Ancien international béninois, Mickaël Poté est une figure emblématique de l’histoire du football béninois. Homme fort de la sélection, il a notamment participé à la CAN 2019, marquant deux buts face au Ghana. Le premier, inscrit après seulement 1 minute et 44 secondes, reste le but le plus rapide de l’histoire des Guépards en CAN.
Dans une interview exclusive accordée à AfricaFootUnited, l’ancien attaquant des Guépards s’est exprimé sur les chances du Bénin pour la CAN 2025, ainsi que sur le match amical à venir entre les Guépards du Bénin et les Lions de l’Atlas du Maroc, prévu le 10 juin 2025. L’ancien attaquant de Grenoble a également évoqué quelques moments forts de la CAN 2019.
Avec plus de 200 buts inscrits entre la France, l’Allemagne, Chypre et la Turquie, Mickaël Poté est le meilleur buteur béninois en Europe.
AFU: Le Bénin, après avoir manqué les deux dernières éditions de la CAN, sera bien présent au Maroc. Logés dans le groupe D aux côtés du Sénégal, de la RD Congo et du Botswana, les Guépards peuvent-ils espérer réaliser un parcours historique et faire mieux que les quarts de finale atteints en 2019 ?
» Mouiller le maillot et ne pas avoir de regrets »
Mickaël Poté : Oui, bonjour. Donc, pour répondre à la première question, espérer faire un parcours historique comme on a eu à le faire en 2019. L’espoir, bien sûr. L’espoir à même faire mieux, même. On peut espérer toujours de faire mieux. Maintenant, c’est des contextes différents. Il y a beaucoup de choses qui se passent entre temps. Ce n’est plus les mêmes générations, les mêmes équipes. Même si ça reste, comment dire, ça reste l’équipe du Bénin, certes. Mais avec beaucoup de changements. La plupart des joueurs qui étaient de ma génération ont mis fin à leur carrière. Il y a une nouvelle vague de jeunes qui arrivent. Très intéressante d’ailleurs. C’est pour ça qu’ils ont mérité leurs qualifications. Maintenant, ça ne sera pas évident. Une campagne qualificative en Coupe d’Afrique, ce n’est pas évident. Ça demande beaucoup de préparation, beaucoup de mental. Un groupe, comme je l’ai dit, pas facile, mais pas impossible, bien sûr. Maintenant, à nous de mettre les ingrédients pour essayer de faire mieux, même que ce qu’on a eu à faire en 2019. Le potentiel est là, mais le potentiel ne veut pas dire réussite. Il va falloir bien se servir de ce potentiel et l’exploiter au mieux. Il y a une belle petite génération, comme on dit, qui arrive. Peu importe ce qui se passera, c’est ne pas avoir de regrets. Au pire, des remords. C’est-à-dire que tu as tout donné et on a voulu autrement. Mais des regrets, c’est quand tu sais que tu n’as pas fait ce qu’il fallait et tu te dis de ne pas finir sortir de la compétition ou autre. Peu importe, en disant qu’on n’a pas fait ça, on n’a pas fait ça. Donc, mouiller le maillot, se donner à fond et essayer de faire le maximum pour justement ne pas avoir de regrets et se dire qu’au pire, l’adversaire était plus fort. Mais j’y crois, j’y crois, j’y crois que j’ai l’immense espoir que l’on puisse au moins passer ce premier tour. Parce que moi, je pense que dans ce groupe-là, si tu passes le premier tour, tu peux espérer aller loin dans la compétition.
AFU : Le 10 juin 2025, les Guépards affronteront les Lions de l’Atlas du Maroc, demi-finalistes du Mondial 2022, dans un match amical. Au vu de la forme actuelle des deux équipes, penses-tu que les Guépards ont une chance de venir à bout du Maroc ?
» Plus on joue contre des équipes de haut niveau, plus on progresse«
Mickaël Poté : Bon, je n’étais pas spécialement au courant qu’il y avait ce match-là en plus, donc vous me l’apprenez. Et s’il y a ce match-là, c’est un très bon match, c’est très intéressant. Qu’on puisse venir à bout, tout le monde sait que c’est difficile. Le Maroc s’est encore plus renforcé que d’habitude.
Ils vont vouloir aussi, quand on est compétiteur, il y a toujours ce petit esprit de revanche. Pas vengeance parce qu’on aura plus le mot revanche. Ça sera un match réparatif pour eux, quoi qu’il arrive. Certes, il y a un décalage énorme en termes de niveau entre le Maroc et nous. Mais par contre, sur un match, tout est possible.
Un match, c’est nickel, pourquoi pas. Pour voir un petit peu où on en sera au mois de juin. Ça sera la fin de saison pour la plupart des joueurs. Voilà, donc c’est intéressant. C’est intéressant, ces matchs-là. Plus on joue contre des équipes de haut niveau, plus on progresse. Donc voilà, c’est un match très intéressant. Et puis, peu importe le résultat, pareil, on se donne à fond. On essaie de gratter le positif et de corriger le négatif de ces joueurs dans ces match amicaux.
AFU : Peux-tu nous parler de ce que tu as ressenti lorsque Hakim Ziyech a raté son penalty lors des temps additionnels en huitième de finale de la CAN 2019 ?
« On avait cet immense espoir, on y croyait tellement qu’on se disait non, c’est pas possible. »
Mickaël Poté: Ouais, c’est vrai que, bon, vous savez, quand on est dans ce genre de situation-là, 91 minutes, pénalty, tu te dis, c’est un film, t’as tenu tout le long, et puis voilà, et puis tu te dis non, ça peut pas s’arrêter là, avec tout ce qu’on a eu à faire, ça peut pas s’arrêter là, et puis Dieu en a décidé autrement, mais on avait cet immense espoir, on y croyait tellement qu’on se disait non, c’est pas possible, et Dieu a fait que voilà, il a loupé, on tire mille fois ce pénalty, il l’a mis en plein milieu, quart de mille fois, mais à ce moment-là, c’était pas son jour, c’était pas l’ordre du Maroc, tout simplement, ils pouvaient faire ce qu’ils voulaient, ça passait pas, ça rentrait pas, donc c’était écrit que c’était nous qui devions passer à ce moment-là, et puis voilà, c’est vrai que, satisfaction quoi, satisfaction, mais en même temps, j’étais pas, c’est bizarre, soit qu’il ait tiré au-dessus, soit j’avais confiance en Saturnin Allagbé, notre gardien à ce moment-là, donc je me suis dit non, il peut pas marquer, et donc voilà.>>
AFU : Lors de la CAN 2019, tu as inscrit le but le plus rapide de l’histoire du Bénin à la CAN contre le Ghana et marqué un doublé. Que représente ce moment pour toi et pour le football béninois ?
« Ça restera gravé dans les annales, ça restera gravé dans ma mémoire. »
Mickaël Poté : Oui, c’est vrai, j’ai eu la chance, j’ai eu vraiment la chance de marquer rapidement. Mais comme je l’ai dit, je n’ai pas pris le ballon tout seul, par les tribus de tout le monde. L’équipe, tout, a permis que je fasse cette belle performance. J’ai juste conclu le travail qui avait été fait, d’une belle manière, certes, d’une belle manière, et ça restera gravé dans les annales, ça restera gravé dans ma mémoire.
La plupart des Béninois s’en souviendront, s’en souviennent, et c’est le but de marquer les esprits pour que les générations à venir, on leur donne envie de pouvoir faire encore mieux que ça. Et quand on se balade ici, dans les rues du Bénin, ou autre, et bien, quand on voit ce qu’on a eu à représenter, ce qu’on a eu à représenter, tout simplement, au peuple béninois, c’est une fierté. Et limite, on s’oublie, quoi, on s’oublie, quand je dis qu’on s’oublie, c’est dire qu’on pense plus à ce qu’on a eu à transmettre au peuple, qu’à nous-mêmes, notre performance.
En tout cas, moi, c’est le ressenti que j’ai. C’est-à-dire que quand je vois dans les yeux des gens ce que j’ai eu à représenter, je suis encore plus fier que la performance en elle-même. Je ne sais pas si je me suis fait comprendre. Donc voilà. Et ça restera gravé dans la mémoire. Et comme je dis, ce sont les moments comme ça qui marquent les esprits et qui font qu’on écrit une histoire. C’est comme ça. Et j’espère vraiment, je souhaite à mon petit frère ou autre, de faire encore mieux que ça, parce que c’est des moments inoubliables. Il n’y a pas d’autre mot, c’est inoubliable .
