantage symbolique que réellement habité.
Les binationaux, un attachement inconditionnel à la patrie
À l’inverse, dès que la Tunisie dispute un match en France, l’ambiance se transforme. Les villes françaises deviennent instantanément des bastions tunisiens. Les supporters issus de la diaspora remplissent les tribunes en quelques heures, offrant un spectacle sonore et visuel digne des plus grandes nations. Le match face au Brésil au stade Pierre-Mauroy en est le meilleur exemple : guichets fermés, marée rouge, ferveur totale — des scènes difficiles à reproduire à Radès ces derniers temps.
Une passion perdue sur le sol tunisien ?
Ce contraste pose question. La diaspora tunisienne en Europe prouve qu’elle reste profondément attachée à la sélection, prête à transformer n’importe quel stade en forteresse locale. Pendant ce temps, l’équipe peine à retrouver la même passion sur ses terres. Certains y voient le reflet d’un malaise sportif et organisationnel ; d’autres estiment que le football tunisien s’exporte simplement mieux, porté par une communauté nombreuse, chaleureuse et souvent en manque de grands événements.
La Fédération Tunisienne dans tout ça ?
L’enjeu pour la FTF est de réconcilier la sélection avec son public local. Amélioration des conditions d’accès, dynamisation de la communication, retour de la confiance : ce ne sont pas les pistes qui manquent. Parmi les autres possibilités, faire la rotation des villes qui arbitrent les matchs de la sélection. Pourquoi la Tunisie ne joue qu’à Rades ? Pourtant, elle peut espérer un stade complet à Sousse, Sfax, Monastir, etc… Une possibilité parmi bien d’autres pour retrouver cette énergie capable de porter les joueurs et placer une atmosphère digne des grandes soirées footballistiques.






