Africa Foot United poursuit, avec Karim Idir, l’ancien membre et porteur du projet FAF Radar, de découvrir l’expérience de cette structure de la Direction technique nationale (DTN) de la Fédération algérienne de football.
- A vous écouter, FAF Radar est un véritable projet structurant bien étudié et qui devait s’inscrire dans la durée ?
‘’Il est regrettable qu’il n’y ait pas eu de continuité dans la gouvernance de l’instance footballistique algérienne. Un programme de cette envergure nécessite une stabilité réelle au niveau de la gouvernance et du pilotage, ce qui est impossible dans une organisation marquée par l’incertitude.
Pourtant, les signaux étaient très prometteurs : en plus d’intégrer des binationaux issus des meilleurs centres de formation français, nous avions même réussi à convaincre des joueurs également courtisés par nos voisins marocains et tunisiens de rejoindre l’Algérie.
Par exemple, en U20, nous avions intégré un joueur de Ligue 2 qui avait été sélectionné par le Maroc mais qui a choisi l’Algérie. En catégorie U17, un joueur initialement sélectionné par la Tunisie a également préféré l’Algérie, et un jeune Lyonnais a fait la une des médias en refusant la sélection française pour choisir la sélection algérienne.
Le FAF Radar constituait ainsi une véritable menace pour les fédérations concurrentes.
Sur le plan extra-sportif, je tiens à souligner les rencontres humaines enrichissantes que j’ai faites et l’engagement impressionnant de nombreux membres de la FAF envers le succès du projet.
Il y avait un fort sentiment de devoir envers le pays, même en dehors du cadre strictement sportif. Je me souviens notamment de l’attitude exemplaire des agents des consulats d’Algérie en France, qui ont déployé tous leurs efforts pour faciliter l’obtention des passeports algériens pour nos jeunes, tous sans exception en plein cœur de la pandémie de COVID-19.
L’enthousiasme des techniciens algériens en France, que je décris comme des « agents dormants », était également remarquable : un grand nombre d’entre eux ont spontanément proposé leurs services bénévolement pour nous aider à repérer de jeunes talents algériens aux quatre coins de l’Hexagone, comme s’il s’agissait là d’un devoir envers leur pays.
Il est essentiel de mentionner un moment particulièrement fort : celui où la délégation de binationaux U17 et U20 que nous avions accompagnée a eu le privilège de partager le même avion que l’équipe nationale A, fraîchement couronnée championne d’Afrique.
Cette expérience restera gravée dans la mémoire de ces jeunes joueurs. De plus, la visite conjointe avec leurs homologues locaux du Musée national du moudjahid d’Alger, organisée en marge de la préparation sportive, a également marqué les esprits.
Pour certains d’entre eux, c’était une première découverte de l’Algérie, tandis que pour d’autres, cette visite a été une occasion précieuse d’en apprendre davantage sur l’histoire de leur pays.
Je saisis cette opportunité pour exprimer ma profonde gratitude à Kheirredine Zetchi, alors Président de la FAF, pour avoir eu le courage de lancer cette action ambitieuse et structurante.
Mes remerciements s’étendent également à tous les membres des équipes techniques et administratives de la FAF avec lesquels nous avons eu le privilège de collaborer. J’ai été réellement impressionné par l’intérêt authentique que ce Président de la FAF portait aux jeunes joueurs, jusqu’aux moindres détails.
Par exemple, lors d’un stage de sélection de plusieurs jours, nous avions sollicité la mise en place de créneaux dédiés aux devoirs scolaires, et les responsables techniques se sont mobilisés pour organiser la présence de professeurs, en coordination avec les responsables pédagogiques de leurs clubs en France. À ma grande surprise, le Président avait secrètement négocié avec un sponsor pour obtenir des tablettes tactiles, qu’il a généreusement offertes à tous les jeunes joueurs de la sélection. Cet acte illustre parfaitement son engagement envers le développement des jeunes talents.’’
- Comment aurait pu évoluer cette structure et quel aurait été son impact pour le développement du football algérien ?
‘’Dès le départ, certains avaient saisi que cette initiative constituait la première pierre d’une politique sportive ambitieuse, visant à établir un lien durable entre la FAF et l’élite sportive du pays, entre l’Algérie et sa jeunesse à l’étranger. Notre démarche préfigurait ce qui se passe actuellement dans le monde de l’entrepreneuriat et des startups.
Sur le plan sportif, il s’agissait d’une phase préliminaire de sensibilisation et d’attraction des parties prenantes du programme : les jeunes joueurs, leurs familles et les clubs formateurs.
Il s’agissait également de structurer une équipe, une méthode et une organisation, comme étape préalable à la mise en place d’une structure dédiée en Europe, fonctionnant de manière quasi-autonome sous la supervision de la FAF.
Sur le plan technique, le dispositif prévoyait une expansion significative afin d’améliorer la couverture géographique et d’accroître progressivement les ressources humaines et matérielles pour effectuer des présélections sur le terrain en Europe.
Nous avons reçu de nombreuses candidatures de techniciens qualifiés et expérimentés, algériens et non algériens, basés en France et dans d’autres pays européens, témoignant ainsi de l’intérêt suscité par notre initiative. Nous avons établi d’excellentes relations avec l’ensemble des clubs formateurs, et il était impératif de les consolider dans la durée. De même, les échanges avec nos homologues des autres fédérations, à la fois partenaires et concurrents, avaient été maintenus dans un esprit de « coopétition » constructif.’’
(Fin de la 3ème partie, à suivre)
