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Hommage – Algérie : Belaïd Lacarne, l’élégance et le savoir au service du football

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Belaïd Lacarne

Des hommes de la trempe de feu Belaïd Lacarne, on n’en voit plus de nos jours et on ne risque pas d’en revoir à l’avenir, tellement le milieu du football algérien a changé et a surtout dépéri. 

Il était droit dans ses bottes, élégant dans sa gestuelle et d’une droiture exemplaire. Le regard dominant, pas forcément sévère, mais forçant le respect, que se soit sur les terrains de football qu’il a écumé en tant qu’arbitre puis arbitre international, le premier algérien à avoir officier dans une Coupe du Monde (en 1982 en Espagne), ou bien dans les bureaux et les couloirs de toutes les institutions où il a roulé sa bosse.

A la Confédération africaine de football (CAF), à la Fédération internationale de football association (FIFA) ou à la Fédération algérienne de football (FAF), dont il a présidé les destinées de septembre 1987 à octobre 1988, l’homme, devenu une véritable icône au fil des années, a largement contribué à mettre l’Algérie et son football au plus haut niveau de ces instances.

C’était la ‘’belle époque’’ de la véritable diplomatie sportive algérienne, où des hommes dévoués et désintéressés, de grande qualité imposaient leurs idées, leur intégrité et leur savoir pour servir le football national, continental et même mondial.

Il fera de l’honnêteté son credo et sa marque de fabrique, car c’est dans l’arbitrage que l’enfant de Sidi Bel-Abbès a forgé sa grande réputation et s’est distingué comme l’un des meilleurs sifflets de sa génération, digne héritier de ses prédécesseurs, les Benghezal, Khelifi, Benzellat, et Mokhtari, et maître formateur de ses disciples Haïmoudi, Benouza, Benaïssa, Djezzar et autre Djaballah.

Non seulement, il prodigua l’art d’arbitrer et l’intelligence de gérer les hommes et les situations, les plus compliquées, mais ce sont les vertus de ce métier que sont la probité et la moralité qu’il inculquera à ses ‘’élèves’’. Ce n’était d’ailleurs pas étonnant de le voir siffler un jour un penalty contre la sélection de son propre… pays, lors d’un amical entre les Verts et les Girondins de Bordeaux au stade du 5 juillet 1962, le 8 janvier 1982 à quatre minutes de la fin, permettant à Pontelic d’offrir la victoire à son équipe (2 à 1) !

Très remonté par cette attitude, le ministre de la jeunesse et des sports de l’époque, Djamel Houhou, n’hésita pas de venir aux vestiaires des arbitres pour demander des comptes à Lacarne, dont la réplique est restée dans les annales : ‘’Monsieur, il n’y a pas 36 mille manières d’arbitrer’’. Quelques mois plus tard, la FIFA le désigna pour officier à la première Coupe du Monde de l’histoire du football algérien, en Espagne.

Et c’est tout naturellement lorsque sa carrière d’arbitre international soit terminée, il endossera la tenue du responsable de la Commission fédérale d’arbitrage, où il formera toute une génération d’arbitres, et contribuera à l’essor de l’arbitrage continental, en faisant longtemps partie de la structure dédiée aux hommes en noir de la CAF.

Sur cette belle lancée, les pouvoirs publics le solliciteront pour gérer la fédération pendant plus d’une année, durant laquelle il jouera un grand rôle dans l’élection en 1988 du Camerounais Issa Hayatou à la CAF, qui remplaça l’Ethiopien Ydnekatchew Tessema, après son décès en 1987.

A l’époque, les hommes avaient de la consistance, et lui, était de cette race d’intellectuels qui avaient plus de fils à leur arc, puisqu’il se consacra également à l’écriture en laissant deux ouvrages, l’un rappelant les heures de gloire de son club, l’USM Bel-Abbes Story où il avait évolué dans sa jeunesse, et l’autre pour témoigner de sa longue et riche carrière d’arbitre international.

Malheureusement, cette grande personnalité du football et de l’arbitrage algérien, sortira par la petite porte à cause d’un complot ourdi monté contre la Commission fédérale d’arbitrage (CFA) qu’il présidait en sa qualité de membre du bureau fédéral d’un certain Mohamed Raouroua, que le notable de la capitale de la Mekkera avait pourtant aidé à intégrer le comité exécutif de la CAF grâce à ses solides connaissances !    

Dépité, il démissionna du bureau fédéral et de la CFA en 2014, où il sera remplacé par le vétérinaire Khellil Hammoum à la tête de cette structure. Laissant derrière lui une réputation irréprochable, un passé glorieux et un lourd héritage difficile à rééditer.

Lui, c’est Hadj Belaïd Lacarne (26 octobre 1940 – 15 octobre 2024) qui quitta hier ce bas monde et à qui Africa Foot United rend un vibrant hommage pour le dirigeant émérite et l’homme exemplaire qu’il était.

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