Le Mondial du Qatar a baissé pavillon dimanche passé avec le sacre de l’Argentine. Mérité qu’il est, le triomphe de Messi et de l’Albiceleste a surtout confirmé la tendance équilibriste entre deux Confédérations, l’Uefa et le Conmebol.
Ce sont les deux entités les mieux représentées au tableau de chasse des trophées de la Coupe du monde. C’est un enseignement majeur qui, les quelques exploits des sélections Africaines et Asiatiques mises à part, qui confirme que peu de choses ont changé pour ne pas dire aucun changement n’a eu lieu depuis le premier Mondial post-guerre joué au Brésil(1950). A savoir des duels sans discontinuer entre les Européens (12 titres) et les Sud-américains(10).
Ceci, en dépit du « pronostic » ambitieux du président de la CAF, Patrice Motsepe qui veut nous faire croire que l’Afrique est capable de gagner cette Coupe du monde dans pas très longtemps. Notre foi est grande mais la réalité nous reprend.
Pour ce faire, prenons l’exemple d’une entité que l’instance Africaine a mis sur pied en 2005. Il s’agit de l’UNAF, par abréviation Union Nord-Africaine de Football, organisation régionale qui domine les compétitions continentales, en sélections comme en clubs.
En 33 phases finales de la CAN, les cinq pays qui composent l’UNAF (Algérie, Egypte, Libye, Maroc et Tunisie) ont remporté 12 trophées soit plus du tiers des titres mis en jeu. L’Egypte, avec 7 coupes, demeure la locomotive de ce quinté même en clubs avec le Nacional SC et le Zamalek qui caracolent en tête du palmarès des compétitions africaines avec respectivement 10 Ligues des Champions, 4 C2(Coupe des coupes), 1 C3(Coupe de la CAF) pour le Ahly, et 5 LDC, 1 C2 et 1 C3. A ces deux légendaires clubs de la zone CAF 1 s’ajoutent des équipes de Tunisie(ES Tunis, ES Sahel et le CS Sfaxien), de Maroc (WAC, Raja et récemment le RS Berkane), et d’Algérie (MCA, ESS et JSK). Un beau panel qui aurait du faire des envieux dans d’autres continents. Surtout un appât pour attirer les sponsors et les investisseurs dans le football.
Aujourd’hui, la Fifa multiplie les compétitions pour renflouer ses caisses déjà pleines à exploser. Les puissants clubs Européens veulent créer leur propre compétition lucrative, histoire de changer un peu avec les épreuves organisées par l’Uefa. La CAF aussi veut lancer sa Super League dans l’optique d’amasser quelques millions de dollars. Une telle perspective, les différents présidents qui ont dirigé l’UNAF ne l’envisagent plus. Depuis 2010, les deux compétitions interclubs (coupe des champions et coupe des coupes) sont à l’arrêt sans que personne ne sache pourquoi. Douze ans après le règne de l’Algérien Mohamed Raouraoua aucun responsable de l’organisation nord-africaine n’a osé reprendre l’expérience de l’ancien président de la FAF qui a fini par offrir ses services à l’UAFA (Union Arabe de football, NDLR) dont les compétitions mises en place ont connu un franc succès. C’est vrai, d’un point de vue financement, c’est le jour et la nuit.
Les princes et émirs saoudiens et qataris ont misé gros pour faire réussir la plus lucrative manifestation footballistique interclubs dans le monde arabe. ART Network, Al-Jazzera Sports, le groupe World Sport et d’autres magnats du golfe avaient misé gros en espérant concurrencer carrément la Ligue des Champions Européenne. Les dotations mises en jeu attiraient tous les clubs qui boycottaient les Coupes Maghrébines, notamment ceux d’Egypte dont le Ahly et le Zamalek, et les équipes engagées ne dépensaient pratiquement aucun centime tellement les organisateurs ont prévu une formule All Inclusive pour les participants.
Rien qu’à voir les prix offerts aux lauréats (100 milles dollars pour la vainqueur de la Coupe maghrébine des champions contre 4,5 millions de dollars à partager par les finalistes de la Coupe arabe des champions), la question de l’engagement de ces grands clubs devenait obsolète.
C’est en grande partie cette incapacité de l’UNAF à apprivoiser les clubs et à intéresser les sponsors publics et privés dans les pays de la région qui a fait capoter le projet cher à feu Samir Zaher et à Mohamed Raouraoua.
D’autant plus que, politiquement, une Coupe Maghrébine devenait un enjeu régional majeur pour certains pays du Maghreb…
Sans oublier cette mauvaise image que renvoyaient les galeries des clubs engagés. Tout le monde se rappelle les tristes images de la finale « retour » de 2010 entre le MC Alger et le Club Africain de Tunis(1-1) qui a vu les fans du club Algérien saccager les installations du stade du 5-juillet pour dénoncer l’arbitre libyen, Mohamed Raouraoua, les dirigeants du club Algérois, à leur tête Omar Ghrib ainsi que l’entraineur français Alain Michel. La totale, en somme, pour une fête qui avait réuni 30 milles supporters dont une bonne galerie du club de Bab Jedid venue de Tunis avec armes et bagages.
C’était le coup fatal pour une compétition qui promettait mais que les différents présidents qui ont succédé à Raouraoua(le Marocain Ali Fassi-Fihri, le Tunisien Wadie Jary, et les Libyens Jamal Al-Jaafari et Abdelhakim Shalmani) n’ont pas voulu relancer s’orientant vers des épreuves consacrées aux sélections de jeunes(U17, U19 et U20) dont bon nombre sont composées de footballeurs émigrés. Non seulement ces compétitions n’attirent pas les sponsors, encore moins le public, elles consacrent la formation faite au niveau des clubs Européens d’où l’interrogation sur l’utilité de telles épreuves qu’on dit initiées et supervisées par les experts des fédérations affiliées à l’UNAF dont le rôle fondamental est de promouvoir le produit du tiroir…