L'incontournable du football africain

Marhaba en Algérie

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L’Afrique est en Algérie à l’occasion d’un tournoi de football, le Championnat d’Afrique des nations réservé exclusivement aux locaux, lequel regroupera le tiers des pays affiliés à l’UA.

Vingt jours durant, le football rythmera la vie des Africains, du continent et d’ailleurs. Mais pas que…

Une épreuve qui arrive à peine trois semaines d’une Coupe du monde et ses fortes sensations enivrées par le parcours des Lions de l’Atlas (demi-finalistes) mais aussi du Ghana et le Sénégal (huitième de finalistes) sans oublier quelques coups d’éclat sans effet sur les autres représentants continentaux, le Cameroun et la Tunisie, qui ont quitté la compétition après avoir fait tomber de « gros gibiers », le Brésil et la France en l’occurrence.

Mais l’Afrique se doit de prouver qu’elle a aussi de la réserve en interne. Dans des Championnats qui se jouent par des conditions extrêmes. Dans des stades vétustes, délabrés et souvent injouables. Avec des clubs qui n’ont de clubs que le nom. C’est une tendance majoritaire. Car, l’Afrique a aussi ses riches en football. Les Egyptiens du National SC et le Zamalek, Sundowns de Patrice Motsepe et le TP Mazembe de Moise Katumbi. Le Maroc, même si ses clubs ne disposent pas de matelas financiers faramineux, opposent une farouche résistance dans les épreuves contrôlées par la CAF grâce à la qualité du travail en jeunes et celle du tissu infrastructurel avec de nouvelles enceintes réceptionnées durant la dernière décennie.

Il était une fois Hayatou

Si les Nord-africains dominent les compétitions africaines, c’est en large mesure grâce à des moyens de travail (préparation, récupération etc.) mieux adaptés, qui se rapprochent de ce que se fait en Europe.

Les moyens financiers tarissent mais des clubs comme l’ES Tunis ou l’ES Sétif gardent une certaine ligne de conduite lorsqu’il s’agit de défendre les acquis en terre africaine. La réalité africaine que beaucoup ignore et dont rares font l’effort de corriger. D’améliorer. Et c’est justement pour ce « monde meilleur » qu’un certain Issa Hayatou a pensé lancer une compétition au profit des locaux. Leur offrir un lieu de rencontre plus confortable et une meilleure visibilité pour mieux se vendre. Le CHAN devenait, du coup, une nécessité absolue, un enjeu politique au sein de la CAF.

Des pays, comme l’Egypte et depuis peu la Tunisie, boycottent ce tournoi pour « protéger » leur propre championnat domestique qui, il est vrai, rapporte mieux qu’un tournoi du CHAN.

En 2014, le vainqueur du l’édition organisée en Afrique du Sud, la Libye, a empoché moins de 750 milles dollars.

En 2021, au Cameroun, le Maroc qui a raflé la mise pour la seconde fois consécutive a gagné la somme de 1 million et 250 milles dollars. C’est une broutille par rapport à la prime de la CAN (4,5 millions d’euros) ou de la Coupe arabe dotée, elle, de 5 millions de dollars. C’est pourquoi participer au CHAN est davantage un investissement sur le produit local duquel il est espéré un retour bénéfique qu’une opération commerciale.

Des « premières » à profusion

Après six phases finales plus ou moins réussies, alors plusieurs joueurs remarqués pendant les matches de ce tournoi ont réalisé le rêve de franchir les frontières, la CAF qui traversait une phase transitoire avec l’élection du malgache Ahmad Ahmad confiera à l’Algérie le droit d’organiser la 7è édition. Un choix par défaut, les candidatures se faisaient rares et la FAF présidée alors par Kheireddine Zetchi voulait regagner sa place au sein des organes de la Confédération. Or, en 2018, lorsque la CAF a décidé d’attribuer le CHAN à l’Algérie le pari semblait difficile à tenir. Deux ans plus tôt, cette même Confédération a estimé que l’Algérie n’était pas en mesure d’organiser pareille compétition, encore moins la CAN-2017 pour laquelle elle avait postulé sans que Hayatou et son Comex ne donnent leur OK. Mieux, la CAF avait décidé de désigner les pays organisateurs des trois éditions suivantes de la CAN (2019 au Cameroun, 2021 en Côte d’Ivoire et 2023 en Guinée), ce qui constituait une infraction aux règles définissant l’attribution des compétitions fixées par la CAF. C’était surtout le dernier coup boutoir à Mohamed Raouraoua, président de la FAF, à qui Hayatou prêtait l’intention de le destituer en soutenant Ahmad Ahmad.

En réalité, l’Algérie n’était pas non plus prête pour abriter un tel évènement vu qu’elle accusait un énorme déficit en infrastructures sportives. Les travaux de construction des stades d’Oran, de Tizi-Ouzou, de Douéra et de Baraki étaient pratiquement à l’arrêt et la crise mondiale de la Covid-19 allait compromettre les dernières illusions des autorités Algériennes de pouvoir honorer leurs engagements. Le retrait du CHAN à l’Algérie et sa délocalisation vers la Côte d’Ivoire allait même être évoqué en début de l’année dernière. C’était le moment choisi par les décideurs d’Alger de lancer la plus grande opération jamais réalisée par un pays consistant à terminer les travaux dans des délais record afin que ces enceintes soient opérationnelles à l’occasion des JM(Oran) et des compétitions à venir(CHAN-2022 et CAN-2025).

Jeudi, veille de « la salve de trois coups» du tournoi de football, le président Algérien Abdelmadjid Tebboune, inaugurait le Nelson Mandela Stadium de Baraki en présence d’Infantino, Motsepe, des stars du football africain et de tous les invités de l’Algérie.

Quand le Maroc joue aux trouble-fêtes

La fête pouvait commencer. En présence de l’Afrique moins le Maroc. La fédération du Royaume Chérifien a longtemps joué sur un « protocole » qu’elle savait « hors de propos ». Exiger que le vol Rabat-Constantine se fasse dans un appareil de la RAM n’était pas cet obstacle qu’elle pouvait offusquer les Algériens. C’est plus conditionner la participation des Olympiques(U23) à cet impératif qui a vexé les autorités d’Alger qui avaient fermé les frontières (terrestre, aérienne et marine) avec le Maroc depuis septembre 202. La CAF a fait l’effort de « couper la poire en deux », les Marocains se sont muri à ne effectuer le déplacement qu’à bord d’un avion de la RAM.

Sans le double vainqueur des deux dernières éditions le CHAN n’en sera pas moins attrayant. Les seize pays qui ont rallié les 4 villes Algériennes depuis les frontières aéroportuaires ou terrestres (avec la Tunisie pour les sélections qui se s’étaient préparées là-bas), certains depuis voilà dix jours, sont ravis des conditions. Leurs équipes se disent prêtes à défier la sélection de Madjid Bougherra. Le « Magic » prépare son équipe depuis juin 2021. Ce n’est pas le cas de tous les ensembles qui fouleront les pelouses des stades de Baraki, Annaba, Constantine et Oran. Hormis la Libye, le Soudan, la Mauritanie et l’Ethiopie, sélections composées exclusivement de joueurs locaux et qui abordent toutes les compétitions internationales avec des effectifs issus de leurs championnats, les autres équipes présentes en Algérie ont été « crées» pour ce seul rendez-vous. Soit au mieux quelques semaines avant le début des éliminatoires pour lesquelles 44 pays s’étaient engagés. C’était déjà un premier record qui venait d’être battu. La CAF, toute heureuse de constater l’enthousiasme des fédérations affiliées pour ce rendez-vous d’Alger, ira jusqu’à modifier l’article 70 du règlement de la compétition pour porter le nombre de participants de seize à dix-huit pays. Ce qui exigeait de l’Algérie de mettre à disposition au moins quatre stades pour les 32 matches du tournoi et une vingtaine de terrains d’entrainement au profit des équipes qualifiées. Pas une mince affaire dans une Algérie où la Ligue de football professionnel ne savait pas le mois dernier où domicilier le derby MCA-USMA, deux des principaux clubs de la capitale qui, à leur tour, ne savaient, non plus, depuis le début de cette saison 2022-2023 où accueillir leurs adversaires en championnat.

Pis, les quatre représentants Algériens en compétitions africaines (CRB, JSK, USMA et JSS) ont disputé leurs matches préliminaires à Sétif, distante de plus de 250 kilomètres d’Alger, 277 kilomètres de Tizi-Ouzou et 1050 kilomètres de Béchar. Malgré ses souffrances, 3 des 4 représentants passent en phase de poules de la LDC et de la Cup CAF, la JS Saoura ayant subi la double sanction de la distance et d’un arbitrage libyen calamiteux face aux Ivoiriens de Gagnoa.

Miracle à l’Algérienne

C’est à nouveau le « miracle Algérien » qui se produit, par conséquent. Si ailleurs un « vendredi 13 » fait peur, en Algérie la sérénité affichée pour la réussite de ce CHAN est incommensurable. Ce n’est pas un hasard si 66 pays ont demandé le « signal TV » pour voir la cérémonie d’ouverture et des rencontres de ce tournoi. Que plus de 1000 journalistes ont obtenu leur accréditation pour la couverture de l’évènement. Ce n’est pas non plus un hasard que des fans Libyens ont traversé les frontières pour venir en nombre à Alger voir à l’œuvre leurs Chevaliers de la Méditerranée.

Que la technologie (billetterie électronique, VAR, images 4 K etc.) accompagne les acteurs et spectateurs durant trois longues semaines.

Dans ce plat réussi avant dégustation on oubliera certainement des ingrédients tellement l’Algérie a fait son devoir envers l’Afrique sans attendre un retour comme tentent de le faire accroire certains. Le seul investissement fait reviendra à la jeunesse Algérienne qui en avait marre de voir ces stades datant de l’époque coloniale encore servir durant les grandes affiches et les rencontres internationales des sélections et des clubs. Simplement pour ça, l’Algérie a réussi son CHAN. Marhaba (bienvenue) pour l’Afrique !

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