Face à l’ultra domination du football européen sur toutes les dimensions (sportive et médiatique et diplomatique), les pays asiatiques et les États-Unis gagnent de plus en plus de terrain à travers des modèles propres à eux: d’où la nécessité de s’interroger sur la place du continent africain dans cet essor prodigieux du football à travers le monde.
L’univers du sport ces deux dernières décennies, nous a proposé des paradigmes complètement surréalistes en matière d’investissement dans le sport. Comme locomotive de cette nouvelle approche, des nations qui se sont érigées en de véritables capitaines d’industries dans le sport et particulièrement dans le football. Ces nations mobilisent ainsi d’énormes surfaces financières, pour attirer les stars mondiales du football leur servant de vitrine d’exposition sur le monde. Une logique qui revêt un double objectif. D’abord comme atout de séduction pour abriter les grands rendez-vous de footballistiques, et ensuite comme puissance politique pour se positionner dans le concert mondial des nations, le football étant un présentoir préférentiel dans cette logique.
Qatar, Chine, Arabie… L’expérience Asiatique !
L’un des pays précurseurs dans cette façon de faire c’est le Qatar, qui avait mis sur pieds au début de la décennie 2000 le projet « ASPIRE » avec pour but d’aller chercher des jeunes pépites dans les quatre coins du monde, afin de booster le développement local de son football. Le Qatar a par la suite exporté cette vision en investissant sur le Paris Saint-Germain en France, faisant du club français l’un des plus importants en Europe sur les dix dernières années. Au passage, le pays va accueillir dans son championnat local des footballeurs de renommée mondiale comme Xavi Hernandez ou encore Samuel Eto’o pour ne citer que ceux-là. Un modèle qui va inspirer la chine aussi, qui, dans la même période va s’inscrire dans le même sillage et va réussir à débaucher des clubs européens, des stars comme Didier Drogba, Nicolas Anelka et bien d’autres.
La « folie » Saoudienne
À la suite du Qatar et la chine, l’Arabie Saoudite va venir exploser tous les compteurs. L’Arabie Saoudite a mobilisé environ 20 milliards de Dollars qu’il a commencé à investir pour s’attirer tous les projecteurs et faire du royaume saoudien, le carrefour du monde pour au moins les 5 ou 6 prochaines années, avec en ligne de mire la coupe du monde 2030 que le pays aimerait abriter. Pour se faire, ils ne lésinent pas sur les moyens pour recruter les stars mondiales du moment, offrant des ponts d’or à ces derniers, avec des contrats qui frisent la démence, brisant le plafond de verre des traitements salariaux jusqu’ici observés dans le football.
Sur les septs derniers mois le championnat Saoudien a réussi à débaucher (de l’Europe) Cristiano Ronaldo, 5 fois ballons d’or et sportif le plus influent de la planète, Karim Benzema dernier ballon d’or en date et capitaine du Real Madrid leur offrant chacun des salaires de 200 millions d’euros annuel sur plusieurs saisons. L’on pourrait y ajouter Sadio Mané, champion d’Europe avec Liverpool et double ballon d’Or africain, Riyad Mahrez, champion d’Europe avec Manchester City, ballon d’Or africain et Capitaine de l’équipe d’Algérie: eux aussi recouvert de traitement salariaux stratosphériques. Du jamais vu dans le football. Mais où se situe donc l’Afrique dans cette bataille mondiale de position à travers le sport en général et le football en particulier ?
L’Afrique… à la traîne !
Pour l’instant, le constat est evident: l’Afrique traîne le pas, ou du moins a du mal à s’inviter à la table des autres continents. Une difficulté qui trouve son explication principale dans le contexte socio-économique général très difficile sur le continent. Plus de 80% des pays africains sont soit sous développés soit encore en développement. Dans beaucoup de pays africains, le pouvoir d’achat des citoyens est compris entre 1 et 1,5 dollars: difficile d’y développer une véritable industrie du sport. Dans ce contexte, les Etats du continent préfèrent concentrer l’essentiel des ressources disponibles à l’amélioration de la qualité de vie de leurs citoyens. Les investissements colossaux dans le sport apparaissent comme accessoires dans l’ordre des priorités, voire un luxe hors de portée, comparativement aux exemples sus-évoqués. Même s’il existe quelques rares exceptions, viennent confirmer la règle.
Le Rwanda: un modèle séduisant !
Il existe une fine brochette de nations qui placent le sport (en général) au rang des secteurs d’investissements prioritaires, et qui y voient une passerelle d’infiltration dans le cercle de ces nations dominantes. Le Rwanda par exemple dans sa formidable ascension vers une embellie sociale sans cesse meilleure, a fait du sport un de ses chevaux de bataille. A travers son projet « Visit Rwanda » le pays de Paul Kagame a réussi à pénétrer le marché européen du football, en associant son label a de grands clubs européens comme Arsenal en Premier League anglaise et le Paris Saint-Germain en Ligue1 française. Le pays étudie également depuis quelque temps, la possibilité de se positionner sur une franchise de la NBA, qui est l’une des compétitions de sport les plus puissantes au monde.
Le Maroc: l’autre exception !
Dans le même sillage, il y a aussi le Maroc. Le royaume chérifien a par exemple accueilli plusieurs éditions du mondial des clubs de la FIFA, dont la dernière en janvier dernier. Le Maroc s’est également positionné pour accueillir la plus grande des compétitions de football au monde, la Coupe du monde de football, dans une candidature conjointe avec l’Espagne et le Portugal pour l’édition 2030. Ce qui traduit davantage l’engagement du royaume shérifien à faire du football un levier essentiel de son rayonnement international.
L’Afrique a encore du chemin à faire !
De manière générale, L’Afrique en l’état actuel de la situation socio-économique des Etats du continent, ne saurait s’inviter à la table des européens et Asiatiques en matière de rayonnement international à travers l’investissement dans le football. Qu’il s’agisse du Maroc ou du Rwanda, les chiffres en termes d’investissements sont bien loin de ceux que mobilisent les pays du golf ou encore les États-Unis dans le marketing international à travers le sport en général et le football en particulier. Toute chose qui naturellement, implique moins de capacité de séduction des plus grandes stars mondiales, mais reste tout de même un pas non négligeable. Ces deux exemples pourraient aussi être précurseurs d’une approche de développement dont pourraient s’inspirer les autres nations africaines, pour à moyen terme, commencer à réduire l’écart de plus en plus abyssal avec l’Europe et l’Asie.