Formé au Stade Rennais, il a découvert la Ligue 1 sous les couleurs du Stade de Reims ce qui lui a permis d’être appelé en Équipe de France U19. Le natif de Lille est arrivé l’été dernier à Rodez en provenance du FC Koper où il était allé se relancer.
Dans cet entretien exclusif accordé à Africa Foot United, il revient notamment sur son parcours, son début de saison, les Bleus, les Lions indomptables, et sur le football africain de façon générale.
AFU: Déjà 8 buts et 3 passes décisives pour vous après 15 journées de championnat, vous êtes le 2e meilleur buteur de Ligue2, on ne pouvait pas rêver mieux pour ses débuts n’est-ce pas ?
T. Nkada: « Oui carrément ! On ne pouvait pas rêver mieux que ça . C’est des débuts réussis, j’ai été décisif à onze reprises, ça se passe très bien, et j’espère continuer dans la même lancée. »
AFU: Qu’est-ce qui explique que la mayonnaise ait immédiatement pris à Rodez à votre avis ?
T. Nkada: « Déjà j’ai très vite eu la confiance du staff technique. Aussi les principes de jeu qui sont prônés correspondent à mes qualités, c’est à dire un jeu offensif et dans la profondeur, qui m’a permis de bien m’exprimer, mais il y a aussi la qualité de mes partenaires qui me servent des bons ballons. Et tout cela mis ensemble a fait que je sois directement performant avec le club. »
AFU: Vous avez été formé en France à Rennes, puis il y’a eu Reims, ensuite le départ pour le Danemark, un nouveau départ pour la France, le passage en Slovénie avant un retour en Ligue2 l’été dernier, c’est un long parcours avec beaucoup de mouvements sans trop de succès, racontez nous un peu l’histoire de votre carrière.
T. Nkada: « C’est l’histoire de multiples faux départs comme j’aime souvent le dire. Ceci parce que j’ai connu la voix de la formation royale, avec le Stade rennais et les équipes de France de jeunes. Une fois passé en professionnel, j’ai fait mes débuts en Ligue1 au stade de Reims, ça s’est bien passé, et à partir de ce moment il fallait lancer vraiment la carrière entant que joueur confirmé et titulaire quelque part. Ça a été le début de multiples faux départs, où j’ai fait un prêt au Danemark qui s’est mal passé, j’ai été le relancer à Orléans en France où j’ai connu une année avec beaucoup de blessures, puis je me suis retrouvé dans un carrefour où j’avais eu beaucoup de faux départs, et il fallait que je lance vraiment ma carrière. C’est ainsi que je décide d’aller en Slovénie, en première division, un championnat qui me semblait intéressant pour se relancer, et ça a été un pari payant. Ma carrière s’est vraiment lancée là-bas, j’ai fait une saison plein avec 9 buts et 3 passes décisives, en jouant sur un poste excentré, et ça m’a permis de rebondir en France en Ligue2 avec Rodez où je continue sur la lancée de ce que je faisais en Slovénie ».
AFU: Et comment se fait cette transition entre la Slovénie et la France, comment s’établissent les contacts pour le retour en France ?
T. Nkada: « C’est d’abord le travail de les agents, car malgré le fait que j’étais à l’étranger, ont gardé des contacts avec les clubs français. Ils donnaient de mes nouvelles pour montrer mon évolution. Ce qui fait que les clubs qui me suivaient même auparavant, depuis mon passage en Ligue1 et dans les équipes de France jeunes où j’étais déjà connu du circuit. Ces clubs me connaissaient et suivaient mon parcours. C’est ainsi que Rodez qui a vu que je performais et que je m’étais bien relancé, a passé le pas du recrutement, et ça s’avère être un pari gagnant ».
AFU: Il y a eu des rumeurs ces dernières semaines annonçant l’intérêt de plusieurs clubs de Ligue1 pour vous, qu’est-ce que ça fait de se savoir autant sollicité, et est-ce que vous pensez déjà à un départ si une belle opportunité se présente ?
T. Nkada: « Pour être honnête je ne pense pas encore à un départ. Je suis bien à Rodez, je suis performant dans un environnement sain, avec un staff qui le fait confiance, des coéquipiers qui me connaissent de mieux en mieux. Je ne pense qu’à une chose, c’est de continuer de performer, dans cet environnement. Après, tout ce qui arrivera, n’arrivera que sur la base de mes performances sur le terrain. Mais je ne réfléchis pas encore à la suite. Le championnat de Ligue2 est attractif, et quand tu y es performant tu auras forcément des sollicitations, je le sais, mais je suis focus sur ce que j’ai à faire avec Rodez, avec la volonté de continuer de performer ».
AFU: Le club aujourd’hui est en milieu de tableau en Ligue2, quelles sont vos ambitions personnelles pour cette saison avec Rodez ?
T. Nkada: «Individuellement mon ambition c’est d’être décisif le plus de fois possible sur la saison. Parce que ma contribution dans les résultats de l’équipe passe par des buts ou des passes décisives, c’est mon travail. Sans le fixer d’objectif comptable, je veux juste en mettre le plus possible (des buts) sans me fixer de limite. L’équipe a commencé difficilement, mais là on revient déjà, et on va se laisser porter par des victoires, des points, en prenant les matchs les uns après les autres. »
AFU: Quel type d’attaquant est Timothé Nkada, et quels sont les attaquants qui vous ont le plus fait rêver ?
T. Nkada: « Il y a deux attaquants qui m’ont fait rêver dans mon enfance. C’est Thierry Henry et Samuel Eto’o. Jusqu’aujourd’hui ils restent deux grandes sources d’inspiration pour moi. Je suis un attaquant de profondeur, je dirais même « profondeur-finisseur ». Mais avec le temps j’ai aussi construit une base de Renard de surfaces. Je suis très à l’aise dans le jeu, je me sens de plus en plus complet, mais la base de mes qualités c’est la vitesse et la profondeur. Et il n’y a pas mieux que Samuel Eto’o et Thierry Henry pour illustrer cela. Et pour rester sur Samuel Eto’o, voir un attaquant africain réaliser ce qu’il a réussi, c’est juste incroyable. »
AFU: Vous parlez de Thierry Henry et Samuel Eto’o, ces deux noms résument votre nationalité et cela nous tend une perche pour parler cette fois de sélection nationale: On remarque dans votre parcours qu’il y a eu quelques piges avec des sélections de jeunes chez les Bleus, aujourd’hui à 25 ans est-ce qu’on continue de rêver Bleu, ou alors la porte est aussi ouverte pour le Cameroun ?
T. Nkada: « J’ai certes été formé en France, et j’ai évolué avec les sélections de jeunes des Bleus, mais mon objectif a toujours été le Cameroun. C’est un rêve d’enfant, car je me sens aussi camerounais, et avec mon père on en parle souvent. Pour moi c’est clairement un objectif de jouer pour le Cameroun, et donc pour moi la porte est bien ouverte. Maintenant il faut continuer de travailler, enchaîner des performances, pour y arriver avec le maximum de confiance, car le maillot du Cameroun est difficile à assumer, du fait de l’histoire de ce pays dans le football mondial, et des légendes qui ont porté ce maillot »
AFU: Quels rapports entretenez-vous aujourd’hui avec le Cameroun ?
T.Nkada: « Je reste très lié au Cameroun, via mon papa qui est Camerounais. Je me sens camerounais, la dernière fois que j’y ai été j’étais encore plus jeune. Je compte y retourner avec mon père cet été. J’ai des liens avec le pays, je suis très proche de les cousins et cousins de là-bas. Et donc des liens, il y en a réellement »
AFU: Que savez-vous des Lions Indomptables ces dernières années ?
T.Nkada: « Où qu’on soit dans le monde on sait que le Cameroun c’est la plus grande nation de football en Afrique. Le Cameroun a toujours réussi à se démarquer par des performances improbables, comme battre le Brésil en coupe du monde, ou encore aller gagner cinq CAN hors de ses frontières. C’est une équipe qui a son identité propres à elle, qui va toujours se battre jusqu’à la dernière minute sans rien lâcher. Aujourd’hui elle est un peu en transition, et on voit que l’ADN est toujours le même. Là l’équipe est qualifiée pour la CAN, sera comme d’habitude très attendue. C’est une équipe qui est pour l’Afrique ce qu’est par exemple le Brésil dans le monde. Elle a un statut important qu’elle doit toujours assumer. »
AFU: Votre coéquipier en club, Wilitty Younoussa était récemment en sélection, on imagine que vous avez échangé sur l’ambiance notamment au Cameroun et dans la tanière !
T. Nkada: « Oui, Wilitty Younoussa comme m’a parlé de la sélection et de l’ambiance qui y règne. Mais je connais aussi d’autres joueurs de la sélection, notamment Enzo Ebosse qui était à la Coupe du monde, et avec qui j’ai été au centre de préformation. Je suis en contact avec deux ou trois autres joueurs de la sélection, et ça rassure davantage. »
AFU: Il y a eu beaucoup de problèmes ces derniers mois autour des Lions Indomptables, est-ce que cela n’a pas perturbé la flamme camerounaise qui brûle en vous ?
T.Nkada: « On a tous vécu ces situations, à travers les médias. Mais c’est comme dans chaque famille, chaque organisation ou chaque entreprise, il y a des moments de turbulences. Mais non, cela n’a perturbé en rien la flamme camerounaise qui brûle en moi. On ne tourne pas le dos à la famille parce qu’il y a des problèmes.
AFU: Vous évoluez en France où il y a beaucoup d’africains, et vous suivez aussi les compétitions sur le continent, quel est votre regard sur le football africain aujourd’hui, et sur la valeur du joueur africain ?
T. Nkada: « Le football comme le footballeur africain sont très sous-estimés. Il y a pourtant énormément de talents, et je pense d’ailleurs que c’est le football de l’avenir. Le joueur africain est aujourd’hui entrain briser de nombreuses barrières. Les compétitions sur le continent sont de plus en plus relevées, avec un très bon niveau, on l’a récemment vu avec la CAN en Côte d’Ivoire. Il y a toujours eu de grands joueurs en Afrique et il y en a encore actuellement. L’avenir du football c’est en Afrique, car il y a énormément de talents. Il faut juste que le travail continue, et on parlera encore plus de l’Afrique »
AFU: Merci Timothé Nkada