Les nations de la Confédération Africaine de Football (CAF) sont les plus pointées du doigt en matière de fraude sur les âges des jeunes joueurs. Une situation qui a souvent abouti à la suspension des joueurs et même des sélections à la veille de compétitions internationales, mais qui interroge surtout sur la pérennité du mal.
De francs succès chez les jeunes, des échecs cuisants en seniors, ainsi pourrait-on résumer la fortune de l’Afrique subsaharienne dans le concert du football mondial. L’on se souvient encore des cinq sacres mondiaux du Nigeria en U17 (1985, 1993, 2007, 2013 et 2015), des deux places de finalistes en U20 (1989 et 2005), ou encore du côté du Ghana, avec les sacres mondiaux en 1991 et 1995 pour les U17, et en 2009 pour les U20. Des performances qui curieusement, relèvent encore de l’impossible en catégories seniors. Un situation qui suggère naturellement l’idée d’un dysfonctionnement à plusieurs niveaux.
Tous Complices !
Le tableau dressé plus haut renseigne suffisamment sur la profondeur du mal, mais surtout, replace le curseur sur l’onglet des responsabilités. Il est clair que voir les africains performer en catégories jeunes, et inexistants en seniors, traduit une complicité des institutions footballistiques africaines qui ont vu le mal, mais l’ont laissé prospérer, peut-être motivées par une volonté de gagner à tous les prix.
En prenant l’exemple de la finale de la Coupe du monde U17 2005 qui a opposé l’Argentine au Nigeria (2-1), l’on se rend compte aujourd’hui 18 ans plus tard, que les deux stars de chacune des équipes ont eu des trajectoires bien différentes, bien qu’ayant le même âge (35 ans). Si Lionel Messi côté argentin continue de briller sur les terrains, John Obi Mickel a quant-à lui disparu des radars depuis près de 6 ans, alors qu’il n’avait que 29 ans, quand il s’est exilé en Chine (2017).
Taye Taiwo aussi, côté nigérian, s’étant démarqué comme joueur majeur de cette compétition U17 en 2005 n’a pas fait long feu après son passage à l’Olympique de Marseille entre 2005 et 2011. Il n’a d’ailleurs plus été appelé en sélection depuis 2012, alors qu’il n’avait que 24 ans. Tout le contraire des argentins Kun Agüero, Pablo Zabaleta ou encore Ezekiel Garay qui étaient présents côté argentin en 2005, et qu’on a vus progresser au très haut niveau jusqu’à ces dernières années.
Simon Godwill à la CAN U20 2023 : un cas patent ?
La Coupe d’Afrique des Nations U20 se déroule actuellement en Égypte, et un gardien de but se distingue par ses arrêts impressionnant, mais aussi par sa morphologie qui, selon les internautes sur la toile, n’a rien à voir avec celle d’un gamin de moins de 20 ans. En Effet, Simon Godwill alimente actuellement une vives polémiques sur la toile du fait de son âge jugé faux par les internautes. S’il semble très facilement perceptible sur son apparence physique que le gardien soudanais n’a pas les 18 ans inscrits sur sa documentation, la législation de la CAF ne prévoit cependant pas de test sur les âges en dehors des catégories U17. Toute chose qui laisse donc passer entre les mailles du filet, les fraudeurs dans le football africain, laissant prospérer cette question de réduction abusive des âges chez les joueurs sur le continent.
Comment en sortir ?
De toute évidence, les responsabilités sont partagées en ce qui concerne la situation qui gangrène le football africain. Les familles, les clubs, les Fédérations, la Confédération et les États, chacun a sa part de responsabilité. La CAF a déjà à son niveau, saisi le taureau par les cornes en imposant des tests IRM au début des compétitions chez les moins de 17 ans, pour fermer la porte aux fraudeurs. De lourdes sanctions sont infligées aux contrevenants, pour marquer un réel engagement à combattre le phénomène.
Au niveau des Fédérations, il convient de resserrer les mailles du filet en imposant plus de rigueur dans le processus de délivrance des licences. L’on apprend pour le cas de la Fédération camerounaise de football par exemple, qu’il y aurait plus de 5000 joueurs en situation irrégulière du fait de la double identité. Ce qui interpelle aussi les pouvoirs publics sur la nécessité de la sécurisation de l’identité. En 2022 par exemple, la Délégation Générale à la Sûreté Nationale du Cameroun annonçait plus de 5 millions de camerounais en situation de double triple ou quadruple identité. Toute chose qui convoque aussi la responsabilité des familles qui devraient être davantage soucieuses de l’intérêt général.
Et finalement !
Si l’on attend toujours le premier champion du monde africain en senior après plus de 80 ans d’existence de la Coupe du monde, c’est non seulement à cause de la puissance des Européens et Sud-américains, mais surtout de la mauvaise organisation des nations africaines, et du laxisme de notre Confédération. Les nombreux succès spontanés chez les jeunes notamment nigérians et ghanéens, qui n’ont cependant jamais été réédités chez les seniors, trahissent aujourd’hui plus-que jamais, la tricherie organisée par les nations africaines du sud du Sahara, sous le regard complice des dirigeants.
Des adultes africains autrefois opposés aux adolescents d’autres confédérations, dictaient leur lois dans les compétitions réservées aux jeunes (U17 et U20). Les carrières trop courtes de ces africains, dévoilent davantage et avec brio, une sorte de mafia bien huilée par les africains eux-mêmes, mais qui a peu-a-peu conduit la Confédération au dernier rang mondial en terme de performance. Il est donc urgent de poursuivre le redressement, à travers la rigueur.