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Hommage – Algérie : Rachid Mekhloufi, l’homme qui n’avait jamais eu besoin d’une datte et encore moins d’un régime

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Rachid Mekhloufi

Lorsqu’un grand homme, un militant authentique qui s’est sacrifié pour le pays, quitte ce bas monde, on ne peut pas trouver mieux que les Algériens pour lui rendre le plus vibrant des hommages. Mais est-ce suffisant pour lutter contre la culture de l’oubli ?

Il y a un adage bien connu en Algérie qui dit : ‘’Quand il était vivant il avait besoin d’une datte, et quand il est mort on lui a accroché un régime’’. Eh bien, Rachid Mekhloufi, l’ancienne gloire de l’équipe du Front de libération nationale (FLN) qui nous a quitté il y a seulement quelques jours en ce mois de novembre mémorable, celui de la célébration du déclenchement de la lutte armée, n’a jamais eu besoin d’une ‘’datte’’ pour vivre jusqu’à 88 ans, l’âge où il a quitté ce bas-monde.

Monument du football national et mondial, joueur, entraîneur et dirigeant, Mekhloufi a eu un hommage extraordinaire au stade Geoffrey-Guichard de Saint-Etienne, le club dont il a porté les couleurs avant et après l’indépendance et avec lequel il a écrit l’une des plus belles pages du football.

Inhumé au cimetière El Alia, à Alger, là où repose les grands hommes de l’Algérie, Mekhloufi a reçu un hommage indescriptible de la part de son club, des supporters du chaudron, en présence de ses deux filles qui ont donné le coup d’envoi du match AS Saint-Etienne – Montpellier. Là, dans ce stade où se trouve le musée du club dont l’entrée est ornée d’un poster de Rachid Mekhloufi. Le gentleman révolutionnaire qui aura désormais son propre espace pour rappeler l’histoire à jamais.

Aura-t-il le même intérêt dans le football ? Un football qu’il a servi loyalement en tant que footballeur-ambassadeur de la cause nationaliste, puis en tant qu’entraîneur national de l’équipe A avant qu’il ne soit sollicité par le Ministère de la défense nationale pour s’occuper de son équipe.

Et c’est avec cette sélection que Mekhloufi offrira les premiers titres officiels pour le football algérien : une médaille d’or aux Jeux Méditerranéens d’Alger en 1975 lors de cette finale inoubliable contre la France (3 à 2) puis trois plus tard, la médaille d’or des Jeux Africains d’Alger contre le Nigéria (1 à 0). 

Comme tout entraîneur, surtout avec un caractère bien trempé, Mekhloufi connaîtra ses heures difficiles à la tête des Verts qui le pousseront à quitter le banc de touche. Mais la fédération, reconnaissante, lui fera de nouveau appel conduire le staff technique de la sélection lors de son premier Mondial, en Espagne 1982, où elle marquera les esprits avec cette victoire contre l’Allemagne, championne d’Europe en titre (2 à 1) à Gijon.

Mekhloufi était de la race de ces hommes qui ne demandaient rien. Une fois sa carrière terminée, il s’installa à Tunis non sans tenter un dernier coup celui de présider aux destinées de la fédération algérienne de football pour apporter son immense expérience, sa rigueur et sa vision du football tel qu’il a connu, pratiqué et défendu.

Il n’aura, malheureusement, pas cet honneur tout comme il n’arrivera pas à se porter à la tête de la Confédération africaine de football, en 2000 à Accra, devant l’inamovible président, le défunt camerounais Issa Hayatou. 

Lui, la star, le monument du football mondial ne sera plus sollicité par son pays et les dirigeants du football, malgré sa générosité, son savoir et ses idées qui auraient pu profiter au développement de la balle ronde. Lui, qui voulait avec plusieurs de ses frères de l’équipe du FLN monter des écoles de football à travers le territoire national, histoire de semer de nouvelles pépites. Mais ce projet n’a jamais vraiment vu le jour, malgré les promesses des plus hautes autorités de l’Etat.

Durant les deux dernières décennies, Mekhloufi était l’oublié, même si en avril 2021, l’ex-président de la fédération Kheireddine Zetchi le sollicita pour lui rendre un hommage lors de la fin de son mandat, mais son état de santé ne lui a pas permis de faire le déplacement tout comme Dahmane Defnoun ; mais trois parmi les cinq joueurs de l’équipe du FLN étaient présents, les défunts Hamid Zouba et Abdelkrim Kerroum, ainsi que Mohamed Maouche.

Aujourd’hui, qu’ils mettent tous les régimes de dattes qu’ils veulent, Rachid Mekhloufi n’est plus, lui qui n’a jamais demandé quoi que ce soit de son vivant. Tout ce qu’il a fait, il l’a fait par conviction et par amour à son pays, l’Algérie qu’il a juste voulu servir de manière désintéressée.

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