Le roi Pelé est mort et enterré mais ses œuvres de légende resteront vivantes à jamais. Un footballeur qui a écrit l’histoire du football mondial, pas seulement celui de son pays, le Brésil, à travers ses titres et les aventures vécues dans les pays visités.
En Algérie, de vieux nostalgiques se souviennent des deux passages du jeune génie brésilien à Oran, en 1965 sous le maillot Auriverde puis en 1969 avec son club de toujours, le FC Santos.
Si la première visite a été concluante, avec un but et des gestes techniques qui ont ébloui l’actuel stade Habib-Bouakeul, lors du second passage dans la capitale de l’ouest Algérien Pelé n’a pas connu la même réussite. Il a même été « humilié » par un certain Djilali Selmi, attaquant gauche du grand Chabab de Belcourt (Belouizdad actuellement), club qui renfermait également des joueurs de talent à l’instar de Lalmas, Achour et Kalem. Ce jour du mois de février 1969 au stade du 19-Juin d’Oran (baptisé au nom du Chahid Ahmed-Zabana en 1992 par feu Mohamed Boudiaf), le club de Pelé, Santos FC, revenait en Algérie pour un match amical qui rentrait dans le cadre de sa tournée africaine.
Dans un stade plein comme un œuf, les deux équipes livraient une prestation de qualité et les occasions de but ne manquaient pas. Chaque geste de Pelé et de ses camarades suscitait la délectation chez les fans algériens.
Du côté de cette équipe d’Algérie new look, sous la direction d’un nouveau staff composé du trio Said Amara- Hamid Zouba- Abdelaziz Bentifour, la jeune génération prenait la relève des beaux restes de l’équipe du FLN. Fréha offrait l’égalisation aux algériens après que Toninho Guerreiro eut donné l’avantage aux siens avant la fin de la première mi-temps. Mais le « clou » de cet après-midi festif fut ce « fait du jeu » inédit.
Un joueur Algérien qui se permettait de mettre le cuir entre les deux jambes du double champion du Monde qu’était Pelé. Un crime de lèse majesté qui restera impuni à ce jour. Djilali Selmi, puisque c’est de lui qu’il s’agit, passait pour être une légende en Algérie.
Mieux, le public du CRB, le grand Chabab, l’affublait gracieusement du titre de « Brésilien ». « Je ne sais pas pourquoi mais je crois que cela avait un rapport avec le petit-pont que j’avais réalisé contre Pelé », tente de se souvenir Djilali Selmi, plus jeune que le roi du football mondial de six petites années (il est âgé de 76 ans).
Un Selmi qui se souvient « des moments de joie » qu’il passait avec ses amis du quartier à tenter les gestes du brésilien. « Je me souviens des matches du Brésil en Coupe du monde de Suède puis celle de 1962 au Chili. Bien sûr, à l’époque il n’y avait pas de ‘’direct’’. Les matches on les regardait avec du retard et dans les salles de projections, des cinémas en général, du quartier(Belcourt). C’était inoubliable ».
De quoi le faire rêver d’un face-à-face devant le prodige de Sao Paulo ?
Selmi reconnaît que le petit-pont réalisé a dépassé les frontières de… l’entendement. « Ma grande joie, je dois l’avouer, c’est d’avoir eu l’honneur de jouer contre lui et d’avoir réussi un grand match. C’est ce que je dois mettre en évidence et non le côté anecdotique. Une année après, Pelé a gagné la Coupe du monde au Mexique ! », précise le « brésilien » d’Algérie.
Aujourd’hui encore, Selmi est « harcelé » par les médias pour lui tirer d’autres anecdotes de cette « rencontre » d’un autre type. Mais fatigué par quelques ennuis de santé, le gaucher du CRB se fait plus discret. Lors d’un échange téléphonique le jour de l’enterrement de Pelé, il fera cette confidence lourde de sens. « Vous savez, je pensais échanger mon maillot avec Pelé, mais « Tioua »(Mustapha Seridi), qui était chargé de le surveiller, avait déjà anticipé. », se rappelle Djilali Selmi qui note que le petit-pont passé à Pelé n’était pas spécialement une action recherchée. « J’étais pressé par des joueurs brésiliens et le seul moyen d’y échapper était d’exécuter un geste de folie. Je ne savais pas que c’est Pelé qui allait en faire les frais », commente-t-il en guise de conclusion.
Moralité de l’histoire, faite de petit-ponts et de gestes aussi majestueux que spectaculaires, le football a fait à l’humanité ce que beaucoup de « bâtisseurs visionnaires » n’espéraient guère réaliser.