Le Marocain Walid Regragui asphyxie le tiki-taka 

Entre l’Espagne de 2010 et celle de 2022, il y a désormais un gros fossé. Si la première génération a su faire du tiki-Taka une arme de destruction, la jeune génération semble être à la peine avec ce style de jeu tant convoité. Face au Maroc mardi, l’Espagne a encore affiché les limites d’un football en manque de variation dans le jeu, et qui était déjà mis en mal par le Japon. 
En huitième de finale mardi 6 décembre 2022, Walid Regragui a donné une leçon tactique de football à Luis Enrique, le sélectionneur de l’Espagne. Le technicien marocain a été plus tactique que son challenger. Ce qui lui a d’ailleurs permis de conserver le nul (0-0) jusqu’à la dernière minute des prolongations puis de remporter la séance des tirs au but 3-0. Pour y arriver, Walid Regragui n’a utilisé que quelques astuces qui ont mis en échec un Tiki Taka espagnol en perte d’identité. 
1. Ne pas courir derrière la possession de balle
Avant de faire face à l’Espagne, Walid Regragui a étudié le plan de jeu de l’équipe durant quatre jours. Sa première astuce est de laisser la possession de balle aux Espagnols. C’est d’ailleurs un domaine où les Espagnols paraissent même imbattables, avec parfois 1000 passes réalisées par match. En conférence de presse d’avant-match et d’après-match, Regragui a souligné à plusieurs reprises que cela ne servirait à rien de courir derrière le ballon, car les Espagnols aiment les petites passes. 
Durant le match, cet aspect a bien été constaté. L’Espagne a réussi 1019 passes contre 305 pour le Maroc. Elle a enregistré 77% de possession de balle contre 23% pour les Marocains. Mais à l’inverse, les hommes de Luis Enrique n’ont pu cadrer qu’un seul tir durant les 120 minutes. Les statistiques du match montrent clairement que l’Espagne n’a joué rien que pour promouvoir son Tiki-Taka qui a fini par prendre l’eau. 
« C’est exactement ça. On a accepté de ne pas avoir la possession. Pas par peur. Mais on a l’humilité de dire qu’on n’est pas encore la France, l’Allemagne ou l’Angleterre pour rivaliser avec eux en termes de possession… Et encore, même ces nations n’ont pas réussi à leur prendre le ballon. Personne n’a réussi. Moi, je ne suis pas un magicien. On a travaillé durant quatre jours sur ce schéma de jeu », a déclaré Regragui après le match. 
2. Fermer les angles de passes
Sans courir derrière le ballon, le Maroc devrait chercher des moyens pour contrecarrer l’Espagne. Dans cette idée, Walid Regragui a ordonné à ces hommes de fermer les angles de passes. De manière très simple, lorsque les Espagnols ont la possession de balle, la défense recule, l’attaque et le milieu de terrain prend le soin de boucher les angles de passes. « L’idée est de fermer les angles de passes. Nos attaquants, nos milieux ont parfaitement fermé les angles de passes », a déclaré Walid Regragui dans les détails de sa conférence de presse d’après-match. 
3. Étouffer le trio Busquets – Gavi – Pedri en milieu de terrain
Les cibles principales de Walid Regragui dans le match contre l’Espagne étaient le trio Busquets -Gavi – Pedri. Le sélectionneur marocain sait que le danger proviendrait de ses trois joueurs barcelonais qui sont efficaces en milieu de terrain. Alors pour les empêcher de développer leur style de jeu, il a demandé plus de rigueurs dans l’entrejeu. Les milieux de terrain Amrabat, Ounahi et Amallah ont su gérer le trio espagnol. « On savait que Busquets, Gavi, Pedri, c’était la clé. Il fallait juste les maîtriser et savoir combien de temps on allait tenir. Le plan de jeu a été respecté, on est arrivé aux tirs au but, et après c’est la loterie », a détaillé Regragui.
4. Surveiller les côtés
« Le football espagnol se joue souvent sur les côtés, donc si on est costaud défensivement, je pense qu’on peut leur faire mal ». Ces conseils de Mustapha Hadji à quelques jours du match ne sont pas tombés dans des oreilles de sourd. Walid Regragui les a bel et bien inclus dans son style de jeu. Durant la rencontre, les côtés étaient quasiment bouchés pour les espagnols grâce à la belle collaboration des duos Ziyech-Hakimi (côté droit) et Boufal-Mazraoui (côté gauche). 
À l’issue de la rencontre, l’intelligence tactique du Maroc a gagné des points. Le Tiki-taka qui a explosé le Costa Rica 7-0 a pris l’eau et maintenant, il reste à savoir si ce précieux style de jeu de la Roja pourra renaître avant les prochaines échéances en Europe