Après la sélection nationale des U17, c’est au tour de celle des U20 de rater sa qualification pour la prochaine Coupe d’Afrique des nations avant même la dernière journée du tournoi UNAF, après sa défaite contre la Tunisie (1 à 2). Qui est responsable de ce double fiasco attendu ?
Que nous dira le directeur technique national (DTN), Ameur Mansoul, lui qui avait affirmé il y a un peu plus d’une semaine, que la sélection nationale U20 était non seulement favorite pour décrocher son billet qualificatif pour la CAN, mais qu’elle devrait jouer les premiers rôles lors de cette compétition ?
On s’est dit qu’on allait garder au chaud ces déclarations à l’emporte-pièce de la part du premier responsable de la DTN qui a manqué d’humilité d’abord, et d’objectivité ensuite dans son analyse lorsqu’il fallait disserter sur les deux sélections nationales des U17 et U20 qui, finalement, n’ont pas réussi à composter leurs billets qualificatifs au rendez-vous continental où l’Algérie est, malheureusement, souvent absente.
Si pour la sélection U17, défaite à deux reprises par la Tunisie (0 à 1) et l’Egypte (1 à 2), avant sa victoire contre la Libye (2 à 1) et son match nul face au Maroc (1 à 1), Mansoul a indiqué que la mise en place de cette équipe s’est faite en juin dernier, ce qui signifie qu’elle a entamé sa préparation bien tardivement, et que cette catégorie d’âge n’a pas bénéficié d’un championnat organisé la saison dernière, pour son aînée des U20, il s’est laissé aller dans une projection un peu trop pompeuse, indiquant que jamais une équipe n’a eu tant de moyens et de matchs de préparation comme celle qui s’est déplacée à Ismaïlia pour disputer le tournoi UNAF.
A une journée de la fin de ce tournoi et après trois matchs, les poulains de Yacine Manaâ, l’ex-entraîneur de l’équipe réserve du CS Constantine, n’ont toujours pas gagné le moindre match, faisant match nul face à l’Egypte (1 à 1) et le Maroc (1 à 1), avant de succomber devant la Tunisie dans le temps additionnel (1 à 2).
Un véritable gâchis général qu’on ne peut incomber à des joueurs qui ont donné le maximum d’eux-mêmes, et dont nombreux sont talentueux et promoteurs, ni complètement aux deux sélectionneurs, que ce soit Aziz Lahoussine des U17, connu pour son travail très remarqué avec les jeunes de l’USM Alger, ni Yacine Manaâ le coach des U20.
Deux techniciens nationaux mis dans les mêmes conditions de préparation qui prévalent depuis des décennies, manquant d’expérience à l’international, reproduisant la même approche et s’appuyant sur un vivier accusant souvent un déficit en matière de formation et d’apprentissage.
Dans une interview accordée à Africa Foot United, l’ancien sélectionneur national des U17 puis des U20, Mohamed Lacete, a mis le doigt sur les raisons de ces déceptions à répétition chez les jeunes catégories, au moment où les autres nations du continent sont en train de prendre le large.
Aujourd’hui, en scrutant le classement de chaque sélection, l’Algérie est devancée par les trois nations nord-africaines que sont l’Egypte, le Maroc et la Tunisie chez les U17, et le Maroc, l’Egypte et la Tunisie chez les U20. Ne parlons pas là des autres nations du continent où le Nigéria demeure la sélection la plus titrée avec 7 sacres à la CAN, devant le Ghana et l’Egypte avec 4 trophées chacun.
Pourtant, la première nation à avoir inscrit son nom dans cette compétition et gagné le premier titre mis en place par la Confédération africaine de football (CAF) en 1979, n’est autre que l’Algérie sous la conduite du défunt Abdelhamid Kermali et qui aura le privilège de disputer le Mondial Japonais la même année à Tokyo, où les jeunes Fennecs avaient éliminés en quart de finale par l’Argentine d’un certain Diego Armando Maradona, future championne du Monde. Onze ans après, le même Kermali et son staff offriront à l’Algérie sa première CAN en 1990 à Alger.
Certes, à l’époque, soit de 1979 à 1989, la formule de compétition était différente puisqu’il s’agissait de matchs en aller et retour, ce qui a permis à la sélection nationale des U20 d’être présente et même demi-finaliste à trois reprises (1981, 1983 et 1989), mais à partir du moment où les qualifications devenaient par zone, l’Algérie ne s’est jamais qualifiée !
Et même lorsqu’elle a organisé la phase finale en 2013, la sélection nationale, entraînée alors par Jean-Marc Nobillo, a été éliminée dès le premier tour. Le drame c’est que quelques semaines avant le début de la compétition, le technicien français a été ‘’instruit’’ de ne pas prendre les joueurs du Paradou AC qui, pourtant, se sont illustrés durant la préparation et formait une bonne ossature au sein de cette sélection.
Tout ce qui pouvait représenter l’Académie du Paradou AC devait, malheureusement, être banni du lexique et des options de la fédération et de sa direction technique nationale. Option reconduite depuis la venue de l’actuelle équipe fédérale, alors que l’ex-DTN Mustapha Biskri avait arrêté un programme pour mettre en place 16 académies à l’échelle nationale, dont 4 lors de la première année. Ce projet a été carrément mis au placard par Ameur Mansoul, préférant aller sur un schéma dépassé par le temps et les exigences FIFA.
Parmi les raisons qui sont à l’origine de ce fiasco au niveau des catégories jeunes, c’est d’abord l’instabilité chronique que connait la Direction technique nationale (DTN) depuis au moins deux décennies et qui, en réalité, n’a jamais fait l’objet de l’attention particulière dont elle a besoin vu qu’il s’agit de la structure-motrice du football d’un pays.
En l’espace d’un peu plus de dix ans, la DTN a connu une dizaine de changements à sa tête, où le seul qui est resté le plus longtemps est Ameur Djamil, soit deux ans et demi (de septembre 2019 à février 2022). Ceux qui ont occupé le poste le moins possible, ce sont Saïd Haddouche (de juillet 2013 à avril 2014) et Mustapha Biskri (de janvier à octobre 2023). Et paradoxalement, ce sont les deux plus hautes compétences puisqu’il s’agit d’un professeur et d’un docteur d’Etat dans le domaine du football, avec un vécu riche et une expérience éprouvée.
Prenons un contre-exemple, mais réussi, celui du Sénégal par exemple où l’actuel DTN, Mayacine Mar est en poste depuis 12 ans, installé en 2012 en remplacement d’Amatsou Fall qui est resté au sein de la DTN chargé de la formation. Les deux hommes, et leur équipe, sont chargés de mettre en œuvre le Plan stratégique 2017 qui a permis aux sélections nationales de ce pays de truster des titres à partir de 2021 : sélection A (CAN 2021), sélection A’ (CHAN 2022), sélection U20 (CAN 2022), sélection U17 (CAN 2023), sélection Beach-Soccer (8 titres depuis 2008 dont les 5 dernières éditions y compris 2024).
Pour parvenir à ces résultats, les Sénégalais s’appuient sur leurs deux centres fédéraux de la FSF ainsi que des Académies privées à l’image de Génération Foot, Diambars, Environnement Foot, Castors FC, Paris Saint-Germain Academy Sénégal, United Académie, Oslo Football Académie, et d’autres ; et toutes ont des connexions avec différents clubs européens pour assurer un tremplin aux jeunes formés dans ces structures académiques.
Evidemment, ces centres de formation et académies sont encadrées par des techniciens chevronnés, des prospecteurs et des encadreurs qui assurent des contenus complets et à jour, malgré la précarité de certaines infrastructures qui se limitent à des terrains, pour la plupart vagues, et à des baraquements en guise de vestiaires et dortoirs pour les jeunes talents qui les fréquentent à l’année.
L’Algérie n’a qu’à s’inspirer de ce modèle et d’autres, comme elle l’a adopté dans certains cas avec les Académies de la FAF qui ont permis l’éclosion de joueurs très promoteurs, ayant permis une participation aux Jeux Olympiques de Rio de Janeiro 2016 après 36 ans d’absence et un titre de Coupe Arabe des nations U17 en 2022, pour rester dans les jeunes catégories.
Les DTN de la FAF entre 2012 et 2024
- Octobre 2023 à ce jour : Ameur Mansoul (13 mois).
- De janvier 2023 à octobre 2023 : Mustapha Biskri (9 mois).
- De février 2022 à décembre 2023 : Toufik Korichi (intérim) (11 mois).
- De septembre 2019 à février 2022 : Ameur Chafik (30 mois).
- De septembre 2018 à septembre 2019 : Rabah Saâdane (12 mois).
- De mai 2017 à septembre 2018 : Fodil Tikanouine (16 mois).
- De janvier 2015 à avril 2017 : Taoufik Korichi (25 mois).
- D’avril 2014 à janvier 2015 : Taoufik Korichi (intérimaire) (9 mois).
- De juillet 2013 à avril 2014 : Saïd Haddouche (9 mois).
- De janvier 2012 à juillet 2013 : Boualem Laroum (18 mois).
Bilan de la sélection nationale U20
- 23ème édition.
- Création 1979.
- Le tenant du titre est le Sénégal, 2023.
- La nation la plus titrée, le Nigéria avec 7 sacres.
- La première qui l’a gagné c’est … l’Algérie en 1979 !
- Nigéria (7), Ghana (4), Egypte (4), Algérie (1), Cameroun (1), Sénégal (1), Mali (1), Maroc (1), Congo (1), Zambie (1) et Angola (1).