Oussama Darfalou, premier Algérien à évoluer en Chine, revient sur son parcours hors du commun dans une interview exclusive accordée à AFRICAFOOTUNITED.
Du championnat algérien aux terrains européens et asiatiques, il partage les défis, les succès et les leçons tirés de sa carrière internationale.
Premier Algérien à jouer en Chine, comment cette opportunité est-elle née ? Qu’est-ce qui vous attire dans ce championnat ?
Je suis fier d’être le premier Algérien à évoluer dans le championnat chinois directement depuis l’Algérie, c’est un honneur pour moi. L’opportunité est venue grâce à mon avocat, qui m’a parlé d’un projet en Chine du club Shaanxi Union F.C. qui évolue dans la China League One et m’a demandé si cela m’intéressait. J’ai tout de suite été emballé, car j’avais envie de découvrir un nouveau pays, un nouveau football et d’élargir ma vision du jeu.
J’ai déjà joué en Afrique et en Europe, et aujourd’hui, je veux explorer le football asiatique. C’est cette envie de découvrir de nouveaux horizons qui m’a poussé à accepter. Pour l’instant, la saison n’a pas encore commencé, donc je ne sais pas encore comment se déroule la compétition, mais j’ai hâte de vivre cette nouvelle expérience.
Vous êtes aussi le premier Algérien à avoir été transféré directement d’un club algérien vers les Pays-Bas. Pouvez-vous nous en parler ?
Oui, en plus d’être le premier Algérien à aller directement en Chine, j’ai aussi été le premier à être transféré directement de l’Algérie vers les Pays-Bas. Généralement, les Algériens qui jouent là-bas sont des binationaux.
À l’époque, lors de la saison 2017/2018, j’étais le meilleur buteur du championnat algérien avec 18 buts sous les couleurs de l’USM Alger. Mon agent m’a proposé un contrat aux Pays-Bas avec Vitesse Arnhem et j’ai tout de suite saisi cette chance. C’est un championnat qui a formé de nombreux grands joueurs, donc je n’ai pas hésité, même si j’avais des offres en Suisse et dans les pays du Golfe.
Pourquoi avez-vous rejoint Shaanxi Union F.C. et quel est votre rôle au sein de l’équipe ?
Le club évolue actuellement en China League One. Il m’a sollicité pour mon expérience et pour encadrer les jeunes joueurs. L’objectif du club est de former de jeunes talents et de les envoyer en Europe.
C’est une équipe jeune, et le règlement autorise seulement trois joueurs étrangers, donc nous avons un rôle important. Notre principal objectif est de monter en Super League Chinoise.
Pourquoi êtes-vous revenu en Algérie pour jouer au CR Belouizdad et pourquoi n’êtes-vous resté qu’une seule saison ?
En 2023, après sept ans à l’étranger, j’ai décidé de revenir en Algérie pour des raisons personnelles. Tout se passait très bien au début avec l’entraîneur belge Sven Vandenbroeck, mais après son départ, j’ai eu du mal à m’adapter au nouvel entraîneur.
De plus, une blessure au cartilage m’a encore freiné, ce qui a compliqué mon intégration. J’avais signé pour deux ans, mais je ne me sentais pas à l’aise, alors j’ai décidé de partir après une seule saison.
Vous avez été sélectionné avec l’équipe nationale algérienne, mais vous n’y êtes resté longtemps. Qu’avez-vous retenu de cette expérience ?
J’ai eu la chance de travailler avec Mr.Alcaraz et Mr. Belmadi. Ce que j’ai appris avant tout, c’est la gestion de la pression. Quand tu portes le maillot de l’Algérie, tu ressens une énorme responsabilité, car tu représentes tout un peuple.
J’aurais aimé enchaîner plus de sélections et de stages, mais malheureusement, les blessures ont freiné mon parcours en équipe nationale. À chaque période internationale, j’étais blessé, ce qui a été un obstacle dans ma carrière.
Quel est le match dont vous êtes le plus fier ?
Il y en a plusieurs, mais trois moments me viennent en tête :
• En 2014/2015, avec le RC Arbâa contre le CR Belouizdad. Si nous perdions, nous descendions en deuxième division. J’ai marqué dans les dix dernières minutes et ce but a sauvé le club.
• Avec l’USM Alger, lors du derby contre le MCA, j’ai inscrit le but le plus rapide de l’histoire du derby en seulement 18 secondes.
• En U23, avec la sélection algérienne, j’ai contribué à la qualification pour les JO 2016 malgré mes blessures.
Il y a sûrement d’autres matchs marquants que j’ai oubliés, mais ceux-là restent spéciaux pour moi.
Y a-t-il un objectif que vous n’avez pas pu réaliser ?
Oui, il y en a deux :
• Devenir meilleur buteur du championnat hollandais. Malheureusement, les blessures m’ont freiné, et je n’ai pas pu atteindre cet objectif.
• Jouer plus de matchs avec l’équipe nationale algérienne. Porter ce maillot plus longtemps était un rêve, mais les blessures ont encore une fois été un obstacle.
Quels défis avez-vous rencontrés dans les différents championnats étrangers où vous avez joué ?
• Aux Pays-Bas : La barrière de la langue et le climat très froid ont été des défis au début.
• Au Maroc (MAS Fès) : Une expérience compliquée. Les infrastructures étaient insuffisantes, au point que parfois, nous devions nous entraîner en forêt car le terrain n’était pas disponible. De plus, je n’ai pas été payé pendant six mois avant mon départ, ce qui a été la raison de mon départ du Maroc.
• En Chine : Pour l’instant, tout se passe bien. J’ai déjà commencé les entraînements et mon premier match aura lieu le 16 mars.
Avez-vous déjà pensé à arrêter le football ?
Oui, une seule fois, en 2023, lorsque j’étais blessé au CRB. J’avais accumulé beaucoup de pression et de frustrations à cause des blessures, et j’ai envisagé d’arrêter.
Mais après réflexion, je me suis dit que je ne pouvais pas abandonner maintenant. Je suis encore jeune, il me reste au moins cinq ans à jouer. J’ai décidé de revenir plus fort.
Dans cinq ans, envisagez-vous de rester dans le monde du football ?
Oui, mais loin du terrain. Je ne veux pas être entraîneur. Je me vois plutôt dans un rôle administratif, comme directeur sportif ou un autre poste similaire. Après une carrière sur le terrain, ce serait l’occasion de changer un peu.
Un dernier mot ?
Je tiens à remercier toutes les personnes qui m’ont soutenu, ainsi que mon public. Votre soutien a toujours été précieux pour moi.